top of page

Ryujin

Ryujin

Napalm records

27 janvier 2024 à 08:46:34

Dématérialisé

2024

12 titres pour 57'24''

Une petite vidéo:

Ryujin est un groupe japonais issu d'une histoire un peu longue, largement résumé par Ryoji Shinomoto dans l'interview que tu trouveras sur le site. Evoluant dans ce qu'il définit comme du samouraï metal, le groupe propose un death mélo avec des angles d'approches plus singuliers. Ecoutes faites exclusivement en ligne parce que streaming.

L'album s'ouvre sur une intro qui évoque fortement une bataille, avec une part de musique entre traditionnelle et montée en puissance plus lié au metal. Courte intro qui débouche sur l'efficace 'Gekokujo' qui annonce la couleur: un death mélo donc, efficace, jouant la carte des changements de rythmes et qui incluent des éléments moins habituels, qui va être modulé sur les différents titres.

Le côté death mélo est bien présent, ouvrant des possibilités qu'explorent le groupe, jouant avec les codes du style, pouvant obliquer d'un rythme mid tempo à un autre soudainement plus rapide, avec des transitions variées foutrement intéressantes car offrant aussi bien un changement de mesure qu'une descente soudaine de manche ou un break impromptu redoutable (pour les cervicales). Cela apporte des structures qui enrichissent la base, générant des titres très variés mais aussi qui permet une modulation de la violence du groupe.
Car oui, même si c'est du death mélo, qu'il y a des passages plutôt tranquilles, certains moments sont nettement plus violents, le groupe amenant une polarisation de l'agressivité qui apporte beaucoup d'oxygène aux titres. Et cela joue sur la texture des morceaux, nous donnant ainsi différents biais d'approche, juste pour la partie death mélo.
Le fait que le trio soit au taquet apporte aussi son effet, permettant de de glisser différentes strates dans la musique et d'amener un certain millefeuille dans les structures, sans non plus trop en faire, évitant la surdose qui asphyxierai le résultat, le rendant alors indigeste.
On retrouve forcément des éléments propre au death mélo mais Ryojin glisse aussi des apports différents, dû à l'origine géographique du groupe et à la conception que le groupe a de la musique. C'st un aspect qui nous offre un peu d'exotisme par ce biais, avec quelques structures ou mécaniques différant de ce que l'on a l'habitude. Mais, malgré ça, ce n'est pas là que le groupe fait le plus fort. Parce que le groupe amène aussi un ressenti émotionnel, faisant un lien avec l'ambiance guerrière que l'on retrouve dans les titres et l'intro. Il y a vraiment une mécanique sur cet aspect qui est mis en avant, en plus de gimmicks utilisés de manière un peu différente.

Mais le plus fort, c'est que le groupe glisse dans son death des éléments musicaux provenant de la musique traditionnelle, notamment celle que l'on assimile à la période des Samouraïs, dans notre imaginaire collectif occidental. Le groupe joue donc cette carte mais en y ajoutant une part non négligeable d'approche plus réelle, qui apporte des codes musicaux qui différent de nos codes musicaux (au cas où tu le saurais pas, il y a beaucoup de systèmes musicaux qui existent, certains offrant des approches très particulières (je pense notamment à la musique andine traditionnelle, pas la version grand public, très disharmonique, dénué de mélodies...)). Cela permet à Ryojin d'explorer une facette plus mystérieuse et que le groupe va associer à des éléments typiquement associés à la culture japonaise, laissant ainsi émerger des écueils évoquant les animes (et qui n'est pas sans évoquer parfois le côté européen et l'approche du viking metal, dans l'esprit).
Et du coup, il y a forcément un côté épique qui marque la musique du groupe, et ce dès le début, étant introduit par l'introduction, d'une manière détournée. Et c'est un point intéressant car cala met en lumière que Ryujin glisse des aspects accrocheurs de manière détournée dans sa musique, sans que l'on y prête attention si on a pas cet élément en tête, ouvrant le champ des possibles que le groupe va forcément commencer à explorer.
Et cela va jouer sur l'aspect mélodique, les ambiances qui peuvent se dégager mais aussi sur les mécaniques et certaines structures qui prennent des atours qui marquent l'écoute par leur différences mais qui restent dans une cohérence que le groupe a en ligne de mire. Le trio amène ainsi une sorte de compromis entre la musique japonaise et la musique occidentale. Le tout engendrant ce côté épique mais aussi une énergie positive marquante. Les modulations qui apparaissent venant clairement d'éléments musicaux classique japonais (certaines lignes de chants, des instruments ou même des parties musicales plus complexes).
Il y a un côté oscillant entre mélancolie et nostalgie qui pose son empreinte, appuyant l'idée et le concept du groupe, l'ancrant dans la période explorée et permettant de poser une immersion puissante dans la musique du groupe. Et cette mécanique obéit aussi à l'approche singulière du groupe, posant des moments marquant ne reposant pas que sur le death. Et c'est quelque chose de très appréciable, ouvrant une poret sur un univers plus vaste à découvrir.
Quoi qu'il en soit, le groupe vise l'efficacité, avec diverses facettes et réussi son coup. On est pris dans la musique du groupe, qui plus est de par l'exotisme qui s'en dégage par moments.

L'aspect chant est intéressant car chacun des membres apportent sa voix, aussi bien dans l'aspect death que des chœurs ou en allant caresser quelques choses de plus traditionnel, glissant certains éléments qui pourrait plus être lié à la tradition japonaise théâtrale. Le chant, essentiellement en japonais, est clairement une donnée importante ici, qui marque l'identité de Ryujin. Il y a une conception du chant qui est différente, jouant là aussi sur un mélange entre la tradition japonaise et l'approche occidentale, travaillant sur l'attraction / répulsion et les contrastes entre voix claires et chant death, lui-même assez polarisé car offrant une variation intéressante. Rien n'est linéaire ici et cela s'imbrique clairement dans l'aspect épique du groupe.
Le son est excellent. La base instrumentale (guitare, basse, batterie) est bien présente, massive. La basse est nettement audible (et j'apprécie ça d'autant plus qu'il y a parfois un changement de dogme de la basse dans la musique). Une place importante est laissée à des instruments traditionnels (Shamisen, Erhu, Dragon Flute) mais qui sont placés pas nécessairement dans des parties plus ancrées dans la tradition mais aussi dans certains passages death plus marqués, apportant à l'ambiance et au ressenti quelque chose de différent. C'est assez ambitieux et ça fonctionne.

Ryujin est une excellent découverte à faire. Le Japon nous offre des formations aux approches différentes et Ryujin ne fait pas exception. Le groupe met en avant une approche plus singulière mais en cultivant la nécessité de nous ancrer à nos repères tout en jouant l'exotisme et la tradition. Je ne peux que te recommander chaudement de te pencher sur le groupe et son premier album.

bottom of page