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ROTend

Epitome

Deformeathing Productions

25 avril 2023 à 13:56:53

Dématérialisé

2022

17 titres. Durée: 30'28''

Une petite vidéo:

Epitome est un groupe polonais formé en 1992 et dont on peut dire que ce sont des vétérans. Joyeux drilles qu'ils sont, ils pratiquent un goregrind féroce avec des éclats d'autres styles.

L'album s'ouvre sur le titre éponyme, qui commence dans la finesse d'un goregrind lent, bien lourd avant d'obliquer à la 30è seconde en direction du pied au plancher. Bienvenu au royaume du blast, du gore et de la violence. Ici, c'est la finesse de la bétaillère en pleine gueule qui domine avec seulement 6 titres qui vont dépasser les deux minutes (dont un qui affiche 2'38'', du progressif presque!).
On va faire simple: ça poutre sévère, dans la face et dans les cotés. Et même derrière. Le groupe y va franco, avec son goregrind qui coule de source, qui est dans la lignée de la grande tradition du style, avec le côté polonais si caractéristique. Achète leur album il est très bon!

Ah, tu souhaites un développement plus digne... Ok. Le groupe pose donc une base goregrind très jouissive mais ne se borne pas à appliquer la recette de façon simple et efficace. Il introduit en effet des éléments brutal death et cela lui permet d'amener certaines frivolités qui vont obligatoirement chatoyer tes oreilles et ouvrir tes chakras (ou l'inverse, je ne sais jamais). Cela passe notamment par certains éléments rythmiques associés à des riffs très spécifiques qui vont revenir ici et là, créant des gimmicks qui se distillent dans l'album. Cela engendre quelque chose d'un peu plus vaste, comme une sorte d'entité qui est là uniquement pour te molester sauvagement.
Le groupe introduit ainsi des éléments roboratifs et lancinants, amenant l'impression d'être dans une voiture qui part en tonneau et sur laquelle tu n'as aucun contrôle. Tu ne peux que subir, sans d'autre espoir qu'espérer que ça ne va pas durer une éternité. On se bringuebaler en tous sans, sans aucune prise et on se laisse porter par le flux soutenu. Et c'est sur les aspects parfois répétitifs que le groupe injecte une dose de brutal death, ici et là, de façon parcimonieuse, ajoutant à la meurtrissure environnante. Redoutable d'efficacité.
Mais Epitome, ce sont des petits coquinous. Et c'est quand tu ne t'y attends pas qu'ils vont balancer, sans coup frémir ni prévention, en plein milieu de la violence un soudain break où une lourdeur apparaît, poussant au maximum un risque au niveau 5 sur 5 de te niquer les cervicales. C'est extrêmement vicieux et d'autant plus malin que c'est un élément qui revient très peu sur l'album, focalisant la brutalité sur le goregrind et les quelques moments plus brutal death. Point de rigolade. Ici, on a affaire à un groupe de furieux. De fous furieux.
Car il est indubitable qu'il y a une part de folie, qui va se retrouver dans la musique, à travers des cavalcades de tarés, des riffs répétitifs dévastateurs et cette absolution dans la brutalité, modulant légèrement sa forme, pour mieux atomiser ce qui pourrait rester des survivants à leur assaut. Mais cette folie transparait aussi dans les titres, alliant humour et finesse d'un parpaing: 'Hey you! Broadcast this bloody vomit!', 'Die! Motherfucker! Die!' (celui qui a la référence du film, c'est bien!) ou encore 'Mental rampage - mental carnage'. Et oui la folie laisse aussi transparaitre une culture tournant autour du gore, sous diverses formes (films ou jeux vidéos), laissant le champ libre à la liberté du groupe.
Point de temps mort. L'intensité est toujours maintenu à son paroxysme, en jouant avec certains gimmicks ou des riffs / structures particulières et précises. Ca charcle du début à la fin, laissant retomber alors un silence que l'on veut briser avec un nouveau passage.

Le chant est particulier, très énervé, entre goregrind et death, donnant une identité au groupe. Car ce chant joue sur le growl et le côté régurgitation, quelque part entre Haemorrage et Tumour. Ce chant donne aussi un côté hargneux, vindicatif et les quelques chœurs qui peuvent apparaître renforcent ce sentiment de brutalité. Le chant est indissociable de la musique car il offre aussi une modulation dans le timbre de la voix, glissant une impression que parfois, le chanteur est juste devant toi à te glairer à la face ses textes.
Le son est très massif mais avec cette identité typique de la Pologne (comme j'identifie le son tchèque par exemple). Cela engendre une batterie au son cru, live qui va rencontrer des guitares saturées, bien grasses. La batterie est associée à une basse très profonde, aussi rapide que le reste. Le son est très caractéristique du groupe, clairement. Notamment dans le traitement de certains riffs en arrière plan, au son plus aigus.

Bon, je vais être simple: tout amateur de goregrind va prendre son pied avec Epitome (sauf si tu es cul de jatte, ce qui n'est pas de chance mais cela ne t'empêcheras pas de prendre une magistrale branlée). Allez-y les yeux fermés, c'est du très bon!

© Margoth PDF

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