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Ronwe

Ronwe

Music Records

6 juin 2023 à 15:10:35

Dématérialisé

2023

8 titres pour 33'04''

Une petite vidéo:

Ronwe est un duo venant de Floride, posant les bases d'un thrash death regardant vers la fin des années 80, avec le death symphonique. C'est le premier album du duo.

Etrange est le mot qui m'est venu au début de la première écoute. Puis j'y ai ajouté bizarre. Parce que Ronwe pose des bases thrash death old school, pas de doute là-dessus. Ils poussent même le concept avec l'approche sonore. Mais il y a pourtant quelque chose de plus singulier, vraiment bizarre chez le duo, qui au début m'a quand même déstabilisé (au moins, les gars ont un impact). Au-delà de la trempe thrash death qui nous renvoie dans le passé (on va y revenir), il y a ce clavier qui participe au côté symphonique mais qui renvoie vers quelque chose de plus étrange, comme si du dongeon synth se greffait parfois à la musique. C'est très bizarre, marquant néanmoins une identité singulière forte. Parfois, ça nous emmène dans d'étranges paysages qui ne devrait pas exister (parce que je n'aime pas le dongeon synth et parce que c'est parfois très étrange). Il m'a fallut un peu de temps pour incorporer ce synthé dans leur musique (l'acceptation nécessaire je dirais) afin de pouvoir comprendre de façon plus globale l'univers et la vision du duo.

Le duo nous renvoie directement dans cette époque des années 80/90 (enfin, plus 80 sur certains aspects, comme le clavier) où le death existait sans vraiment avoir de nom et était défini comme thrash extrême. On y retrouve donc des structures qui semblent datées dans un premier temps (et aussi le son). On pourrait croire que ce sera un chemin de pénitence, avec les structures et les gimmicks venant d'un autre temps que les moins de 20 ans (même 30 ans) ne connaissent pas. Et l'on pourrait être tenté de se dire d'arrêter les dégâts au bout de deux ou trois titres. La nostalgie, ça va 5 minutes.
Mais non. Il n'est pas suicidaire de continuer l'écoute et même, au besoin, de se forcer un peu. Car on arrive rapidement à quelque chose que l'on ne voit pas venir: le duo nous balance des fulgurances (que ce soit dans le sens des accélérations, de breaks redoutables mais dans la nature même de certains titres), qui nous font finalement adhéré à cet étrange album. Car même si le synthé qui apparait parfois amène d'étranges sonorités ou que le chant peut être lui aussi un peu déstabilisant, il y a clairement, derrière cette approche volontairement datée, avec un son singulier (car à cheval sur deux époques éloignées), quelque chose de plus marquant et qui va au-delà de la nostalgie: une vision, certes singulière, de la musique en même temps qu'une sorte d'hommage à cette période charnière.

Cela amène des structures pouvant être décalées, étranges mais aussi d'autres qui nous sont familière. Et qui glisse une approche qui vient parfois flirter avec le dark, me rappelant Requiem Aeternam, un groupe du Paraguay, dans l'approche (et un peu le son et la sonorité). Mais il est clair que l'on a des éléments purement thrash, qui s'appuient sur des fragments de death (que ce soit certains patterns de la batterie ou les accélérations de tempo).
Le rythme est assez soutenu, avec un appuie du clavier parfois plus présent, s'effaçant sur certains titres regardant plus vers le death du début des années 90. On a même des liens avec les pionniers du thrash qui éclatent parfois dans la tête, du fait de l'approche du duo. Cela distille un peu plus encore les repères mais le duo va parfois poser des passages qui te feront dire: 'Ah ouais, quand même!'. Et va cultiver quelque chose de plus flou qui pose leur musique à la lisière de l'émergence de divers styles, ne se cantonnant pas qu'au thrash death strictement et intégrant quelques petites variations subtiles (du dark, des relents black...) avec beaucoup de parcimonie et qui engendre une ambiance particulière sur l'album.
C'est plus le synthé qui me perturbe un peu. Amenant aussi bien des éléments symphoniques (le clavier lui-même ou par des sonorités de types violons et consorts) que des éléments qui me font vraiment penser à cet étrange courant qu'est le dongeon synth (mais ça c'est plus rare, heureusement, parce que je ne comprend pas la présence. Il me manque une pièce au puzzle).
Un point intéressant aussi, c'est la durée des titres. Avec une moyenne d'un peu plus de quatre minutes et malgré ce contexte musical, on ne voit pas les titres défiler car le duo nous embarque avec lui, de manière étrange et détournée. Mais ça fonctionne foutrement bien, puisque on se surprend de regarder l'album sur le deuxième titre puis au second coup d'œil, on est au 7ème titre. Ce qui étonne au début mais surtout prouve que leur recette fonctionne. Et qui n'empêche pas le duo de d'offrir des moments de virulence.

Le chant est très particulier. Puisant dans les méandres du temps des styles, le chant est saturé, un peu rocailleux et offre de nombreuses aspérités qui accrochent l'oreille et renvoie à cette période mais marque aussi une identité propre au duo. Le chant est parfois un peu étrange mais complètement raccord avec la musique et le contexte.
Le son est intéressant. Il est gras, marquant aussi une identité sonore qui renvoie aux années 80-90 mais avec néanmoins des aspects plus modernes. Le traitement de la batterie est accrocheur, le duo cultivant la cohérence par ce biais là entre autre. Le clavier y ajoute sa touche mais avec cette étrangeté que j'ai mentionné. Le chant est amené avec cette vision de l'époque, lui donnant une tonalité parfois en réverb et qui nous renvoie directement à la période. Un son logique, cohérent mais qui ne renie pas la modernité, à travers certains détails.

Ronwe délivre un album étrange, vision fulgurante en hommage aux prémices du death, alors aux confluents du thrash et des courants extrêmes émergeants. Après une courte période d'adaptation, on découvre un album bien plus profond qu'il n'y parait, en plus de nous offrir quelques moments de bravoures en plus! Allez le découvrir!

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