Stone Horns est un groupe marseillais qui a sorti en avril dernier son deuxième album, répondant au nom de 'Rise of Apophis'. Et le quatuor est quelque peu énervé, le moindre doute n'est pas permis en écoutant la bête. Pour info, l'écoute s'est faite en ligne, ce qui n'est pas vraiment dans ma façon habituelle de faire.
Pour vous situez un peu, imaginez un mix en Machine Head et Devil Driver, sous acides, qui feraient du death bien bourrin. Auquel des relents black viennent rendre la chose encore plus agressive. Le tout avec un groove de malades. Et bien c'est plus ou moins ce qui vous attend avec ces gaillards remontés comme jamais.
Le groupe commence directement par un lancé de tank en plein dans le foie (je ne vois pas comment expliquer plus clairement) avec s'ouvrant avec Unborn où une courte intro te fait sentir, avec la monté en puissance juste derrière, que ça va chier. Et une fois le morceau lancé, effectivement, on est dans du vénère mais foutrement structuré et offrant de nombreuses saillies plutôt bien vu.
Le groupe ne fait pas dans la dentelle et propose une musique agressive, alternant des moments plus massifs qui s'opposent à des fulgurances qui ne laissent pas indemne. Mais chaque phase contient ces relents venant du black, qui se font ressentir, suintant de l'ensemble et offrant au groupe de larges possibilités de mêler les genres joyeusement. L'approche est assez radicale mais est clairement efficace.
Les titres dégagent ainsi ce coté puissant et groovy, allié à une certaine noirceur ou du moins, un coté sombre qui appuie l'aspect brutal qui se dégage de la musique. Car la brutalité s'offre clairement et se dévoile dans les phases bourrines mais aussi à travers le son particulier du groupe (j'y reviens plus loin).
Malgré ce maelstrom de violence, le groupe possède aussi un sens de la mélodie (plutôt pratique pour un groove efficace en plus des rythmiques), apportant une certaine bouffée d'air dans les titres qui sont quand même très massifs, ne visant pas le moindre coté bucolique. Et cela le donne la subtilité de lignes ou de sonorités plus exotiques, collant au concept ou à l'univers tournant autour de l'album (il y a une histoire d'Egypte, de dieux, de mythologie sûrement). Ce qui fait que le groupe introduit des titres pouvant être un peu plus différents, apportant un moment d'évasion, à l'image de l'arabisant 'Night and day' (bon, rassurez-vous, il y a une forme d'agressivité derrière), où même le chant offre une variation très sympathique (et qui rappelle Machine Head), plutôt mélodique et posé. Ce titre développe une atmosphère très particulière et foutrement immersive. Et qui semble être la séparation de deux parties constituant l'album.
Car le titre qui suit est un gros morceau qui va directement dans le gros dur bourrin. 'Surging out the Nile' offre l'ouverture d'un autre segment (avec les derniers titres) mais aussi un putain de morceau chargé de groove, à la section rythmique qui fait vraiment mal, mais offrant dans le même temps une approche mélodique contrastant complètement (et qui du coup, amplifie l'aspect brut). Et c'est cet aspect qui va dominer sur les titres restant, ce coté plus percutant (rassurez-vous, ce qui précède ne l'est pas moins, mais différent). Sur cette partie, il semble que le groupe a voulu accentué par les rythmiques un élément narratif lié à l'univers.
On se retrouve avec des titres à l'intensité plus marquée, ne laissant pas de place à l'approximation. Ca défonce depuis le début et là, le groupe enfonce le clou, de fort belle manière (avec son approche qui lui est propre). Les influences black sont un peu plus en arrière, laissant plus le coté death imposé sa marche (alors qu'avant 'Night and day' j'y trouve plus quelque chose de death black. Mais ça reste du très bon!).
Le chant est très intéressant, le gaillard derrière offrant un panel large, puisant dans le coté groove tout comme le death. Le chanteur est à l'aise dans les registres, offrant des variations et même des escapades bienvenues ('Night and day'). Mais le registre principale oscille entre death et quelque chose de plutôt hybride. Le timbre de voix n'y est pas étranger.
Le son est excellent, très puissant, avec un coté massif qui appuie aussi bien le coté brut. Il y a une approche un peu abrasive, plutôt sombre, qui sied complètement à ce que le groupe nous propose. La place est aussi laissée aux sonorités un peu plus exotiques qui ponctuent parfois l'album.
En ce qui me concerne, c'est une excellente découverte, bien rafraichissante et qui vaut le détour plus que jamais. Les amateurs de brutalité raffinées devraient sacrément l'apprécier.