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Reminisce

Where mermaids drown

Autoproduction

6 septembre 2023 à 15:31:34

Dématérialisé

2023

6 titres pour 40'07''

Une petite vidéo:

Where Mermaids Drown est un quatuor lyonnais déjà responsable de 'And The Raging Wind Do Blow' (2020), leur premier album. Le groupe évolue dans un registre post rock instrumental. Et là, tu le sais, ce n'est pas aussi simple qu'aimerait le faire croire le monde (journal ou planète, c'est toi qui voit).

Les 6 titres constituant l'album nous plongent rapidement dans un post rock instrumental où un onirisme affirmé flirte avec des éléments plus puissants. Le concept se focalise sur l'idée que toute relation amoureuse, aussi douloureuse soit-elle, mérite d’être vécue. Et c'est ce point qui est le centre du focus, autour duquel le groupe va déployer sa musique et sa vision musicale, explorant en musique divers biais et domaines de la relation amoureuse.
Si vous avez accrochez sur Lost in Kiev (à la même approche), vous serez alors en terrain connu, avec l'ajout d'un angle cinématographique dans la musique, qui vient amener au sein des structures des espaces plus posés, servant de contrastes avec les moments où la puissance se déploie plus. C'est là que le post rock joue sa carte, en plus d'aller effleurer avec finesse quelque chose qui serait plus lié à une sorte de swing lent (qui se retrouve beaucoup dans la batterie et à ce qui me semble l'utilisation de pinceaux (les batteurs me corrigeront)). Mais pas un swing orienté jazz car s'appuyant sur la part onirique et la volonté d'amener une transcendance au travers la réunion du concept, de la vision musicale et d'une forme de liberté que le groupe assume.
En effet, il n'y a pas vraiment de standards respectés. Le quatuor suit sa voie, posant d'amblée le fait qu'il est le seul mettre à bord, avec ce concept qu'il explore, finalement d'un point de vue oblique, ouvrant la voie à un flux d'émotions (qui fait écho à la relation amoureuse). Il y a beaucoup de retenue, une fluidité en finesse et pourtant, il y a une sorte d'explosion qui arrive à un moment donnée, en lien avec la puissance que le groupe développe.

Et c'est là que qu'il devient utile d'explorer cette fameuse puissance. Car celle-ci ne repose pas sur la seule musique, ni même sur le contraste d'un aspect brut. C'est beaucoup plus complexe que cela. Elle joue aussi bien sur les émotions que les montées de gammes ou des circonvolutions éthérées qui viennent jouer les trouble-fête sur la trame de base que nous propose le groupe. La puissance se décline sous différents aspects, dans les structures, dans des larsens, des riffs plus chargés et même dans des envolées qui vont titiller le céleste.
L'émotion est un point central de la puissance mais n'est pas qu'un simple vecteur ou une simple complémentarité. Ici, elle prend plus la forme d'une entité qui va moduler son monde et donc la musique. C'est par ce biais qu'elle va implémenter sa présence dans le puissance, jouant sur les passages plus légers et pourtant, pouvant être mélancoliques voire même avoir une dimension encore plus triste, suivant l'évolue des titres, qui suit celle de la relation et des possibles. C'est à ce moment que l'explosion peut surgir soudainement, à travers une lenteur assumée, créant de façon étonnante un moment de grâce ou une suspension du temps.
Le groupe place la puissance comme une sorte d'entité plus éthérée, amenant un subtile côté larvaire aux émotions diffuses et ténues, jouant sur une balance à l'équilibre délicat, qui se retrouve dans la musique. Ce n'est pas une itération inutile qui se déploie mais bien le fait d'amener les éléments du concept à être explorés et ressentis, tous comme à appuyer la puissance de la musique mais aussi de l'aspect cinématographique.

Et pour celui-ci, le groupe ne lésine pas sur les moyens, avec des titres fleuves au besoin ('Statues learn to weep') et place en toute discrétion un autre aspect essentiel: l'immersion. Car le groupe joue clairement la carte de l'immersion, en posant des atmosphères et des ambiances, dont l'album regorge et qui servent à nous entrainer dans ce monde onirique, même si des aspects peuvent être un peu plus sombres, lié aux facettes explorées de la relation amoureuse. Le groupe va même parfois jusqu'à effleurer un aspect plus ambient, qui amène un autre angle de puissance et une façon de contraster avec le reste. Contraste qui sert à mettre en valeur les subtilités qui se nichent dans l'album.
Et c'est d'autant plus appréciable que l'aspect instrumental est le centre, bien que parfois transpercé d'une voix féminine, qui ajoute à l'onirisme. Aucune brutalité, aucun emballement. Ici, tout se concentre dans l'ambiance, la retenue et un esthétisme soigné (qui se retrouve d'ailleurs dans l'artwork).
Il y a pourtant quelque chose de fugace qui passe parfois, mais dont la nature fait que l'on ne peut l'identifier. Aussi étonnant que cela paraît, ça ne gêne pas le voyage que le groupe nous propose. Bien au contraire, ça ajoute une part de mystère, en même temps que ça apporte de la densité. Et cette densité intervient aussi dans le son de la musique, avec des sonorités pouvant être cristallines ou des cris d'enfants, une voix féminine, fantôme d'un passé.

Le son justement. Celui-ci est aussi très important, puisque recélant de multiples facettes, servant d'écrin à la musique que le groupe déploie. Cela offre au groupe la possibilité d'explorer une palette des possibles, que ce soit les guitares (parfois sur des lignes différentes), la basse bien profonde (et pourtant tout en subtilité) et la batterie, avec un panel de baguettes je pense, au vu des sonorités de celle-ci. Le son cultive aussi l'onirisme et la retenue, servant à nous propulser dans leur univers, de manière subtile et habile.

Si vous avez aimé Lost in Kiev, aucun doute que vous accrocherez à Where mermaids drown. Au-delà de l'aspect post rock instrumentale, le quatuor livre une pièce d'évasion sublime, qui change un peu de la violence ou de la barbarie, offrant une parenthèse enchantée.

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