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Redshift

Worselder

Autoproduction

20 mars 2023 à 11:01:03

CD digpack

2023

9 titres. Durée: 44'48''

Une petite vidéo:

Worselder est un groupe ariégeois fondé en 2008, le groupe propose un mixe entre heavy thrash et power metal des années 90, ayant à son actif une démo (2010), un Ep (2014 (que j'avais chroniqué en 2016)), un premier album (sorti en 2017, que de dates!!) et voici donc le second albums du quintet.

Comme je l'ai dit, j'ai pu chroniqué le premier Ep (pour les curieux et curieuses: https://margothpdf-webzine.blogspot.com/2016/09/worselder.html ) grâce à Elodie (faudra vraiment que je me penche sur une interview de la dame, avec son travail de fou qu'elle abat!). Et cela permet d'avoir un peu de recul sur le groupe et de voir ce qui a évolué. Car le groupe n'a pas stagné, c'est clair.

Alors, oui, on retrouve cette base heavy / power metal, qui n'est pas ce qui me fascine le plus, notamment du coté des vocaux (sans tomber dans les vocaux aiguës), en plus des rythmiques que je trouve, dans le style, relativement pépère. Mais le groupe y injecte d'autres choses, qui vont amener de la matière en même temps qu'un développement de leur style, clairement affiné.
La première chose qui revient aussi est cette approche qui mêle les styles, offrant un travail évident dans les rythmiques et les structures, desquelles découlent à la fois des ambiances et atmosphères (en même temps que quelque chose de plus globale plutôt sombre) et une approche plutôt groovy, qui laisse le loisir au groupe de pouvoir nous mener dans divers spectres musicaux, donnant des titres qui sont parfois très percutants. Cette fois, le groupe se lâche plus, offrant quelques moments jubilatoires et qui va plus loin dans des registres plus extrêmes.
C'est ce squelette, autour des rythmiques avec le style de base qui sert d'humus pour engendrer des titres pouvant aller assez loin, poussant cette fois vraiment un peu plus une certaine folie, à laquelle se joint une approche plus débridée mais qui garde pourtant toujours un lien avec ce registre heavy (dans un riff, un solo, une mélodie en contrepied de la trame du titre (sans pour autant dénoter). Et cela engendre des contrastes efficaces, en même temps qu'une ligne directrice, une cohérence au tout.
Les rythmiques peuvent jouer sur une certaines finesse ou bien, au contraire, être soutenu, en allant chercher des choses dans des registres divers, allant du heavy au hardcore, en jouant la carte de quelques styles plus exotiques (parfois plus blues ou jazzy, aspect qui explose sur un titre ou deux, amenant une agréable surprise). Quoi qu'il en soit, l'aspect rythmique est ici en grès de chez grès, fait pour durer dans le temps. Des moments vont être douloureux pour les cervicales ou vous faire taper du pied, pour suivre des rythmes parfois plus martiaux.

Et au niveau des contrastes, le groupe joue aussi bien sur les ruptures, les différences de styles que sur un aspect plus subtil, tournant autour des ambiances que distillent les titres. Il y a une certaine finesse qui apparait de temps à autre, apportant un côté plus léger (et une approche onirique parfois), donnant ce côté percutant face à la nature plus intense du reste du titre.
Le groupe apporte des rythmiques qui sont toujours pertinentes et percutantes et ce, quelque soit le registre qu'elles traversent. Le groupe offre ainsi des transitions très efficaces et subtiles, y allant de manière concise et fluide. Mais sait parfois offrir une approche nettement plus brute, qui cette fois rejoint la nature même de l'ambiance ou atmosphère.
Et cela passe aussi bien par des choses relativement fulgurantes que par des moments plus lourds, plus poisseux (et qui rejoignent souvent l'aspect heavy, jouant là aussi un contraste accrocheur). Et la lourdeur est omniprésente au sein de l'album mais sans que l'on y porte vraiment attention, du fait justement des contrastes et de ce brassages de styles, qui enrichit la musique déjà dense du combo. Et cela permet de livrer, comme je l'ai dit, des titres aux multiples facettes mais aussi d'aller assez loin (voir même très loin), à l'image de 'The exoteric verses', d'ambiance death black, ouvrant un corpus plus malsain (et où l'on retrouve cette lourdeur) qui va se mêler au heavy thrash et offrir un titre hybride, jonglant avec les codes des styles.

Le groupe aussi aussi une arme de précision dans son arsenal. Une arme qui s'est affinée, est devenue tranchante et d'une efficacité redoutable: le sens de la mélodie. Et là, putain, on part vraiment loin, car cet aspect est clairement une des clés de voute de l'accroche de la musique. Le groupe joue cette carte de la mélodie dans tous les aspects et styles que traverse leur album. Ce sens de la mélodie impacte du coup le chant, en plus de la nature des rythmiques (car oui, en y prêtant attention, il s'immisce dans les rythmiques). Il est la nature même du quintet, qui va jouer aussi sur les approches mélodiques venant des styles qu'il injecte dans sa musique, renouvelant à la fois son approche en même temps qu'ouvrant un champs des possibles qu'il explore en partie. C'est souvent pertinent, parfois allant titiller une sphère plus céleste (que l'on va retrouver dans les tonalités et les sonorités en même temps que dans la déclinaison du chant).

Le chant brasse lui aussi un peu de tous les styles mais sans non plus trahir son essence. La base est celle du heavy thrash (ce qui permet d'offrir un panel intéressant, sans aller dans les aiguës qui m'insupportent) mais Guillaume ne s'y cantonne pas et n'hésite pas à explorer d'autres sphères, apportant de la couleur et de la diversité au chant, tout en s'offrant une approche assez technique du fait de cette polyvalence du chant. Il va aussi adapter sa tonalité de chant, au style, en plus d'adapter le chant au besoin. Des chœurs pertinents apparaissent ici et là, donnant des détails plus nombreux et jouant sur les ambiances.
Le son est puissant et massif mais il est traité de manière à apporter une certaine granulosité en même temps qu'un paradoxe à travers une clarté qui met en avant l'aspect groove. Les instruments sont très audibles, sans souci, offrant une richesse dans les tonalités, en même temps qu'un équilibre avec le chant. En tendant l'oreille un poil, on entend la basse, que j'aurai apprécié plus présente mais là, c'est clairement du chipotage de ma part. Car celle-ci appuie fortement les rythmiques, en s'offrant quelques passages marquants, du fait de son traitement que le groupe module.

Worselder a évolué depuis leur Ep. Et cette évolution garde ce qui me posait un peu souci sauf que là, en ayant appuyé aussi l'autre facette (entre les rythmiques, le groove, le travail des styles), cela devient impossible de dissocier le tout et fait que l'album est cohérent, en plus d'être efficace et prenant. C'est très riche, offrant des moments de bravoure et pourtant, il y a de la subtilité. Juste un excellent album pour moi, où le groupe livre une ébauche de ce qu'il doit être en live. Foncez!

© Margoth PDF

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