Red cloud est un groupe formé en 2018, constitué de 5 personnes, œuvrant dans ce que je définirais comme un stoner hard rock typé aux relents des années 70. Ceci est leur premier album, sorti le 17 mars dernier et oui, je suis à la bourre.

Dès les premières notes, le quintet nous embarque dans un voyage temporel, qui nous renvoie à la période hippie des années 70, de la drogue, du fuzz et de la libération des mœurs. Bon ici, on va se focaliser sur ce qui est dans l'album, un esprit années 70, du fuzz (en partie) et d'autres choses qui l'accompagnent. Et on peut clairement tourner la tête vers Black Sabbath, Deep Purple et la scène stoner, car le groupe s'en imprègne énormément. C'est d'abord un peu déstabilisant puis attractif, très rapidement car le groupe a une recette simple, clairement, mais à la redoutable efficacité.

La base des titres se portent sur les rythmiques, très hard rock, avec une approche mélodique qui intervient par les riffs de la guitare puisant à la fois dans le fuzz mais aussi dans le blues (amenant ce côté stoner, en plus de la sonorité particulière du groupe) et le clavier qui amène cette immersion efficace. Cela nous emmène dans des méandres singuliers, dégoulinant de cette ambiance étrange, quelque part entre quelque chose un peu désuet, issue des années 70 (désuet mais avec un charme puissant) et une approche parfois plus puissante, venant de l'habillage des structures par les riffs et le clavier.
Et certaines associations renvoient vers quelque chose d'un peu plus rock'n'roll teinté de blues car évoquant à la fois AC/DC que Deep Purple mais se parant d'éléments blues plutôt convaincant (et allant au-delà du jeu des sonorités). C'est malin et là aussi, ça rend la chose attractive.

Il y a une corrélation entre le clavier et la guitare, appuyant à la fois l'ambiance globale, jouant sur les teintes de l'album, leur permettant d'offrir différentes facettes, offrant des approches assez catchys ou bien quelque chose de nettement plus dansant, qui te donne envie de bouger ton corps (même à moi, alors que danser, perso, pfffff). Rien n'est hasardeux et le groupe apporte une cohérence de bout en bout, tout en offrant dans ce voyage temporel un autre voyage, qui explore les facettes de la période, avec des titres qui parfois vont nous transporter un peu partout, à l'image de 'For the pain', qui n'est pas sans évoquer Deep Purple, Pat Benatar et d'autres choses plus personnelles à chacun et chacune. C'est un petit tour de force qui s'avère surprenant et du coup, très agréable parce que même en nous éloignant un peu de la base, cela reste complètement lié à cette dernière.

Il y a une approche aussi particulière, qui imprègne l'album, venant de ce ressenti qui vient de cette identité venant à la fois de Black Sabbath (certains plans sont très caractéristiques) ou Deep Purple (notamment par le clavier) et de quelque chose de plus flou pour moi, qui vient clairement à la fois des membres du groupes que d'influences plus actuelles qui m'échappent totalement sur ce coup. Mais on s'en fout, car ça fonctionne efficacement, avec virtuosité indéniable. C'est un aspect plus personnel au groupe mais qui fait partie de son ADN et qui, sans lui, n'aurait pas la même saveur.

Mais le plus important n'est pas là. Car au-delà de la cohérence, de la très bonne facture des titres, l'essentiel est cette capacité à nous mener à travers les chemins du temps, se basant clairement dans les années 70 mais en amenant aussi un ancrage bien actuel, lié à notre époque, certains éléments regardant 2023 bien en face. Ca s'entend, avec des choses qui me sont plus étrangères, n'étant pas du tout dans l'ancrage heavy actuel mais qui se font sentir mais avec beaucoup de finesse. Et c'est ce subtil mélange qui en fait quelque chose d'à part, qui crée ce lien qui nous lie à l'album, avec tous ces éléments déjà mentionnés. Mais il en reste un, essentiel, qui, sans lui, ne ferait pas prendre la sauce.

Le chant de Roxane est très accrocheur. Un timbre un peu singulier, très agréable, avec ce côté un peu hors du temps, qui participe à notre envol dans l'univers du groupe. Un chant clair, un peu rocailleux parfois, avec une approche simple et sincère mais saisir l'émotion et l'âme, posant une symbiose avec la musique. Roxane joue aussi bien dans la finesse que dans des aspects où sa puissance vocale se révèle, apportant une seconde trame à l'album, très chaleureuse. Et de nous emmener dans des envolées proche d'un rêve éveillé. Puissant.
Le son est excellent. Les instruments sont tous bien présents, incluant la basse qui apporte sa sonorité marquée dans la musique ou le clavier couvrant plusieurs facettes. Le tout sans couvrir la voix. Il y a un côté chaleureux, un peu gras, qui ramène en partie au stoner mais avec un angle d'approche plus moderne, jouant avec les codes temporels actuels et des années 70. Il y a clairement un travail jouant sur l'ADN du groupe, une identité sonore propre et puissante.

Red Cloud est une pépite à découvrir, un groupe à l'identité forte et attractive mais surtout une musique puissante et accrocheuse, qui apporte une vision vintage (ouais, ce mot à la mode) moderne mais surtout qui exhale de la sincérité. Et juste ça, c'est excellent!