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Rainmaker

Sigir

Gramophone records

26 novembre 2023 à 10:55:40

Dématérialisé

2023

7 titres pour 41'01''

Une petite vidéo:

Siogir est un jeune groupe finlandais fondé en 2019. Il s'agit de leur premier opus, dans une veine death mélodique.

L'album s'ouvre sur le titre qui donne le nom de l'album et pose très rapidement les jalons de ce que nous propose Sigir, à savoir un death mélodique où la brutalité est bien présente, présentant une sorte de paradoxe dès le début. Car le groupe ne s'emmerde pas avec des fioritures et va à l'essentiel, en basant son death sur la mélodie, la brutalité et les émotions.

L'aspect mélodique saute aux oreilles, sans besoin de la moindre attention. C'est instinctif. C'est un atout puissant du groupe, qui se joue à travers les riffs soignés et des nappes de claviers qui apportent de la subtilité. Claviers qui ne sont pas omniprésents et se présente dans certains passages, savant se faire discret au besoin. Un point intéressant est que les claviers ne sont pas lié à un seul type de partie. On les retrouve aussi bien dans les moments posés que dans les parties nettement plus violentes qui jalonnent l'album. Ils distillent ainsi une partie des atmosphères que les titres développent, appuyant des émotions plus particulières (je reviendrai sur ce point).
Les atmosphères sont ce qui m'a le plus accroché sur l'album. Et ce dès le début. Il y a vraiment une volonté de nous immerger dans les méandres des titres, en jouant vraiment sur le ressenti, livrant une véritable catharsis où la puissance n'est pas axée nécessairement sur la virulence mais bien sur le ressenti et se lie forcément aux mélodies, sans non plus chercher à en faire des tonnes mais juste ce qui est nécessaire.
Les mélodies sont un élément clé de la musique que Sigir nous offre. Mais avec un angle un peu singulier, sortant des habitudes consensuelles. En effet, si le groupe propose ce que l'on attend d'un groupe mélodique, il va plus loin et joue à moduler la nature de l'usage de la mélodie. Car celle-ci va se retrouver omniprésente, dans tous les aspects de l'album, des parties les plus lourdes aux plus rapides, suivant, en toute logique, le rythme mais jouant subtilement sur certaines structures que le groupe développe. Ce qui implique une approche parfois en décalage qui se retrouve dans les aspects plus virulents.
Les riffs sont toujours avec une certaine tension, que ce soit par la mélodie ou dans les riffs plus agressifs mais trouvent vraiment une complémentarité et ouvre un pôle un peu à part lorsqu'ils sont associés aux claviers. C'est intéressant car ça ouvre deux niveaux de compréhension, pour se diriger vers le même pont de focalisation.
Indéniablement mélodique, le groupe construit quelque chose de palpable, qui touche directement à l'âme. Mais pour cela, il s'appuie aussi sur les émotions.

Ici, les émotions suivent une trame plutôt sombre, entre tristesse, mélancolie et une sorte de colère résignée. C 'est ce qui impacte la musique, l'emmenant dans des arcanes plutôt sombres mais non dénuées de beauté, le groupe ayant vraiment un esthétisme marqué musicalement. Et cela engendre des titres qui pourraient être un résumé de ce que nous propose le groupe mais certains ayant un plus puissant impact, à l'image de 'Depraved', très mélodique, mélancolique et qui est une sorte de ballade sombre (au regard des autres titres).
Les émotions servent à appuyer les atmosphères du groupe et à peindre des tableaux musicaux, ouvrant des fenêtres sur( un univers sombre, un peu torturé mais paradoxalement, très accrocheur. Le groupe arrivant à installer un équilibre entre mélodies, émotions et brutalité. Mais le groupe va faire le choix aussi d'appuyer de façon plus nette certaines émotions, sur certains titres qui vont vraiment s'enfoncer dans ces émotions, plutôt négatives. Mais pourtant sans que cela ne soit délétère aux titres, bien au contraire. Cela renforce l'impact en même temps qu'une cohérence se dessine sur la totalité de l'album mais en s'offrant certaines variations qui enrichissent le tout. Et c'est là que le groupe joue une carte d'efficacité, avec une sorte de symbiose entre les émotions clés et la musique, tout en gardant une trame claire et cohérente.
Le groupe pose les émotions comme point central d'où le reste prend source et se développe, irradiant les aspects de leur musique à travers un prisme efficace mais dont il est certains que des éclats changent des habitudes. Et tout ça se lie avec la violence étonnante que le groupe développe, surtout pour un groupe mélodique.

Car globalement, les groupes offre une modulation très marquées, entre les passages mélodiques et les éventuels écarts plus brutaux. Ici, la donne est légèrement différente, le groupe offrant une modulation dans la brutalité. Et celle-ci n'est pas nécessairement sous la forme ou l'identité à laquelle on s'attend. Car Sigir offre une approche où la brutalité est protéiforme, pouvant apparaitre dans une lourdeur marquée ou au contraire dans des fulgurances proches de la démence mais baignant toujours dans quelque chose de sombre.
Cette violence explose dès le début et va très rapidement devenir modulée, ouvrant la porte aux contrastes (mélodie / rythmique démentielle, polarisation de la noirceur / lourdeur du tempo,...) et aux paradoxes rejoignant le concept de trouver des mélodies ciselées associées des claviers sur des parties au tempo très rapides, parfois laissant apparaitre des relents plus brutal death, glissant une sorte d'approche symphonique malsaine.
Mais cette violence ne dessert ni le propos ni le groupe car elle ouvre une vision plus éthérée, très étonnante, de la conceptualisation de son essence. Et cela pour faire un lien avec le titre et ce que le groupe souhaite générer chez l'auditeur. Et pour ce faire, point de demi mesure: le groupe y va franchement et livre des structures, notamment à la batterie, très complexes, avec un travail de réflexion sur les structures et la manière de les amener. Car il y a des transitions qui reposent sur différents biais, permettant à Sigir de pouvoir jouer sur la trame de la brutalité. Et le groupe ne s'en prive pas, nous offrant un petit florilège des possibles, les jouxtant avec la mélodie et les émotions. Et le moins que l'on puisse dire, c'est que c'est efficace, avec ces alternances de lourdeurs et de vélocité, les contrastes glisser dans des parties à priori à l'extrême opposé de ce que l'on attend. La brutalité protéiforme est ici essentielle et s'avère le troisième arc que le groupe constitue.

Le chant est caractéristique du groupe. Un des paradoxe du groupe qui est ici pleinement visible. Le chant étant très typé, très death, avec un timbre particulier dans la voix et appuyant l'aspect brutalité. Pas de chant clair ici. L'aspect mélodique n'est pas dans le chant, qui assure vraiment le contraste ainsi dans les parties les plus éthérées ou mélodique. Un parti pris assumé qui fonctionne. Et qui n'empêche pas quelques variations du chant mais toujours dans un chant saturé, effleurant parfois quelque chose de plus black (et qui fait un lien avec certains passages mélodiques).
Le son est très clair, puissant, laissant bien audibles les aspects mélodiques (avec la polarisation avec les parties plus brutales ou sombres). Les instruments sont bien audibles, même si je regrette que la basse ne soit pas plus audible (et qui ferait un puisant contraste dans les phases très mélodiques). Mais c'est chipoter. Les arrangements mettent les claviers un peu en retrait, ce qui permet d'amener ces deux niveaux d'écoutes que j'ai évoqué. C'est intéressant car le groupe joue la aussi une carte de la densité (et fait un lien évident avec le couple émotion / mélodie). Le chant est très net, en équilibre avec la musique.

Sigir livre un premier album très bon, avec une approche du death mélo différente et qui est très efficace. C'est redoutable d'efficacité et je ne peux que te le recommander! Excellente découverte!

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