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Quand Bien Même L’Enfer et le Déluge S’abattraient sur Nous

Pilori

Terrain Vague, Itawak records, coups de couteau et Sleepy dogs (plus d'autres suivant d'autres pays)

15 septembre 2022 à 14:19:11

Dématérialisé

2022

10 titres. Durée: 29'07''

Une petite vidéo:

Formé en 2016 à Rouen, Pilori est un groupe proposant un blackened crust hardcore aux influences extrêmes ayant à son actif une démo, un split et un album (A nos morts). Les revoici en cette riante année 2022 avec un nouvel opus, qui est le sujet de la chronique.
"Quand Bien Même L’Enfer et le Déluge S’abattraient sur Nous" commence directement dans le gras du sujet, sans prendre de pincettes. Le groupe nous balance directement sa colère sans prendre le temps de faire une intro (à quoi bon?) et nous place directement face à la bête. Et le moins que l'on puisse dire, c'est que celle-ci est quelque peu énervée. Dès le premier titre, on retrouve ce crust hardcore teinté de black mais on sent aussi qu'un coté hardcore torturé ressort plus. Et ce n'est pas la seule chose: les relents death sont présents, mêlés à la base plus vénère. Le groupe nous balance quelque chose de massif qui ne te laissera pas indemne. Car derrière cette approche que je résume de façon concise, je retrouve cet aspect qui m'avait plus avec leur premier méfait: la musique est nettement plus profonde qu'elle n'en a l'air.

Les titres vont développer, au besoin, des aspects plus importants ici et là. L'un des éléments de base, le black, prend parfois des dominantes plus importantes, assez régulièrement, s'associant furieusement à la base, amplifiant alors un coté malsain et cette ambiance sombre que distille l'album. Le groupe adopte ainsi une approche un plus structurée, offrant une sorte de hiérarchisation de la musique (c'est assez net quand on est attentif) d'autant plus surprenante que le groupe enfonce le coté chaotique dans sa musique (on va y revenir plus loin). Et cela amène un étrange fil rouge dans l'album, consistant à repousser les possibilités des extrêmes et ainsi de pouvoir aussi glisser de soudaines fulgurances grind. Le groupe ne se met absolument aucune limite. L'intensité est une des clés du groupe et celle-ci se fait, en partie, par la musique et cet appuie du black ou du grind (bien que des relents death cohabitent aussi). C'est très dense mais c'est très malin, car le groupe n'est pas dans un bourrinage continu. Il y avait de la subtilité (bon, à coups de pelle) dans le premier album et ici, elle est aussi présente.
Elle se fait via des breaks à te décapsuler la tête où le groupe va alors glisser des riffs en couches où certaines vont renfermer un coté plus mélodique (de façon brève, gardant ce coté massif et cet impact qui ne quitte pas l'album de bout en bout). Mais le groupe offre aussi un travail sur les rythmiques et les tempos, certains pouvant devenir soudainement lourd, amenant un coté anxiogène collant parfaitement à l'ambiance de l'album. Et parfois, dans certains titre, cet aspect mélodique va revêtir des oripeaux oniriques, certes sombres et un peu angoissants, mais d'une indiscutable efficacité. Et lors de ces moments, il y a un aspect mélancolique qui transparaît soudainement (et qui prend son importance sur le recul dans la globalité de l'album), notamment dans les titres 'Quand bien même l'enfer' et 'le déluge'. Et d'offrir une approche d'une entité à deux têtes, en même temps qu'une dualité qui nous saute alors aux oreilles et que l'on retrouve dans la globalité de l'album. Et de donner ainsi une autre tonalité et couleur à l'ambiance, semblant dessiner un coté plus positif. Mais qui est un formidable leurre car le final reste vraiment sombre. Et ainsi on retrouve un contraste qui imprègne aussi l'album, autre subtilité (où en l'occurrence le coté onirique diverge des paroles).
Et pour cela, le groupe s'appuie sur les différents codes des styles cités plus haut, notamment ceux liés au black, offrant au final un album plus complexe qu'il y paraît. Et c'est d'autant plus intéressant que l'on est obligé de plonger dans l'océan déchainé sur lequel le groupe nous emmène, pour espérer trouver une issue (mais est-elle la bonne?).
Et c'est là que je reviens sur l'aspect chaotique dominant l'album. Car cet élément est essentiel à l'album. Il se retrouve partout, dans différent aspect: que ce soit la musique, les détails sonores, les structures (certains moments sont des morceaux de bravoure dans le genre) ou même le chant parfois. Il va s'immiscer dans les autres structures musicales, apportant une tonalité particulière en même temps qu'il permet au groupe d'offrir des variations sur l'ambiance et la couleur de l'album. Si il peut amplifier parfois un certain malaise, il apporte aussi une densité et un aspect plus vivant (même si c'est un paradoxe et que celui-ci regarde vers des aspects plus sombres). Ce chaos se retrouve aussi bien dans les structures en elles-mêmes que dans la façon de naviguer dans les différents styles qui égrènent l'album et cette valse qui fait parfois passer d'un coté plus lourd teinté death à une furie black qui vire au grind, se nourrissant d'elle-même. C'est diablement bien vu!
Le chant est caractéristique de Pilori. On retrouve ce chant typé, à la lisière de différents genre, agressif et regardant plus vers un mélange crust hardcore mâtiné de grind. Le chanteur semble même parfois effleurer un peu la power violence (un aspect qui apparait brièvement dans certains passages musicaux, où le groupe y va vraiment à fond). Il y a une cohérence entre le chant et la musique mais aussi la tonalité de l'album. Et c'est d'autant plus intéressant que le chant est en français (et les paroles sont assez profondes, y retrouvant une certaine réflexion et différents niveaux de compréhension).
Le son est massif, très puissant, mettant en avant ce coté chaotique en même temps qu'il y a un aspect laissé pour les subtilités et différents détails sonores. Il y a un travail sur les arrangements, qui permettent la variabilité de l'ambiance de l'album. Le groupe n'a rien laissé au hasard.
Pilori nous offre un excellent album, qui enfonce le clou et lui permet d'aller plus loin dans sa vision, tout en nous donnant une bonne grosse branlée. A posséder absolument!

© Margoth PDF

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