Soldout est né en 2019 de la rencontre des deux membres fondateurs à un barbecue (la légende dit qu'il y avait des côtelettes d'agneaux). Ils créent un projet acoustique (sous le nom actuel). Rejoint plus tard par deux autres gaillards cheveux au vent (légende encore), le groupe devient quatuor et cela permet d'aller au bout du projet. Et bim, en septembre 2023 (le calendrier dit le 22), leur premier album sort. Le groupe évolue dans oscillant entre hard rock et heavy metal.

Bon, on ne va pas se mentir, qui plus est tu le sais: ce n'est pas mon style de prédilection. Alors définir exactement les influences ou quel titre évoque quoi, n'y crois pas. On est, en ce qui me concerne, sur du classique dans le genre. Ca suit les règles du styles, avec des structures forcément familières mais avec, il faut bien leur reconnaître le mérite, des riffs efficaces. Le groupe offre ainsi une accroche sympathique. Et ça aurait pu être, peut-être dans un autre univers, un tribut band de qualité. Mais comme les gars ont des idées à exploiter, ce n'est pas le cas. Et il est probable qu'ils se seraient fait chier comme autant de rats morts.
Je n'y trouve rien qui sorte vraiment du lot. C'est assez traditionnel (hormis peut-être la recette qui mêle les deux styles entre eux), du moins en ce qui me concerne, par rapport au genre. On est loin de titres mauvais, c'est plutôt du bon voire très bon, même si je ne suis pas vraiment client du style.
On a des titres assez variées, jouant sur des rythmiques pouvant offrir des choses binaires à d'autres un peu plus sophistiquées, suivant l'équilibre des styles dans les titres que nous offre le groupe. On a des gimmicks propre au style (mais certains sont foutrement efficaces, y a pas à dire!), forcément très calibré, les styles étant codifiés.
On a les titres qui développent ce que je m'attend d'un groupe dans ce style, sans non plus offrir de l'ennui. C'est plutôt intéressant à écouter, avec des chansons qui font le taf et une variété existant dans les titres, offrant une modulation du genre, qui offre une diversité dont le groupe joue, pour jouer sur les tempos ou poser quelques ambiances.
C'est peut-être là que tu te dis que c'est pour ça que j'évoquais l'idée du tribute band. Par rapport à cette approche traditionnelle (bien que parfois divergent un peu vers quelque chose de plus gras). Mais non, ce n'est pas pour ça. Ca aurait pu être un énième tribute band qu'il n'est pas (tant mieux) car le groupe dévoile un aspect au fur et à mesure du développement de l'album.

Cet album et le groupe offre un hommage au hard rock et au heavy metal. Rien de plus, rien de moins. Et si je dis ça, ce n'est pas péjoratif, loin de là. C'est même avec un côté plutôt admiratif. Car Soldout arrive à avoir des compositions qui leur sont propres mais qui vont évoquer d'autres groupes. Cela ne saute pas aux oreilles à la première écoute mais prend plus à la seconde et aux suivantes. Et c'est un petit tour de force que fait le groupe, allant titiller des évocations, qui s'appuient sur aussi bien sur ce que l'on a assimilé des groupes que sur un imaginaire collectif et aussi une vision affinée et maturée de ce qu'ils perçoivent.
On se retrouve ainsi avec des incartades qui vont être plus précises que le hard rock ou le heavy, comme le shock rock, avec un titre qui va vraiment te mettre en tête Alice Cooper (le titre 'Poison' d'Alice Cooper) mais sans pour autant être une reprise. Ca se joue dans l'ambiance, les structures et la manière que Soldout aborde le titre (et surement une vision singulière, selon un ophtalmo qui passait par là). Et le groupe nous offre ainsi des titres qui vont faire une sorte de survol de la famille heavy, en gardant leur base propre en temps que terreau des titres. Cela permet de nous embarquer dans une nostalgie, des souvenirs ou même glisser un moyen d'approcher un groupe que l'on aurait pas été écouter autrement.
C'est quelque chose que je n'attendais pas et qui me surprend agréablement, ajoutant à leur base déjà accrocheuse, une approche plus personnelle, avec quelque chose qui vient des tripes et qui exhale une certaine sincérité. Accompagné d'une bonne dose de bonne humeur, sans le moindre doute. Le groupe développe un côté festif et certains titres sont assez déments dans le genre ('Hellfire', 'Atheist'), avec un sens marqué de la mélodie qui fait mouche et revisiter des incontournables, comme une sorte de ballade, avec un angle quelque peu décalé.
Et les titres eux-mêmes cultivent se rapprochement à des groupes, jouant sur l'évocation par un nom ou un élément qui gravite dans l'univers du groupe évoquer. Et va ainsi pouvoir assimiler l'essence du groupe pour restituer un titre qui est un hybride entre la composition de Soldout et cette évocation. C'est inattendu et c'est une approche très maline et efficace.

Le chant est dans l'esprit de ce que l'on attend dans les genres. Mais le timbre de voix rocailleux marque vraiment un côté chaleureux, qui se recoupe avec le côté assez joyeux global. Le chanteur n'en fait pas des caisses et c'est ça aussi qui fonctionne: c'est simple, efficace, direct et surtout, on sent que le gars aime ça.
Le son est très bon. Un petit grain marque une ambiance et un rattachement à cette idée du survol du style, avec une basse bien présente et un côté gras, puissant, qui existe. Les instruments sont tous à l'équilibre, dotant que le son est assez profond, avec une clarté assez prononcée pour les guitares, offrant un paradoxe intéressant. Le chan t n'est pas dissimulé derrière les instruments. C'est direct, propre et efficace.

Soldout est une énième découverte. Le groupe offre une approche un peu différente du style, avec cette idée de l'évocation sans pomper ou plagier, gardant son identité en offrant en même temps une sorte d'hommage. Pull down est clairement un cri d'amour d'un groupe à deux styles qu'il affectionne. Même si tu n'es pas branché dan,s ce style, ici, l'écoute vaut clairement le détour.