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Princess barelly legal

Adolf Hibou

Head records

14 mars 2021 à 10:50:46

Dématéralisé

2020

14 titres. Durée: 53'47''

Une petite vidéo:

Voici la chronique que vous attendiez tous! La chronique pétée du bulbe.
Adolf Hibou est un trio montpelliérain évoluant dans une sorte de post punk noise (pour simplifier, parce que sinon, on ne va pas s'en sortir) totalement pété. Mais vraiment. Alors vous pouvez mettre de coté une partie de votre cerveau (mais gardez l'autre, car c'est plus profond que de prime abord).
S'ouvrant sur un titre '''''live''''' nommé 'passion saucisse', cet album annonce directement la couleur: bienvenu dans un monde de folie, abstrait, délirant et expérimental (c'est net sur les autres titres, bien plus long que les 16 secondes de celui-ci).
Car dès le second titre, le gars brouille les pistes. Et du coup, chaque titre, même si relié par des éléments communs aux autres, s'avère à part et indépendant. Du genre? Ben... prenons 'Ladyboys don't cry'. Commençant par un chant à l'auto-tune bien fumé avec une mélodie simpliste de 3 ou 4 notes à la guitare, celui-ci bifurque de façon inattendue vers du stoner psychédélique où l'esprit punk est tout du long présent (depuis le premier titre) et nous invite à un voyage... heu... un voyage... alors un trip sous acides serait plus facile à expliquer. Parce que là, ça va dans tous les sens... mais en gardant une cohérence improbable, que ce soit est le coté garage rock qui pend le relais et de revenir à la base du début et tout au long des 53 minutes de l'ovni que nous livre Adolf Hibou.
Chaque titre est un truc pété, à la musicalité très variable (mais étonnamment, jamais n'importe quoi) où la noise est l'un des éléments faisant avancer la machine (que ce soit au niveau des structures qui n'en ont que le nom) ou du son mais pourtant sans jamais tombé dans une bouillie sonore (et pourtant, parfois la limite est proche mais jamais franchit... maintenant vous commencez à comprendre pourquoi il faut garder la moitié de votre cerveau!).
Car l'approche musicale du gaillard est très atypique, mêlant environ 750 millions d'influences, avec des instruments improbables (kazou, jouet à chien qui couine...) et un angle d'attaque changeant constamment d'un titre à l'autre (mais gardant dans les titres une certaine unité même quand ça part en couille dans un titre de plus de 9 minutes). Atypique mais intéressante. Car il y a derrière ça une approche expérimentale qui n'est pas hasardeuse, engageant clairement une réflexion artistique (qui peut clairement perdre pas mal de monde en quelques minutes, je vous l'accorde...).
Mais putain, il y a un coté frais, pas prise de tête et pourtant, en y regardant de près, il semble y avoir différents niveaux d'écoutes et de lectures. Sa musique pété et torturée n'est pas aussi simple ou simpliste qu'il y parait.
Elle est à la fois exutoire, lâchage de prise et envie d'apporte de l'énergie, en même temps qu'un concentré d'humour (et qui derrière ça donne à se poser des questions, non pas sur le bonhomme mais sur le message de sa musique). On peut passer d'un titre rapide et assez joyeux à quelque chose de nettement plus sombre, poisseux mais sans que cela soit gênant, cette approche semblant naturelle.
Si dans la forme on est dans quelque chose de noise ou post noise, il y a un état d'esprit derrière qui est plutôt vers le grind crust (qui est d'ailleurs bien net dans 'passion saucisse' ou dans 'Sonic le rebelle'). Mais au-delà de ça, il y a un contraste que cultive le gars, entre brutalité furieuse et lourdeur hypnotique, créant sur l'ensemble du de l'album une entité complexe, semblant concentré ce qui fait l'humain.
Et il y a un coté presque poétique parfois, qui, caché derrière les sonorités ou le son pouvant être gras ou plus brouillon (mais qui ne doit rien au hasard), tend à poindre parfois le bout de sa truffe (une poésie qui a du chien),
Alors oui, les structures sont étranges ou même destructurées, participant à l'univers totalement barge du bonhomme mais le tout s'avère attachant et surtout, on ressent le plaisir et la sincérité du gars qui s'éclate derrière ce projet et qui ne vise qu'un seul but: donner du fun!
Si vous aimez les trucs complètement barges mais qui ont pourtant une certaine cohérence, je ne peux que vous recommander de découvrir Adolf Hibou. Car passer les premières minutes flirtant avec l'improbable, on y découvre vite d'autres choses sous-jacentes, constituant, mine de rien, une entité musicale forte, avec un coté addictif. Et aussi l'envie de savoir ce qu'il a mis de taré ensuite.

© Margoth PDF

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