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Perpétuel

Vesperine

Autoproduction

15 août 2024 à 09:34:29

CD

2024

6 titres pour 54'37''

Une petite vidéo:

Vesperine est un quintet lyonnais évoluant dans le post-hardcore depuis au moins 2015 et leur premier Ep. vesperine, c'est un nom que j'ai vu passer, sans jamais avoir pu ou avoir eut le temps de mettre une musique sur le nom. Maintenant, c'est fait.

L'album ouvre une particularité intéressante, lié à son titre qui explore l'idée de la perpétualité, les 6 titres étant construits avec 3 mouvement. Mouvement III (et un titre) ouvrant l'album, avant d'aller au mouvement I (et ses deux titres), poursuivre avec le mouvement II (et ses deux titres) pour finir sur le second titre du mouvement III (permettant de créer la boucle).
Vesperine offre une approche assez particulière (en plus de la manière de construire l'album) avec une musique que le terme post-hardcore en fait une étiquette réductrice. Car c'est bien plus dense et profond que ça. Beaucoup plus. Le groupe offre en effet une vision de la musique, de son concept, s'imprégnant d'émotions variées et du cycle dans lequel on est enfermé de notre fait, posant un questionnement de ce que nous sommes vraiment. Ici, on est vraiment dans cette exploration, flirtant parfois avec la poésie, le tout teinté de colère, de résignation, d'espoir mais aussi de réflexion profonde (les textes sont très réfléchis et je regrette de ne pas les avoir pour les lire de manière posée).

La musique du groupe est très contrastée. On a aussi bien la puissance et la violence (qui a d'ailleurs plusieurs visages) que des passages plus aériens, voire éthérés, qui structurent clairement les titres mais lui donnent aussi cette saveur particulière, exhalant cette impression de poésie, plus vers les poètes maudits. Le groupe nous ouvre des plages de sérénité pouvant glisser vers la douleur introspective au milieu de moments chargés de colère, de violence et d'une sorte d'errance. Le groupe nous amène quelque chose qui pourrait personnifier le déchirement de l'individu (dans une à la fois philosophique et psychologique).
Vesperine apporte une musique pouvant être très puissante, faite de contrastes puissants, parfois très épurés mais qui sait amener vers des horizons qui s'éloignent du post-hardcore, esquissant quelque chose d'innovant, qui touche directement l'âme.
Et cela passe par des titres pouvant prendre le temps du développement ('Universelle liesse' et ses presque 9 minutes ou encore 'A cœur joie' et ses 14 minutes), nous emmenant, à chacun, dans les confins d'un voyage au fond de l'humain et de ses mécaniques psychologiques avec ce que cela implique. Cela donne des titres denses, profonds, qui engendre des atmosphères particulières, du fait de la structures interne des titres et de ces variations, reposant sur des contraires, des complémentarités mais aussi en amenant quelque chose de plus diffus, plus subtil.

Le groupe glisse de la dissonance dans ses titres, jouant avec la discordance et les altérations, offrant une approche complète et cohérente de leur concept. Cela offre une personnification de leur musique et leur donne les moyens de mettre en avant des émotions très différentes, pouvant passer de la sérénité à la déchirure de l'âme ou d'un côté plutôt virulent à quelque chose de plus polymorphe, jouant avec les dissonances et des destructurations mais visant surtout une approche plutôt viscérale de la musique, mettant le doigt sur des aspects évoquant l'humain (et ses errements). Et c'est là que le groupe amène ce côté poétique, à travers des passages posés, tout en contrastes, en retenus ou jouant avec une subtilité qui est toujours en lien avec la puissance qu'exhale le groupe. Car celle-ci est omniprésente, parfois très en retrait, mais toujours là et surtout, en jouant sur des aspects très différents, ainsi que les biais qui jalonnent la musique du groupe.

Le groupe a aussi une autre carte, qui est celle de sortir des carcans musicaux du style et de pouvoir explorer des horizons diversifiés, nous emmenant dans des paysages musicaux très éthérés ou de nous faire voyager dans une mer tempétueuse de colère ou de douleurs, donnant différents teintes aux titres et à la musique, collant aussi bien avec leur approche, leur manière de concevoir la musique mais aussi de nous offrir une évasion. Et tout cela en nous glissant subtilement dans une boucle que l'album crée. C'est un peu pour ça que le groupe offre des dissonances, des altérations ou même un brouillage des codes, pour mieux nous installer au cœur de ce voyage et de sa musique, qui s'avère extrêmement émotionnelle. Vesperien génère des passages où les riffs et la rythmique ne sont pas de la même essence et, qui pourtant, sont complémentaires. Et parfois des esquisses diaphanes d'autres styles apparaissent, comme le sludge ou un doom larvaire. Mais toujousr avec subtilité (qui fait lien avec le côté poétique).
Les émotions étant aussi bien une clé de compréhension qu'un moteur de la musique, Vesperine crée une trame enveloppante, efficace et très accrocheuse et, ce, dès les premières notes. Jouant sur les moments intimes, déchirants ou ceux suspendant le temps.
Mais là où le groupe fait fort, c'est le bouclage entre 'Mauvaise herbe' (dernier titre et premier du Mouvement III) et 'Tant qu'il y a de l'espoir' (premier titre du mouvement III ouvrant l'album), avec l'harmonisation des structures et de la rythmique, permettant de créer une boucle sans fin de l'album. Une idée brillante et qui met en lumière la réflexion derrière l'album (en plus de ce qu'il y a derrière ou que je n'ai pas évoqué).

Le chant de Rémi est assez complexe car jouant sur différents type de chants (la base étant le post-hardcore). Il est habité par ses textes (et ceux-ci demanderaient une lecture à part), ouvrant le champs des émotions et naviguant dans des approches de chants très différents, allant de la retenu au chant déchirant, au timbre déchiré au moments de presque murmure. C'est une approche qui fait l'écho de la musique, riche, dense, profond et clairement réfléchi.
Le son est excellent. On a la puissance mais aussi des moments beaucoup plus en retenue où les instruments, tous audibles, (incluant la basse) savent offrir une modulation en rapport avec la musique. Le son est construit comme pour la musique, avec parfois des altérations ou de la dissonance mais aussi ce rapport plus profond à l'aspect humain que le groupe explore, le son étant vecteur et miroir. Le chant est clairement audible, dans tous ces aspects et l'équilibre avec la musique reflète la subtilité et la notion de fragilité qui habite parfois les titres.

Vesperine est à la fois une découverte pour moi (en live, ce doit être un monument) et en même temps, une grosse mandale à laquelle je ne m'attendais pas. C'est puissant, profondément humain et très réfléchi dans la conception. C'est un album que chaque fan de musique intense, poussant à la réflexion ou cherchant quelque chose qui sort du lot, se doit de découvrir!

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