

MARGOTH 5
PDF5
Other world
Entheogen
Autoproduction
22 mai 2021 à 13:12:35
Dématérialisé
2020
5 titres. Durée: 28'49''
Une petite vidéo:
Entheogen est un jeune groupe belge qui nous vient de la ville de Gand, en Belgique, nous proposant avec cet Ep un voyage dans un univers bien à part en même temps qu'un étrange moment.
Après une intro qui ne donne pas vraiment de piste musicale mais qui s'avère une ouverture immersive vers ce fameux univers, le premier titre concret arrive et nous donne des infos plus évidentes, après un début qui évoque les films érotiques des années 80 ou les films de deuxième partie de soirée de TF1 dans les années 90 (ces fameux films "sulfureux") avant de distiller ce qui est la base du groupe: du metal progressif. Et là, de chaque coté du ring s'affrontent deux possibilités; soit c'est bien soit c'est chiant, voire même pédant. Bon, on ne va pas tergiverser plus que cela: on à ici la première solution (qui sans ce qui va avec aurait pu basculer de l'autre coté). Car oui, c'est indéniablement du progressif , avec tous les codes inhérent au style, que l'on apprécie ou non. Mais le groupe ne se focalise pas uniquement sur ça et il y a d'autres styles qui sont intégrés à la recette et c'est là que ça devient foutrement bon.
Car sans vraiment que l'on s'y attende, leur musique, d'un progressif surement bien pour les amateurs du style fait des bifurcations à 962° vers des registres beaucoup moins posés et plus agressifs, comme du death, du doom ou même frotter du black. Et c'est assez bien pensé, car on passe vraiment avec de courtes transitions, d'un fond musical assez peu inhabituel pour moi (et qui serait chiant seul) à ces fulgurances musicales (ou au contraire, des ralentissements bien lourds), nous emmenant dans leur univers. Et pour ne rien gâcher, le chant s'adapte au contexte (j'y reviens plus loin).
Le groupe tisse ainsi habilement une trame musical narrative, avec une signature structurelle propre au groupe (on met de coté les fameux solos évoquant les films de gens nus et lubriques), offrant en même temps qu'une démonstration technique d'autres choses comme un sens de la structuration et son contraire (car oui, le groupe fait fort avec des passages déconstruisant ce qui précède), un jeu sur les dysharmonies, les ruptures de rythmes (oui, je sais, c'est propre au progressif mais là, les petits gars le même à un autre niveau).
Les changements de styles apportent, outre de la diversité, des passages proches du défouraillage, donnant de la densité aux morceaux (qui sont relativement longs mais fort digeste justement par cette variété) et nous embarque avec eux dans des moments où l'épique côtoie une certaine brutalité subtile. Il n'est pas rare de voguer d'un death vers un doom proche du sludge avant de balancer un riff en transition qui même vers quelque chose de plus destructuré.
La technique est bien présente comme je l'ai dit mais pas comme une démonstration mais vraiment comme moyen de créer des atmosphères, pouvant être plus célestes ou volatiles, en opposition complète à ce qui peut suivre ou précéder, allant parfois effleurer un certain onirisme qui se retrouve même quand ce coté posé déploie une soudaine agressivité, dévoilant une approche cohérente. Quand le groupe ne va pas brouiller un peu les pistes avec des éléments évoquant ouvertement d'autres registres musicaux.
On se retrouve avec des passages épiques et entrainants, qui vont faire un contraste avec d'autres plus posés, où parfois des claviers viennent apporté un coté atmosphérique judicieux mais juste ce qu'il faut. Et on peut se retrouver à suivre le rythme soutenu du pied, voir même à se secouer les cervicales.
Le chant, come je l'ai dit un poil plus haut, s'adapte complètement au contexte dans lequel il s'inscrit. Il n'y a pas de contresens, celui-ci restant vraiment dans son rôle. Rôle important car celui-ci est quelque peu discret, étant vraiment concentré à quelques endroits sur les titres. Mais quand il se fait présent, lui non plus n'est pas là pour faire de la figuration, étant plus calé dans des registres extrêmes, apportant une certaine rugosité assez inattendue. Et toujours avec les contrastes musicaux. Alternant chant guttural, quelques growls, des éléments plus typé black, on est sur une utilisation du chant plus en complément musical qu'en simple chant accompagnant.
Le son est juste excellent, bien puissant et très bien mixé, laissant la place au clavier qui apparait parfois. On entend la basse qui est bien présente, ça c'est youpi. Le qualité que le groupe y met est clairement nécessaire pour pouvoir nous emmener dans cette demi-heure de voyage, laissant espérer un futur plus long.
Excellente découverte à laquelle je ne m'attendais pas et qui, à chaque écoute, me ramène au même lieu, avec toujours autant de plaisir. Si vous êtes ouverts d'esprit, foncez, tout simplement.