Depleted Uranium est un quatuor canadien formé il y a 10 ans dont voici le premier album, après des démos et un Ep. Et il est certain que les douces mélopées sauront chatoyer vos expertes oreilles.
Je ne ferais pas de mystère. Depleted Uranium, avec un nom comme ça, va à l'essentiel: un grind barré un peu torturé, teinté de power violence. Rien de moins.
Le groupe livre un véritable petit brûlot qui saura vous réchauffer en ces temps froids hivernaux au travers de titres rapides mais offrant quand même diverses structures, parfois assez alambiquées pour le style. Si l'essentiel des tempos est en mode défonce, le groupe offre des variations bienvenues, amenant des passages complètement torturés, avec des ruptures de rythmes, proche parfois de la désharmonie, cassant les repères que l'on peut avoir, pour notre plus grande joie.
Le groupe se joue rapidement des codes et va mêler les repères que l'on a en un grand marasme où la folie prend le pas sur la forme, livrant des titres où un grind barbare peut se mêler à une approche moins conventionnel, genre une musique western épique. Oui, vous avez bien lu. On est dans un esprit très claire: briser les normes acquises de la musique et faire celle que les 4 gaillards veulent.
Les titres sont certes relativement courts mais très intenses car, du fait du coté concis, la matière qu'y injecte le groupe force à donner des choses intenses en terme de vitesse et de contenus, en plus de l'évocation des changements de codes réguliers (toujours sur une base grind). Pas de temps morts, ça file extrêmement vite, malgré des moments où le groupe amène quelques structures plus lentes et exotiques (enfin, lente dans le contexte général, pas dans le sens littéral). On retrouve aussi des éléments martiaux ou évoquant des rythmes plus militaires, offrant ainsi une certaine surcouche à l'ensemble, sans pour autant nous éloigner du sujet.
L'aspect secondaire marquant est ce coté pouvant être chaotique ou même déstructuré. C'est quelque chose de récurrent dans l'album. Ca appuie la folie du groupe, se recoupant avec des riffs improbables et même des plans qui viennent de je ne sais où. Ca enfonce le point des codes musicaux explosés, délivrant des passages qui sont parfois proches d'autres sphères, avec un coté pouvant être épique et mélancoliques. Cet élément, le groupe le concentre dans le dernier titre ('percentages', en bonus sur le cd) qui offre une vision concentré en presque 5 minutes de la totalité de la folie que l'on retrouve sur l'album.
Les chants de Murray et Babak sont complémentaires, jouant en même temps les chœurs et les contrastes, se recoupant néanmoins dans l'approche coup de poing. Il y a un jeu dans les deux chants, pas évident à capter au début.
Le son est très bon, avec une approche un peu crûe et une sonorité proche d'un son entre live et son enregistré dans un garage. Il colle parfaitement à l'esprit que le groupe distille sur son album.
C'est simple: foncez écouter ce premier album, barré et totalement débridé! C'est du tout bon!