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Orages, haut désespoir

Prungk

Autoproduction

11 septembre 2024 à 15:27:20

CD digipack

2024

13 titres pour 43'52''

Une petite vidéo:

Prungk est un quatuor qui a sorti son premier effort en 2019, puis un live, présentant la folie du groupe au public. Le groupe nous revient cette année en grande forme.

Alors, Prungk c'est la rencontre de 4 musiciens d'horizons musicaux différents ayant pour but de créer une musique sans limites de styles. On adhère ou non. Personnellement, j'adore ce que le groupe fait car c'est à la fois à part, péter du bulbe, chargé d'un certain humour, sans limites et apportant néanmoins un angle de réflexion assez inattendu.
L'album amène ce qui fait que Prungk est Prungk, à travers ce melting-pot de courants musicaux, avec cette marque d'un esprit punk qui habite la formation et ce désir d'apporter des éléments très différents, brassant des choses venant du jazz ou de styles arabisants ou exotiques, comme leur live le laissait apparaitre (situant une évolution du groupe). Ici, l'évolution continue. On aborde quelque chose de plus sombre, allant plus loin dans l'analyse de notre société, appuyant sur ce qui déconne franchement. Et pour ça, le groupe intègre un nouvel élément musical plutôt surprenant au regard du reste: le black metal.
Alors, ne crois pas que ce sera du black de bout en bout, mâtiné de punk et de metal étrange. Un peu de sérieux, on a affaire à Prungk, que diable! Le groupe a quand même une approche certes barré mais avec une cohérence. Et ici, le black apparait sous des aspects diversifiés, parfois plus diffus, parfois nettement plus frontal, se mêlant à ce que fait le groupe.

Et au sein de sa musique, des structures typiques de Prungk peut alors débouler une soudaine dissonance et un chant torturé, quelque part entre death, black et punk, avec la touche Prungk ou avoir une soudaine altération plus malsaine ou encore un assaut suintant le black en bonne et due forme. Et ça, mine de rien, c'est quelque chose de nouveau car ça densifie leur musique et leur permet de glisser dans des titres pouvant être inspiré par des choses comme le blues (Si 'Al huria' n'est pas blues, moi je suis chirurgien cardio-thoracique), le rock'n'roll ou des choses plus souriantes, comme injecter un bout de 'Rape me' de Nirvana ('Crucifie tes oreilles').
Mais le groupe injecte aussi des structures venant plus nettement du black metal, en prenant plus la face sombre du style, celle plus punk et aucunement sous un angle plus grand public. On retrouve ainsi une ambiance parfois malsaine, en plus d'être étrange, le groupe injectant des disharmonies, des altérations ou encore des tonalités différentes (ce qui doit faire des racks d'effets assez conséquents). Mais Prungk va aussi aller se promener aux racines du black, puisant dans el punk et le blues et injectant le tout dans leur vision du black. Cela ouvre un jeu de structures et de rythmiques particulières, détonantes et étonnantes mais complément raccord avec le contexte.
Les structures peuvent être n'importe quoi, totalement barrées mais dans une logique et une cohérence qui existe au sein du groupe depuis leur début et qui offre aussi une logique de développement dans l'album, en plaçant une sorte de progression peu évidente aux premières écoutes mais pourtant bien là. Cela vient de l'héritage punk qui habite le groupe et qui est aussi cette force particulière du groupe, qui est de glisser en quelques mesures d'un styles dominant vers une mutation portant le masque d'un autre style. Mais certaines structures sont clairement propres au groupe. On y retrouve l'essence de Prungk, et ce dès le début.

La folie habite toujours l'album et le groupe va plus loin dans son absolution des règles, dans sa logique et pourtant avec une cohérence nette. Que ce soit musicalement ou dans des éléments textuels. Le groupe s'offre à la fois un exutoire mais aussi un point d'appui sur des réflexions plus profondes abordant des thèmes forts, parfois même délicats (et avec lesquels il y a une approche de l'adaptation de la musique pour certains segments précis). Le groupe brasse des sujets variés qui se rattachent tous à notre époque et ce qui déconne franchement, avec en trame de fond un discours positif car amenant des conseils pour être soi-même. La folie explose dans des éclats de génie, à travers des passages pouvant être clairement d'anthologie (le mixe arabisant, black et blues sur 'Al huria', par exemple) mais qui est l'âme du groupe.
Le black sert aussi sur ce point, de manière étrange, propre à Prungk mais collant pourtant à la globalité de l'album. Le style a une prépondérance essentielle sur l'album, sans non plus renier son ADN.

Le chant est caractéristique de Prungk. La voix de PK est identifiable immédiatement, avec cette approche singulière, se foutant du ton juste car l'essentiel est le côté instinctif. Mais il y a aussi cette intégration d'un chant saturé, tirant vers un black death underground, qui apporte de la tonalité différente mais aussi une texture plus singulière et un niveau de compréhension à plusieurs niveaux.
Le son est caractéristique de Prungk. Il a ce grain particulier, jouant avec les textures et les tonalités, offrant à la fois un son très bon et pourtant avec un côté un peu sale, liant un peu plus le black et le punk. Les instruments sont nettement audibles (même la basse), mais avec une modulation selon les titres (explorant des univers musicaux sans limites). L'esprit punk habite le son, le DIY est présent mais le groupe s'avère être de bons musiciens ,sinon ce serait un vrai merdier. Et on en est loin. Peu de fioriture, il y a ce côté droit dans la face super plaisant!

Si tu découvres Prungk avec cet album, il est certain que tu seras déstabilisé(e). Si tu les connais depuis leur premier effort et que tu accroches, alors dis-toi qu'ils ont mis la barre plus haut, à la sauce Prungk. Si vous êtes justes curieux, faites vous plaisir!

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