

MARGOTH 5
PDF5
Of saviors and conquerors
Telperion
Autoproduction
21 mars 2023 à 15:41:43
Dématérialisasé
2023
4 titres. Durée: 24'06''
Une petite vidéo:
Telperion est un quintet de Clermont-Ferrand formé en 2013 et qui est revenu en mars avec un nouvel Ep. Le groupe officie dans le folk metal, un genre qui est assez fourre-tout.
Le groupe offre 4 titres, pour se donner une idée de ce qu'il fait (dans le cas où, comme moi, on ne connait point), qui vont nous plonger dans une part d'histoire et de légendes. Et dans ce cas, ça va assez large, partant de la période romaine à l'âge d'or de la piraterie.
Ici, la dominante de base est clairement le heavy metal, genre que j'affectionne peu (même si ça peut être qualitatif), dominante à laquelle le groupe injecte d'autres styles, offrant des titres qui peuvent parler à un auditoire plus large. Quatre titres, ça me permet de détailler chacun et de mettre une opinion plus définie sur cet Ep.
'Down of the slopes of Gervovia' s'ouvre sur une ambiance plutôt militaire, que l'on rattache dans l'imaginaire collectif à l'époque romaine. D'autant qu'ici des éléments appuient en ce sens, nous enveloppant dans une ambiance plutôt réussie et singulière. La base est clairement le heavy, pas de doute là-dessus, offrant une approche qui m'évoque un peu Coming wolves entre le chant tout en retenu et la mélodie qui vient t'accrocher. Mais on s'en éloigne très rapidement, évidemment (et fort logiquement).
Si la teinte dominante est le heavy, il y a d'autres éléments qui apparaissent, accompagnant l'ambiance que le titre exhale. Notamment des rugosités plus axées vers un metal extrême, sans vraiment de dénomination, jouant sur les rythmiques, certaines structures et le chant, qui offre un spectre assez large.
Le titre offre des moments intéressants, notamment lorsque le groupe va mélanger les styles, offrant une hybridation apportant quelque chose de death et qui appuie un côté épique (que l'on retrouve d'ailleurs dans tous les titres), en plus d'un grain de folie, qui ne part pas non plus dans une idée débridée. C'est contenu, clairement pesé, pour offrir une approche accrocheuse et immersive.
Changement d'ambiances avec 'Grendel' qui nous emmène en Irlande (ou dans la région, mais plus vers le moyen-âge). Là aussi, l'ambiance s'impose d'elle-même mais avec une approche nettement plus heavy. Dans ce titre, ce qui m'accroche bien est la variation rythmique, qui alterne une phase plutôt conventionnelle avec un côté martial, où la mélodie et le chant varie nettement, s'appuyant aussi sur des éléments comme une flûte singulière (à la tonalité spécifique) en allant attacher et essayer de fusionner ces éléments avec le heavy. Quelques écueils ici et là renvoient vers des relents extrêmes mais de façon plus diffuse que sur le premier titre. Ici, c'est plus la balance entre le heavy et l'approche choisie pour l'ambiance médiévale qui prime, renforcée par le côté épique du titre. Le choix doit aussi bien tenir compte du côté légendaire du personnage que d'un choix plus pragmatique, pour créer une cohérence.
'Here comes the wolf' enchaine directement. Très heavy, presque power metal, le titre ne me marque pas dans une dimension particulière. Pour être honnête, je n'y trouve pas d'éléments le ramenant au côté folk (dans le sens stricte) mais il y a une dimension plus proche d'un côté ésotérique, spirituel, qui sort du titre, reposant sur une section rythmique et un gimmick mélodique, que des chœurs plus proche du sacré appuient. On retrouve quelques saillies qui renvoient dans des relents extrêmes sans pour autant avoir autant d'impacts dans que les deux précédents titres. Le titre renferme plus de subtilité (qui se manifeste dès le début), plus en alignement avec le côté heavy, nous emmenant dans quelque chose de plus daté, à la lisière des années 80/90. Ce titre est plus grand public pour moi, pas mauvais très clairement mais pas celui qui va le plus me marquer.
'Son of the ocean' clôture l'Ep en nous emmenant dans l'univers de la piraterie. Le début marque vraiment la scission avec le titre précédent, gardant dans sa structure des choses qui vont appuyer cette ambiance. Forcément, la base heavy est bien présente mais rencontrant plus frontalement cette approche typé pirate metal en même temps que des relents extrêmes (puisant en partie dans le black). Le titre renferme un pont étrange, jouant la carte de l'exotisme, avec une ambiance fantasmée d'île avec ses gimmicks, posant un break étrange mais qui offre un contraste saisissant avec la puissance qui explose à sa suite, mêlant les relents black à la vivacité du heavy. Le groupe injecte des mélodie avec un accordéon (celui que l'on rapproche des marins, dont le nom m'échappe), glissant de façon discrète cette dimension marine. On retrouve de bout en bout le côté épique, aidé par un chant qui explore ses possibilités.
Le groupe a un sens aigu de la mélodie, qui fait clairement son effet, même en faisant abstraction du côté heavy dominant. Il y a une puissance tout en retenu derrière, jouant sur divers biais qui ne tombent pas dans des clichés quelconques. Car même si ça sonne très heavy, je trouve leur approche accrocheuse.
Mon reproche est plus lié à un manque de cohésion sur les époques évoquées, offrant quelque chose d'un peu disparate au niveau repère. Mais le fait d'amener une approche sur des personnages ou des lieux plus mythiques permets de se raccrocher en partie à la thématique.
Mais les titres sont clairement bien pensés et construits, jouant sur des gimmicks, en même temps que le groupe bouscule en partie certains codes. Si des groupes comme Mormieben ou Twisted Mist un visage plus radical (notamment Twisted Mist), ici il y a quelque chose qui fonctionne bien, infusé dans al musique du groupe.
Le chant offre les codes du heavy, sans aller dans les extrêmes (pas de voix aiguës). Mais il ne se cantonne pas que dans ce registre (ou le power metal) et va chercher des éléments dans la sphère extrême, introduisant un contraste entre chant saturé et chant clair tout en conservant une cohérence. Le timbre de voix offre d'ailleurs au chanteur des possibilités qu'il va explorer, un peu timidement mais qui laisse augurer une approche qui sera affinée, sans le moindre doute.
Le son est très clair, très propre, laissant la place aux arrangements de s'exprimer, en plus des instruments (dont une basse présente discrètement en arrière plan, qui a quelque fois la part belle dans quelques envolées). Il y a de la puissance mais clairement mesurée sans aller dans le n'importe quoi, pour ne pas brouiller ce que le groupe définit. Le chant est à l'équilibre, ce qui permet de suivre et de s'immerger avec lui dans les méandres que Telperion livre.
Teleprion m'offre une découverte d'un aspect folk metal un peu différent de ce que j'ai pu entendre jusque là. Même si la base est très heavy, l'accroche est là, bien présente, demandant peut-être plus de poussée dans la cohérence se focalisant plus sur une période (et lui laissant le loisir d'explorer son pendant légendaire ou mythologique). Ca n'en reste pas moins une découverte intéressante et sympathique et qui me semble devoir prendre tout son sens en concert.