Basic Partner est un quatuor nantais qui a sorti un premier Ep en octobre 2023 (et donc sa formation doit être dans cette période). En avril, le groupe a sorti son premier album et ici, je m'aventure dans des sphères où je vais très peu, fort éloignées de mes goûts: le post punk et le rock alternatif, teinté de pop et de noise. Mais il y a vraiment quelque chose dans leur musique.

'New decade' est le titre ouvrant l'album. D'entrée de jeu, le post punk s'impose, avec cette impression marquée des années 80, vers Depeche Mode, The Cure, dégageant une atmosphère assez sombre. Et rapidement, dans les structures, le duo ajoute un rock puissant, offrant un contraste de texture très intéressant car offrant une profondeur et une sorte de polarisation qui va permettre l'exploration de leur univers, marqué par une atmosphère particulière, amenant une sorte de clair / obscur musical.
Cette base offre des titres accrocheurs, nimbés de cette ambiance qui semble suinter des années 80 et du moins festif du post punk, marqué par un jeu de structures et de rythmiques apportant par à-coups une puissance nette.
Cette puissance repose sur le coté rock évidemment mais aussi sur un aspect émotionnel découlant du post punk. C'est très net. Et le groupe ne s'arrête pas là, car il va amener une puissance de manière différente, dans la construction des titres. Même si la base est la même, il n'en demeure pas moins que la construction des titres va jouer sur divers aspects et donner des teintes différentes, appuyant du même coup l'idée de l'utilisation des variation post punk. C'est une idée qui offre beaucoup d'oxygène au sein des titres et qui ramène de nouveau cette idée de clair / obscur dans leur approche.
Le quatuor offre donc une structuration assez complexe dans l'approche puisque celle-ci joue avec des variations de thèmes, appuie ce côté sombre mais développe aussi, de manière paradoxale, quelque chose de très chaleureux. Il y a un indéniable facteur humain au sein de leur musique, qui apparait nettement sur 'She cares for me', amenant au sein du titre un relent desert rock collant vraiment à leur approche.
Est-ce la présence d'éléments purement pop venant pondérer les aspects plus bruts? Je ne sais pas. Mais ce qui est sur et qui fais que j'accroche à ce que propose le duo, assez éloigné des chroniques habituelles, c'est que Basic Partner a aussi une autre particularité que je n'ai pas évoqué.

Le groupe, en plus du post punk, du rock ou de la pop, intègre d'autres éléments musicaux, assez éloignés l'un de l'autre (puisqu'ils sont deux). Le premier élément une approche cinématographique, offrant un relent de synthwave qui s'exhale parfois, avec une subtilité marquée car jouant dans des parties assez posées. Ca joue aussi sur la nature du rock dans d'autres moment, glissant une impression de krautrock, du fait d'éléments électro étant intégrés dans la musique. On est ici sur des choses assez subtiles, comme de sonorités ou des textures mais suffisamment marquées pour imprimer cette idée à la musique. Cela permet à Basic Partner de dessiner des plages musicales à la lisière du cinéma et d'une approche plus céleste.
Et le groupe va du coup, au sein de l'album, amener les deux sphères à se rencontrer et à créer des atmosphères plus singulières, glissant parfois vers des évocations de bandes originales de films, jouant toujours avec le post punk et cette approche assez sombre et ce clair / obscur que viennent illuminer le jeu avec les deux sphères musicales mentionnées.

Et il y a un autre point que j'ai juste mentionné au début. Il s'agit de la présence de noise. Alors pas quelque chose de frontal, pas une noisecore, de gore noise ou autre. Ici, ce sont des éléments qui sont apportés, par des sonorités, des altérations ou encore des ruptures dans les structures, certaines tonalités et un jeu de déstructuration au niveau du temps dans les morceaux. Ce point en particulier se ressent dans certaines rythmiques, notamment au niveau du jeu de la batterie, avec des patterns parfois très étranges, jouant à rebours de ce que l'on attend d'un groupe dans ce style.
Le combo utilise la noise de manière parcimonieuse mais n'hésite pas parfois a y aller de manière plus brute, allant, au summum de l'idée, mêler noise, les éléments cinématographiques et l'électro, créant des instants pouvant être suspendus ou, au contraire, jouant sur la dissonance de manière totale (jusque dans la structure des titres). Et cela s'imbrique bien dans l'approche sombre, avec cette atmosphère singulière et qui contraste avec les moments plus lumineux.
La noise arrive dans les sonorités, notamment les riffs bruts de la guitare (présent dès le premier titre et offrant une trame jouant sur le clair / obscur avec les riffs de guitare à l'opposé, sans trop d'artifices). Le groupe distillant au final des éléments qui servent de guide au sein de son album, avec, toujours, cette empreinte suintant les années 80.

Le chant est un chant conventionnel, marqué par l'approche post punk (et qui va forcément vous évoquer des groupes, en plus de la musique). Le timbre du chanteur possède un tessiture chaleureuse, vaguement éraillé parfois, collant à la fois à la musique, à l'atmosphère mais aussi à ce que l'on imagine du genre.
Le son est très bon et jouant la carte des contrastes, notamment avec les guitares (l'aspect brut, très noise et l'autre, plus conventionnel, tourné vers le post punk ou la pop). Il y a de la puissance dans les moments les plus forts, venant en opposition aux phases nettement plus modérées voire posées. Le son a aussi cette empreinte propre au post punk des années 80 et la batterie joue du coup sur les sonorités entre le post punk et la noise, un peu comme les guitares. Le chant est complètement audible, avec un équilibre fluctuant sur la puissance, offrant une modulation, lorsque le chant est présent ou non.

Basic Partner est une découverte vraiment sympa à faire, notamment pour les personnes curieuses ou aimant les groupes proposant quelque chose qui sort du lot, avec une approche plus singulière. Il y a clairement un côté humain et chaleureux qui habite l'album, ultime paradoxe d'un groupe post punk à l'approche plutôt sombre. Une pépite pour moi!