Sulfure : Corps résultant de l'union du soufre avec un autre corps. Cette définition, pouvant nous aider en cours de chimie ne nous sera guère utile ici.
Sulfure est un groupe canadien chantant dans la langue de Jacques Cartier fraîchement formé en 2019, de membres venant de groupes comme Saccage, Atroce, Délétère… et qui se sont dit : ‘Tiens les gars, si on faisait un groupe qui serait le meilleur des mondes, un truc cool, posé et tout ?’ entre deux bières au sirop d’érable devant un match de dans une forêt où pousse des arbres à élans (oui, ce cliché est étrange).

Si tout cela peut prêter à sourire (si en plus vous vous vannez dans la tête) , le nom du groupe est un indice que, ben finalement, non, ça ne va pas être marrant. Bien au contraire.

Sulfure nous balance sans crier gare un gros black death des bûcherons, de celui qui laisse des marques et des traces, le tout avec un coté noise. Et ce qui m’interpelle aussi, c’est que ce groupe va se mettre dans la même catégorie de des groupes comme Silure ou Skaphos : débutant mais pas là pour faire la décoration à la maison de retraite et qui propose d’entrée de jeu quelque chose de très virulent et qui tient la route. Dans l’esprit, je pourrais rapprocher Sulfure de B.A .R.F. mais dans un registre bien différent.

Dès le début de ‘L’antre de la tarasque’, le ton est donné : ça va poutrer (oui correcteur orthographique, poutrer) sévère, sans faire dans la demi-mesure. Ça va être bestiale, malsain et rapide. Mais attention à cette rapidité : celle-ci est retorse, le groupe n’étant pas dans une rapidité perpétuellement poussée à l’extrême. Le groupe la module, amenant des plages plus lentes, jouant avec les rythmes pour offrir des complexités dans les morceaux ainsi que du contraste, permettant de jouer sur de la lourdeur ou une fulgurance de furie black.
C’est totalement bestial, un coté instinct primaire étant très présent. Ça flatte à la fois nos bas instincts et en même temps cette envie d’en découdre. Cet aspect colle parfaitement à la musique et à l’univers, clairement pas pour les jeunes enfants ou les âmes sensibles.

Le groupe offre une musique sombre et malsaine, évoluant dans un domaine évoquant les problèmes mentaux, mêlés d’occultisme. Il joue sur ces deux domaines, offrant des atmosphères très noires, colériques parfois (appuyé justement par les rythmiques), qui développe discrètement un aspect qui ne saute pas aux oreilles de suite mais qui est pourtant omniprésent : il y a une certaine subtilité qui parcourt les titres de la démo. Celle-ci ressort vraiment sur le dernier titre, ‘Le labyrinthe de la déliquescence’, qui tient plus d’un titre ambiant/atmosphérique (mais malsain à un point mon Lucien!) mais qui clôture de façon logique la démo (et ouvre des perspectives futures).

Musicalement, le style est vraiment à cheval sur les deux registres, plus appuyer en death au niveau du chant (putain, ce chant d’ogre !! Ultra gras, guttural, semblant venir des enfers mentaux…), contrastant avec la musique penchant fortement vers un black brutal. Mais le groupe ne s’arrête pas là et incorpore des éléments plus lourds ou plus dissociatif, que ce soit via la batterie qui peut amener des rythmes plus simples, donnant une sorte de coté martial ou via les riffs, certains très heavy. Ce qui est sûr, c’est que l’on a affaire à des types qui gèrent. Même si la couleur dominante de la musique est le black, celle-ci se révèle plus polymorphe en discrétion, un coté brutal death rampant derrière. C’est plus facile à comprendre en écoutant la bête.

Le son est d’entrée de jeu caractéristique. Il y a ce coté, presque raw, bien géré, participant aussi à ce coté sombre et malsain, mais respectant complètement les instruments. Seule la voix se retrouve en retrait, forçant à l’écouter concentré si on veut saisir les subtilités déclamées. C’est un tout petit bémol pour moi qui n’enlève rien au reste, qui s’avère une véritable monstruosité. On a là une démo qui envoie clairement toute la forêt arctique et qui nous fait découvrir un groupe qui sera à surveiller de près !