Numa [7534] est un groupe de rock progressif regardant vers des univers comme ceux de Soudgarden, Porcupine Tree ou encore Jeff Buckley, des noms que je connais juste, sans savoir à quoi cela se rapporte. Le groupe a à son actif un premier album 'Mothership Down' en 2020 et ceci est donc un Ep sorti en juin dernier.

J'ai écouté plusieurs fois l'Ep. Je me suis demandé comment l'aborder, celui-ci me laissant un peu sur le coté de sa route. L'approche du groupe mêle diverses approches, notamment des éléments jazz, qui viennent se confronter à quelque chose de plus puissant ou bien d'accorder une importance à des moments plus proches d'instrumentaux. En ce qui concerne la puissance, cela est relatif à la musique que le groupe développe, dans un style plutôt planant, me rappelant un peu ce que Roger Glover And The Butterfly Ball proposait. Mais ici, c'est peut-être plus dense, un peu ostentatoire (ce qui n'est pas dérangeant, la qualité étant présente).
Les titres prennent un peu le temps et partent dans des circonvolutions parfois presque psychédélique, s'appuyant sur les constructions et des schémas rythmiques liées au style, pouvant proposer des choses très contrastées, dans les limites du genre. Et cela passe par des successions de phases accrocheuses ou qui me laissent sur le côté, n'arrivant pas vraiment à entrer dans l'univers du groupe. A ce rock progressif (qui est un style que je ne fréquente pas du tout ou alors à mon terrible insu), le groupe glisse aussi un esprit qui n'est pas sans me rappeler l'approche des années 90 de certains groupes enracinés dans cette période.
Les titres entretiennent un lien entre eux qui crée une sorte de continuité, amplifier par l'approche des titres cultivant des points communs et une atmosphère qui se reflète sur l'intégralité de l'Ep, semblant générer un seul titre à plusieurs facettes. Les rythmiques viennent se démarquer parfois, avec des structures bien à part, qui apportent, je dois le reconnaitre, un attrait et un moyen de sortir un instant de l'ensemble qui est, pour moi, vraiment trop progressif. Car ici, le progressif se rapproche de celui qui me laisse indifférent. Car des phases plus puissantes me laissent en partie sur ma faim, quand d'autres, vraiment plus en décalage (rythmiques, tempos...) me laissent plus circonspect. Mais ne te méprend pas: même si j'ai du mal à entrer dans l'Ep et l'univers du groupe, c'est incontestablement quelque chose de qualitatif que Numa pose là, sans vraiment prévenir. Juste que le rock progressif (ici dans sa toute splendeur) ne me touche pas ou peu.

Comme je viens de le dire, il y a beaucoup de qualités dans cet Ep, à commencer par la musique. Ce serait une découverte par un titre ou deux, ce serait bien pour moi. Car il y a beaucoup de recherches, sur les teintes et les tonalités, ce qui vient du fait que le groupe a une esthétique très marquée, que le chant et les chœurs viennent mettre en valeur, au milieu de nappes que les afficionados devraient savourer. Cela s'appuie sur certains codes venant d'autres sphères, notamment le jazz, renforçant l'immersion dans ce monde progressif. Et peut-être que c'est trop progressif pour moi, m'emmenant vers quelque chose dont je n'ai pas les clés.
Il y a une ambiance particulière qui imprègne aussi cet Ep. C'est vraiment quelque chose de différent, de bien à part, reposant sur les changements réguliers, les déviations mais surtout qui est lié aux couleurs musicales que le groupe déploie et qui engendre une sorte d'abstraction qui nous emmène loin (certainement bien plus loin pour ceux qui vont adhérer). Elle marque aussi la temporalité, jouant à la fois sur l'aspect années 90 mais aussi quelque chose qui se serait échappé des années 70 (dans certaines tonalités et certains plans).
Le chant est aussi un des élément marquant, puisque liant le tout et collant complétement à l'esprit parfois singulier qui peut s'exhaler de l'Ep. Un chant tout en finesse, qui n'en fait pas des caisses et ajoute à cette immersion.

Le son est très bon, laissant chaque facette s'exprimer, ainsi que la présence des tous les instruments. Rien n'est superflu, tout est réfléchi et le chant (et les chœurs) trouve naturellement sa place au sein de cette entité.

Numa propose un Ep de rock progressif qui plaira à coup sur aux amateurs du genre. Même si ce n'est pas vraiment ce qui m'accroche et que vous êtes comme moi, ça ne vous empêchera pas de passer un bon moment (et peut-être, pour vous, d'accrocher au groupe).