Hostia est un délicat groupe formé en 2017 en Pologne, du côté de Varsovie. Il cultive une forme d'anonymat, la musique étant pour eux l'élément principal (bon, l'anonymat est plus discret maintenant du coup...). Le groupe est responsable de deux albums et d'un Ep. Ceci est son troisième effort. Ah oui, accessoirement, le groupe navigue dans le grind.

Sans plus de cérémonie, le titre 'Ceremony' (ha tiens, quel curieux hasard!) ouvre les hostilités. Bon, le groupe n'y va pas par quatre chemin et balance directement la sauce, avec la saucière, la casserole de la sauce, les ustensiles ayant servis et l'intégralité de la cuisine dans notre gueule. C'est brutal, très rapide, directe et sans fioritures. Le groupe va à l'essentiel, en prenant malin plaisir à bien nous décalquer la gueule.
On part sur une rouste d'un peu plus de vingt minutes, qui ne laissera pas de temps mort ou de moments de répit. Que nenni! Pas de temps à perdre avec des trucs qui ne servent à rien ici.

Ca bourrine sec du coup. Et malgré cela, c'est du bourrin intelligent, de celui qui est réfléchi mais avec une urgence absolue. Et malgré cette contrainte, le groupe arrive a balancer des riffs qui sortent un peu du carcan du grind, à l'image de 'Nailed' où le riff principal a un angle indus. Et c'est un des éléments du groupe: se servir parcimonieusement de certains éléments semblant venir d'ailleurs, qu'il intègre à son grind, lui permettant d'amener de la texture et de la variation, malgré le côté un peu court des titres (le plus long faisant 2'02''). Au-delà de cette variation, le groupe amène aussi des titres qui ont la capacité de se détacher les uns des autres, jouant aussi sur certaines notions de rythmes.

Car même si le groupe ne joue pas dans la lenteur, certains titres vicieux vont faire mal avec une lourdeur détestable pour les cervicales, en amenant un rythme lourd avec un côté martial (pas le prénom), pour te faire taper du pied (et peut-être péter la dalle). Cela dit, il faut attendre le septième titre, 'Little priests' pour le plaisir de la souffrance des cervicales. Car le groupe ne joue pas trop sur les contrastes mais plus le côté massif et abrupte. Ce qui ne l'empêche pas d'amener des rythmiques pouvant aussi prendre dans le hardcore, ici et là. Au cas où ce serait un poil trop calme.
Et le groupe cultive ainsi des idées de riffs et de rythmiques sympas et surtout, redoutables d'efficacité. Et de glisser subtilement des nostalgies musicales ici et là (à vous de trouver lesquelles, je ne donnerai que Napalm death). Mais de façon fugace, sous forme de clin d'œil, le groupe ayant sa propre identité, sans le moindre doute.

Et malgré ces titres concis et intenses, le groupe arrive quand même à nous dessiner, en arrière plan, un univers particulier tout en cultivant et nous rappelant ses origines. Car oui, quand on sait que le groupe est polonais, si on s'y connait un peu, on sait à quoi s'attendre. Et le groupe ne déçoit clairement pas. Il a cette hargne et cet ADN typique du pays, en plus d'offrir un grind vindicatif qui ne renie pas son époque. Mais au-delà de ça, il y a une notion de quelque chose d'instinctif et de primitif qui sourde du tout. Et ça le rend très jouissif du coup.

Le chant est intéressant car il joue sur les différentes possibilités qu'offre le style mais avec une approche le situant entre Napalm death et Shit fucking shit. Le gars est très à l'aise et amène un débit pouvant être rapide, comme si il amenait une notion de slam dans son chant.
Le son est très massif, avec une batterie où les caisses claires ont un son cru, amenant un peu de contraste par rapport à la dominante plus grave qui domine sur le reste (et donnant un côté entre le son tchèque et le son polonais). Le chant est très net, à l'équilibre avec les instruments.

Hostia livre un album massif et brutal de grind, un excellent moyen de se faire connaître de notre côté. Ca envoie sévère, sans fioritures. Une excellente découverte à faire.