Morose est un étrange one man band du 93, sévissant dans un registre bizarre qu'il définit comme de l'industrial noise périurbain. Bon, ce qui est sur, c'est que Nean est festive en comparaison. Car ici, tu peux oublier toute joie de vivre. C'est froid, synthétique, désincarné et foutrement dépressif. On est face à un objet sonore qui redéfinit la bizarrerie et l'expérimentation.

Honnêtement, j'ai vraiment du mal avec ce truc. Partagé entre certains éléments accrocheurs et la majorité qui me passe largement au-dessus de la tête. Surement à cause de ce qui suinte du monstre qui se déploie devant nous. le gars derrière l'utilise comme un exutoire. C'est foutrement très bizarre, au-delà des limites du bizarre.
Le coté musical est assez répétitif, lancinant, semblant vouloir être rébarbatif pour user les nerf, t'emmener dans son exutoire fou. C'est très froid, très synthétique, presque déshumanisé. On y trouve des boucles musicales, voir des loops lorgnant vers la techno parfois mais c'est vraiment encore plus malsain. Ca a tendance à vite me saturer et pourtant, il y a un paradoxe à savoir où va aller le gars. On est dans un coté très proche des limites perméables entre electro, cyber et d'autres domaines plus obscurs, marchant sur le fil d'un rasoir.
Les vocaux sont justes des paroles déclamées. Et là, il y a un coté poète moderne, urbain. Ca colle à ce que le gars nous délivre comme univers, un univers mort de béton et d'acier. Les paroles qui sont parfois audibles oscillent entre une forme de poésie et un crachat de haine à la face de la société (dans le sens du système), vomissant son exaspération d'un monde sans intérêt.
Le son n'est pas mauvais, compte tenu de l'étrange sphère musicale. C'est même un élément qui est très cohérent avec le reste, oscillant entre ce coté froid, désincarné et une certaine forme de poésie que l'on ne peut pas enlever au type derrière cette entité.
Le gars n'est quand même pas un bourreau, les titres étant relativement courts (sauf un qui dépasse les 3 minutes). Cela semble être prévu pour, car au-delà, pas sur que ce serait écoutable sur la durée sans fondre des paquets de neurones.
C'est un étrange projet pour les amateurs d'osni, qui ont une bonne santé mentale (ou alors qui sont complètement perché et perdu dans un monde guère plus joyeux). Pour les curieux, le lien vers cette étrangeté pas si étrange au regard de notre société malade.