Obsidian Mantra est un trio polonais fondé en 2014, avec un premier album ('Exitencial gravity') en 2017 et celui-ci donc, sorti en 2021.
L'album s'ouvre sur 'Shield of disbelief' qui annonce la couleur: ce sera du death. Mais ce premier titre est aussi un peu étrange, de par le chant, essentiellement étouffé et par un coté death assez basique (mais qui a des fulgurances qui défouraillent). On se dit que ok, le chant est original mais pour la musique, sans plus. Et l'erreur stupide serait de s'arrêter à ce titre. Car la suite est foutrement plus intéressante et va explorer aussi bien des thématiques particulières qu'avoir une approche musicale quelque peu déviante, amenant des éléments musicaux collant aux thématiques que le groupe développe (les problèmes d’irrationalité et de vulnérabilité de l’humanité).

Le groupe propose alors, au-delà du death basique un ajout intéressant, par un coté groovy qui apparait alors. Et c'est alors une escalade dans quelque chose qui est dense, complexe et très accrocheur. Le groupe offre déjà une variété dans les tempos, allant de parties lourdes en fulgurances brutales, en passant par du mid-tempos, le tout avec ce coté groovy évoqué. Les structures qui se développent sur l'album offre beaucoup changements et crée des ambiances par toujours très joyeuses. Il va installer des plans rythmiques très différents, générant milles facettes qui se rejoignent au travers de la thématique générale. Très bien réfléchi, cela installe aussi différents niveaux de structurations, aussi bien à travers l'album que des titres.
Le groupe crée ainsi une sorte de cheminement / exploration des thématiques via la musique, posant des bases accrocheuses et cohérentes. Cela permet ainsi au trio de pouvoir tisser une trame qui lui permet de nous ouvrir une porte sur un univers assez clos dont il devient le guide. Et qui explique aussi pourquoi le chant peut être étouffé parfois. Mais le groupe, comme je l'ai écris plus haut, avec une approche musicale déviante.

Car la musique du groupe recèle des détails qui font force et cohérence avec l'ensemble. On retrouve ainsi de la disharmonie, des altérations (de notes ou de structures), des moments où il semble y avoir des passages renfermant des notes atones... L'album est rempli d'éléments qui appuie sa base thématique, passant aussi ainsi par deux interludes en total opposition (un clavier sans harmonie, très désincarné). On retrouve aussi ces éléments dans des structures qui vont attraper l'oreille de par leur forme inhabituel, appelant la aussi à la déformation d'une réalité, en jouant sur du contretemps, de inversions de gammes ou même quelques moments où les sonorités ne sont pas habituelles à nos oreilles.
C'est extrêmement bien vu, surtout que le groupe a aussi une vision plus large de ces éléments sur la totalité de l'album, notamment les choix des tonalités, en allant au-delà des simples éléments musicaux. Il y a aussi des dissociations musicales qui sont parfois présentes, créant une sorte de malaise à la fois sur un aspect musical que quelque chose qui touche plus au physique, littéralement. Ca crée un lien et une cohérence très intense et diablement immersive.
Le chant fait aussi partie du coup de ces éléments. Car si il y a bien un chant guttural death courant, le chant va aborder des approches un peu différentes, comme le chant murmuré (mais sur une base saturée). Cela permet au groupe de travailler sur des approches un peu différentes et qui ajoute aux trames de l'album.

Le son de l'album est excellent. Et je ne vais pas parler de ce qui est logique (la puissance, mix et autre) mais bien du travail fait en lien avec les éléments atypiques, qui crée une cohérence de bout en bout de l'album (et explique avec le reste l'approche du premier titre). Le son participe complètement à la réalisation de cet univers assez sombre, que le coté groovy rend plus acceptable. Je ne peux que vous conseiller furieusement de vous pencher sur cet excellent album.