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Mechanica temporis

Downright Malice

Autoproduction

24 février 2022 à 15:18:11

CD

2021

10 titres. Durée: 41'33''

Une petite vidéo:

Downright Malice est un groupe de vétérans français formé en 1987, dont je ne connaissais pas l'existence jusqu'à la prise de contact qui déboucha sur l'envoie du disque. Après deux démos cassettes et 5 disques, le groupe est revenu l'année dernière avec un nouvel album.

Présenter ce que fait le groupe n'est pas évident. On va donc dire qu'il pratique du metal tapant aussi bien dans l'extrême que dans des genres plus grands public (bon, essentiellement le heavy metal). Et cela fait que le groupe offre deux principales facettes: de la mélodie et de la puissance. Et je pourrais m'arrêter là en vous disant que c'est bien, soutenez le groupe mais ce serait un peu court.
D'entrée de jeu, avec le titre 'Downright Malice', le groupe nous pose les deux facettes de ce qu'il est, ainsi que les mécaniques qu'il utilise, pour bien nous tataner la gueule (car certains passages sont plutôt vigoureux). Ce qui se détache d'abord, c'est le coté mélodie, avec des riffs qui se gravent dans la tête, qui peuvent être accompagnés de claviers discrets arrivant à point nommé et des mélodies très arrocheuses qui entretiennent tout le long de l'album une cohérence et lui donne une direction. Le sens mélodique du groupe n'est pas à mettre en doute, le prouvant bien par les différentes incrustations de styles qui parsèment l'album (toujours en cohérence avec l'ensemble). Et il est intéressant de trouver les riffs plutôt heavy allant rencontrer des sphères plus radicales, puisant dans le death ou le black mais toujours avec une approche mélodique.
Le groupe ne reste pas néanmoins pas figé dans une manière de faire linéaire et offre beaucoup de variation dans les approches, les transitions ou même les structures, rendant sa musique très riche et intéressante. Le groupe dévoile alors un autre aspect lié à la mélodie, qui est une maitrise de la construction des titres (qui je le rappelle, vont titiller des sphères plutôt vindicatives parfois) et cela lui permet d'injecter un jeu d'émotion, passant par divers sentiments, de la mélancolie à une certaine colère, le tout soigneusement contrôlé. La mélodie se fait vecteur et pose des jalons à un univers assez dense.

L'autre aspect est la puissance, comme je l'ai dit au début. Et là, on a plutôt quelque chose qui ressemble à un festival. La puissance est déjà présente dans le heavy qui imprègne une partie de leur musique. Mais ce n'est qu'une des facettes, la puissance prenant les oripeaux aussi bien du death, du black ('Malleus malifecarum', usant aussi des codes du genre), insérant des gimmicks thrash de façon pertinentes, toujours associé au heavy, offrant une variation de thème lié au genre. C'est bien vu car cela donne une cohésion des titres, tout en leur offrant le moyen d'explorer d'autres sphères. Et cela leur permet de pouvoir offrir des changements de rythmiques, de jouer avec des tempos, permettant de créer des moments pouvant être parfois plutôt proche d'une vision atmosphérique dans l'esprit.
Les titres offrent parfois des contrastes au niveau des rythmiques, pouvant en son sein accueillir quelque chose de très posé, très sensible et en même temps de pouvoir balancer un passage fait pour te foutre sur la gueule, sans autre forme de procès. Et même dans les structures des rythmiques, le groupe apporte un travail important, tant que pour la cohérence que pour la variété et crée une fluidité inattendue, de bout en bout. Et cette fluidité se rapporte alors à la puissance, inexorablement. Une sorte de boucle vicieuse plutôt jouissive. Il y a aussi une petite touche électronique ici et là (par un clavier judicieux ou d'autres sonorités) qui apporte aussi un autre point de puissance, volontairement plus froid et désincarné mais tout en subtilité, sans s'imposer et prendre le pas sur le reste.

L'aspect chant est intéressant. On a deux chants complémentaires, l'un clairs, plutôt sur des bases heavy (et foutrement bon en plus), posant des bases sur lesquelles le second chant, saturé, va explorer des paysages black ou death, les deux se rejoignant quand une évocation plutôt thrash arrive, offrant deux facettes de chants au style. Aucun des deux chants ne prend la pas sur l'autre. Ils sont tous les deux placés judicieusement, toujours avec une complémentarité même lorsque qu'un passage implique une opposition de chant, cette opposition trouvant un écho de complémentarité dans le placement des voix. On est pas dans de l'aléatoire mais bien dans une maitrise complète à tous les niveaux (musique et chants). Les chants vont même jusqu'à s'offrir des matchs de pingpong vocaux, très accrocheurs et qui sont cohérents avec l'ensemble.

Le son est excellent. Outre la puissance évidente, il y a beaucoup de détails qui s'entendent, apportant de la densité (du moins encore plus) et donnant corps à l'univers qui se dépeint sur l'album. Il n'y a pas d'éléments qui prennent le pas sur d'autres, le groupe contrôlant clairement le mixe, imposant sa vision jusque dans les moindres détails. C'est très riche, avec un coté percutant mais qui sait aussi mettre en valeurs les aspects mélodiques et amplifier els sections rythmiques plus imposantes.

Donc, je découvre un groupe de vétérans avec un album excellent de bout en bout, que j'écouterai à loisirs avec toujours autant de plaisir et que je vous recommande vivement (en plus de peut-être découvrir un groupe qui envoie le steak!).

© Margoth PDF

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