

MARGOTH 5
PDF5
Masked Enemy
Primal Age
WTF Records
31 mai 2021 à 14:37:39
CD
2021
11 titres. Durée: 34'02''
Une petite vidéo:
Primal Age est un groupe ébroïcien (comprend d'Evreux, en Normandie) qui commence à avoir une bien belle carrière. Et, incroyable, le 11 juin sortira leur nouvel album, 'Masked enemy', qui est donc le sujet exposé ici. Ceux qui ne connaitraient point le groupe, celui-ci évolue dans un metal hardcore un poil énervé depuis 1995.
Ceci est donc le nouvel album du groupe. Et après une intro reprenant un morceau d'un discours d'une adolescente devenue célèbre par celui-ci, le premier morceau arrive et va directement dans le gras de la carcasse, nous remettant tout de suite dans le bain de ce que propose le groupe, histoire de bien te rappeler que, quand même, ils ne sont pas là pour rigoler. Engagé sur de nombreux points, le groupe ne faiblit pas, gagnant en puissance à chaque progression. Car même si ils nous remettent les choses en place, il y a quelque chose sur 'Wise old man' qui offre un petit truc d'évolution, que l'on sent et qui prend par la suite une sacrée ampleur. Il y a, au-delà de la densité musicale quelque chose de foutrement bon.
Et ce quelque chose est dans l'ADN du groupe, qui sur cet album n'a été aussi metal et hardcore, offrant une exacerbation des deux facettes, qui nous donne le meilleur des deux mondes. N'hésitant pas, pour ce faire, à sortir de sa zone de confort.
Et les titres qui s'enchainent ne font que confirmer cet aspect, appuyant les codes propres à chacun des styles, le groupe jouant avec les codes, les plaçant bien en évidence, nous mettant bien dans leur vision musicale. On se retrouve avec des riffs incisifs, assez brutaux mais avec un sens mélodique qui renforce clairement la puissance de ce que Primal Age propose. L'aspect metal se retrouve dans des parties très brutes, accompagné d'un chant que j'évoquerai plus loin. C'est assez abrasif et le groupe accole à celui-ci des rythmiques presque martiales, qui dérapent alors vers des plans plus typés hardcore, avec des codes spécifiques au genre (les chœurs, au hasard) ou les riffs syncopés (bref, ce que vous devez connaitre déjà). C'est forcément très structuré mais il y a aussi des zones plus floues, brève, où la furie se tapie. Et ces deux pôles constituant les morceaux se retrouvent fréquemment dans une fusion des deux, créant une entité qui est foutrement jouissive.
Le groupe propose des titres carrés, appuyant une violence certaine, au travers de titres soutenus, pouvant être relativement concis, mais gardant en ligne de mire ce coté puissant et rageur, leur permettant de pouvoir faire passer leurs messages de façon efficace. On a le choix entre se péter les cervicales, se jeter contre un mur ou s'exploser le pied en le tapant au sol (c'est selon), les rythmes que le groupe impose étant au minimum soutenus.
Mais Primal Age ne s'arrête pas là. Alors évidemment, dans leur style, on retrouve des breaks qui ne font pas rire (d'où la nécessité d'un échauffement des cervicales), amenant ainsi une certaine variation de rythme, où la lenteur devient destructive, s'opposant aux passages plus soutenus. Et si je dis que le groupe ne s'arrête pas là, c'est qu'il y a des moments qui offrent des passages qui vont effleurer un instant d'autres sphères musicales, tout aussi extrêmes, certains instants pouvant effleurer du power violence (ou même du death parfois, lors de quelques passages où le chant guttural rencontre une structure sonnant clairement death). Sans que cela soit choquant, le morceau préparant sans le montrer cette escalade, tout en restant cohérent (avec le dit morceau et l'intégralité de l'album) et semblant naturel.
'The downside of progress' est un instrumental qui sépare l'album en deux parties, plus dans un ressenti de tonalité de thématiques ( à la lecture des titres), car l'album suit une progression lié au titre de l'album). Il y a même un petit coté rock'n'roll qui vient se greffer à la suite, notamment sur 'Who dares wins' (avec ce refrain entêtant et ce break de malade!) qui évolue dans sa tonalité lui-aussi (et il bute sévère). Cette seconde partie, plus courte, repousse discrètement les limites que le groupe a posé avant dans la première et suit un processus qui prend sens au travers du dernier titre, un instrumental, qui offre le sens du tout, 'Awakening of consciousness', court mais avec un peu coté mélancolique.
Le chant de Didier appuie le fait que le groupe n'a jamais été aussi metal et aussi hardcore. Car il ne se cantonne pas à un chant conventionnel (du moins dans le registre) et offre pas mal de rugosité qui apporte à la fois de la densité et une variation enrichissante, pouvant passer d'un chant plus typé hardcore à un chant guttural, adaptant le chant non plus comme un simple chant mais comme un élément intrinsèquement lié à l'essence du groupe de la la teinte de l'album. Didier repousse ses limites, sortant lui aussi de sa zone de confort et atteint ainsi un autre niveau (comme tout le groupe d'ailleurs).
Le son est juste massif, brutal, avec une basse que l'on entend bien (oui je sais, je suis casse-couille avec ça mais j'apprécie quand on entend bien la basse), offrant ainsi un large spectre musical, d'un strict point de vue musical (et ce qui donne quelque chose de vraiment riche).
Primal Age est en très grande forme et livre un album terrible, plaçant la barre vraiment très haut et qui donne envie de voir ça sur scène, celui-ci semblant calibré pour cet objectif. Il est impossible de passer à coté de cet album.