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Ménophilie

Truie

Autoproduction

8 avril 2023 à 08:42:34

Dématérialisé

2023

10 titres. Durée: 31'37''

Une petite vidéo:

Truie est un duo bayonnais formé en 2007 évoluant dans un death grind très romantique, aux mélodies chatoyantes, auquel on peut avoir accès à une compilation ('bukkake' en 2017), un Ep ('Bokkun' en 2019), un single exclusive du web ('Téquilla et filles de joie' en 2020) et enfin, cette année, un fantastique album, de ce duo qui est, à son humble avis, le meilleur groupe du monde.

L'album va explorer certaines paraphilies (pour faire simple, des troubles du comportement sexuel qui diffèrent de la norme (fétichisme, pratiques étranges, douteuses ou autres), pouvant être cause de divers tracas, en version ultra simplifiée à l'extrême de la facilité) et le titre de l'album fait donc référence à l'une d'elles qui est l'excitation par le fantasme de tout ce qui tout au cycle menstruel ou même un rapport sexuel pendant (et plus c'est chargé et odorant, mieux c'est). Bon, ça plante le décor: fan de poésie, c'est pour vous!

L'album s'ouvre par un prologue qui évoque à la fois le vampirisme clinique et la fête, amenant une ambiance sur le titre plutôt feutrée qui va rapidement déraper, amenant la musique du duo, avec des accents plutôt baroque, liant des lignes black avec des éléments plus grind. Et d'amener aussi une approche à la fois un peu mélodique. Puis le gars commence avec 'Bite en cage' (ha oui, tout est lié au sexe, si tu ne l'as pas compris). Et c'est le début de la déflagration death grind.

Le duo propose un death grind alternant des phases brutal et rapides avec d'autres plus lourdes ou martiales, créant une trame sur laquelle il va tisser quelque chose de fou, puisque le duo fait de la programmation de batterie et donc injecte un élément électro qui apparait parfois, livrant une ambiance singulière, qui va faire le lien avec le prologue, constituant finalement, pour chaque titre, une exploration de la soirée, comme si on évoluait au milieu de celle-ci. Oui, le groupe amène une immersion particulière, avec des intros aux titres de toute beauté, tout en finesse (bon, la finesse d'un parpaing).
Le côté électro amène vraiment une volonté de casser un peu les codes et apporte une densité supplémentaire à la virulence de certains passages, jouant sur des contrastes et les opposés mais aussi amplifier la violence. Il joue aussi sur la nature de l'atmosphère singulière qui baigne l'album. Ce n'est pas un choix hasardeux, il y a vraiment une volonté de glisser quelque chose qui se rapproche du cybergrind, amenant un côté moderne.
Qui est contrasté par le côté baroque qui se développe parfois et va vraiment imbriquer une notion black metal au death grind ravageur, au travers de certains passages ou même en assumant une dominance plus marquée (et jouant avec le nom du titre ('pénétrarium'). Et cela nous renvoie systématiquement à cette notion d'errance en tant que spectateur de cette étrange soirée, en même temps que se glisse une dimension un peu malsaine, qui se lie au concept de la dite soirée.

Les rythmiques vont mettre à mal vos cervicales. Elles sont prendre chères, le groupe alternant bourrinage en règle et moment nettement plus lourd, installant une notion de break furieux (et un peu bizarre ici mais c'est normal). Le duo a une approche et une vision singulière des rythmiques (bien que cela reste dans ce que l'on a l'habitude), qui renvoie aussi à quelque chose de plus typé cyber. Mais le duo ne s'arrête pas là et va bien plus profondément (oh que oui) et glisse en douceur des éléments purement goregrind, que ce soit par des éléments musicaux (et certains se recoupent dans ce que j'ai dit avant) ou à travers des vocaux, en même temps qu'une altération des sonorités. C'est profond, c'est riche et ça crée un univers bien à part mais cultivant la cohérence. Mais le goregrind va aussi venir par des éléments d'intros de titres, qui vont mêler sexualité et gore ('pénétrarium' ha tiens, encore!!).

Et ça devient parfois complétement fou quand tout ce rencontre. Fou mais en aucun cas bordélique car derrière le côté fun et un peu abjecte, il y a vraiment une approche sérieuse pour avoir à la fois la cohérence mais aussi quelque chose de très structuré, qui permet au duo de doser et de varier les divers éléments, dans le but de nous sortir des sentiers battus et d'amener quelque chose de franchement bien foutu et singulier.
Mais il y a aussi une notion de mélodie, avec une finesse de certains riffs, qui amène l'étrange impression d'un film érotique et qui permet d'amener le côté romantique. Ben oui, faut pas déconner. On peut bourriner mais avec tendresse (enfin, selon les différents milieux inhérents aux diverses possibilités de sexualités).

L'album se scinde en deux parties, un inturlute (oui, c'est comme ça qu'ils appellent un interlude). Et cela amène donc deux grosses approches (plus dans les thématiques et un peu à travers la musique) qui joue là aussi cette idée de contraste. La grosse différence est que la première partie va être plus dans le déflorage auditif, avec quelque chose de plus frontal ou plus direct (parce que ça dépend du sens...). Plus bestial, plus primaire, comme un besoin instinctif animal. Ca rejoint là encore cette impression de déambulation dans la soirée, où l'orgie est plus énergique, plus bestiale, sur les 5 titres la composant.
La seconde va amener en plus une dimension un peu plus sophistiquée, raffinée. En quête d'un firmament à atteindre tout en conservant la notion de bien te défoncer en règle. Mais avec quelque chose de différent, plus dans l'objectivité, plus de concret et moins de côté abjecte. Cette partie vise un but ultime, qui se finit par (ha tiens, encore! Mais... tout est lié!!) 'Pénétrarium'. Mais surtout cette partie va accentué à la fois l'aspect plus black et le côté cyber ('Voie lacteuse') mais sans renier le reste. Et derrière le côté fun et décomplexé, il semble apparaitre quelque chose de plus profond et sérieux, servant peut-être d'écrin à un sous texte pertinent.

Le chant est guttural forcément. Mais il n'est pas linéaire et va amener des aspirations plus cyber ou black, glissant parfois des accents (dans l'approche et pour coller à l'ambiance) un peu différents. Cela amène la diversité mais aussi la cohérence dans les titres, collant à l'atmosphère ou l'ADN voulu. Le chant est en français et les paroles doivent être croustillantes (le livret sera bien utile).
Le son est excellent. Il y a une puissance et un côté gras bienvenu! La basse est très présente, efficace et va jouer avec les guitares qui livrent deux niveaux de sonorités (jouant sur les ambiances). Sur cette base, la programmation de la batterie est très crédible, appuyant les divers styles. Et comme cela est de la programmation, le côté électro est du coup un bonus intelligent qui est injecté, ouvrant des perspectives que le duo développe et explore. Le mixe est excellent, permettant les arrangements et le fourmillement de détails (car c'est profond et très riche).

Truie livre un album complètement fou, abouti et cohérent. Un voyage au sein d'une soirée orgiastique avec un univers pété distillant une bonne humeur et un certain humour, me renvoyant aux origines de Gronibard dans le délire, mais avec une approche volontairement plus adulte. Ne passez pas à coté de cet album (qui aura d'ailleurs une édition physique).

© Margoth PDF

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