

MARGOTH 5
PDF5
Lucy's fate
Evil Minded
Music Records
4 janvier 2023 à 15:11:28
dématérialisé
2022
11 titres. Durée: 1 heure
Une petite vidéo:
Evil Minded est un groupe formé en 2010, avec une démo à son actif en 2015, un premier album en 2019 et hop, ellipse dans le temps, 2022, le nouvel album, qui est la base de la chronique. Le groupe évolue dans le heavy des années 80, avec tout ce qui s'y rattache.
Je l'ai souvent dit, le heavy est un genre qui me m'intéresse pas, m'apportant un certain ennui (car loin de ce qui m'accroche vraiment). Habituellement, je laisse ce style à Manu mais là, aux premiers jets d'écoutes, il y avait quelque chose qui me titillait un peu. Et donc, je me suis vraiment mis à l'écoute.
Bon, il ne fait point de mystère: on plonge dès le début dans un trou temporel, renouant avec le heavy classique des années 80, amenant, dans mon cas, un peu de nostalgie (ce qui n'est pas désagréable). On tombe directement dans ce qui caractérise le style de l'époque, des rythmiques et structures aux envolées et au chant qui se module. L'album porte cette empreinte indéniable, cette essence qui est la marque de la décennie, avec un florilège de groupes qui ont pu nous bercer ou nous voir grandir et qui ont, invariablement marqués nos existences (et par la suite, être les jalons vers des registres plus radicaux).
L'album renferme des titres pouvant offrir plus ou moins de développement, installant alors dans les plus longs des atmosphères qui créent une trame sur la longueur de l'album, en plus de créer un lien avec ce qui semble être un fil rouge ou, du moins, une trame narrative. Et c'est là que ça devient intéressant pour moi car c'est ça qui fait que je suis pris dans le jeu du groupe (alors que ça reste du heavy très classique).
En effet le groupe va développer, comme je l'ai dis, des atmosphères mais aussi des sous-niveaux de lectures, jouant avec les structures et les arrangements, glissant une foule de détails qui ne sont pas superflus, étonnamment. Ils participent à la cohésion de l'univers que le groupe dépeint et maintient cette immersion, dans la période d'une Angleterre guère reluisante. Le groupe mise vraiment sur cette mise en valeur, qui permet d'amener un intérêt et me forcer à être un peu plus attentif.
Certains titres amènent dans le rythme une ponctuation, changeant la donne parfois et cassant un peu le rythme. Quelques titres me sortent un peu de l'ensemble et si ils étaient plus nombreux, cela fausserait le ressenti. Mais il n'en est rien, heureusement. Car le groupe offre aussi des titres très accrocheurs, assez rapides quand certains ne sont pas, ni plus ni moins, des morceaux épiques (ou ayant un passage chargeant un côté épique). Certains sont ainsi des titres qui se rapproches d'un hymne et révèle une structuration de l'album qui ne doit pas être dû au hasard, me menant à l'idée d'une trame narrative ou scénaristique. Car au-delà de la cohérence, il y a vraiment un lien de bout en bout.
Le groupe amène évidemment certains gimmicks propres au style. C'est logique et efficace pour le coup, en plus d'être un cri d'amour au style que les gars vénèrent. Ce qui leur permet d'intégrer des éléments parfois différents, accompagnées de transitions (sans lesquelles ce serait plus disparate), notamment dans des structures pouvant s'écarter du heavy pour des contrées un peu plus thrashisantes, de manières ponctuelles. Cela amène alors de la variété, sans pour autant en faire des tonnes et se perdre dans le risque de la noyade des influences qui nous submergeraient. Et il faut reconnaître que c'est plutôt habile!
Cela donne une structure globale à l'album, qui nous maintient à la fois dans cette immersion de style et de la trame que le groupe développe pendant une heure. En jouant avec les rythmiques, les ambiances mais aussi une certaine nostalgie assumée.
Le chant est classique, accompagné de chœurs. Mais le timbre de voix est accrocheur, car un peu particulier. Venant peut-être de cette sensation de l'accent français marqué (que je ne blâme pas, le niveau du chanteur venant clairement des milliers de niveaux au-dessus du mien) et qui est peut-être un peu liée à cette notion de nostalgie.
Le son est excellent. Que ce soit pour le chant, les instruments ou la force de détails et les arrangements, le groupe porte attention à tous, dans le but de nous maintenir dans son univers, cohérent et crédible. Et on sent que c'est fait avec les tripes. On notera une basse présente de façon discrète mais efficace, qui amène son côté catchy.
L'artwork participe aussi à cette immersion temporelle (et dans l'histoire, accessoirement), avec un graphisme qui renvoie fortement aux années 80, notamment vers des albums du côté de King Diamond. L'artwork a clairement sa part de mystère et fait que l'on veut savoir ce qu'il y a derrière et que l'on plonge alors dans l'écoute.
Moi qui ne suis pas un grand amateur de heavy, je dois bien avouer que ce groupe amène un album très plaisant à écouter (et qui je pense, gardera ce plaisir à être récouter, sans problème). C'est une bonne surprise, un de ces albums qui me font mentir, peut-être par son aura de nostalgie mais surtout par un côté sincère qui ressort. Faites vous plaisir avec!