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Love - Hate

Moon Prototype

Autoproduction

15 avril 2021 à 13:50:23

Dématérialisé

2021

10 titres. Durée: 44'04''

Une petite vidéo:

Moon Prototype est un one man band existant depuis 1998, derrière lequel un breton, Olivier Jung est le maître. Ce projet au long cours se voit ainsi aboutir à cet album (ce n'est pas le seul). Amateurs de bizarreries, ça devrait vous plaire.

Le projet évolue dans une sphère indus, intégrant différents autres éléments piochés ici et là, allant de l'électronique, au trip-hop jusqu'à la noise ou le metal. Autant le dire de suite, c'est un bordel foutrement complexe, à l'approche quelque peu inhabituelle mais qui s'avère avoir des caractéristiques bien à lui. Et surtout, il faut avoir un minimum d'ouverture d'esprit.

En indus je suis limité à des choses comme Ministry ou Nine inch nails (ou plus large, Fear Factory) ou dans un registre plus radical, Glaukom Synod. Je pense plus vers quelque chose qui serait une mutation de Glaukom Synod, en plus lent, plus electro et sombre. Car, putain, sombre, ça l'est vraiment. mais avant ça, l'étape du 'Mais qu'est-ce que c'est que ça?' viendra en premier.
Si tu es de nature heureuse, cet album devrait bien te calmer. Car l'ambiance globale et la tonalité vont clairement vers quelque chose de sombre, évoquant plus dans l'esprit du funeral quelque chose (bien que ce n'en soit pas mais l'idée est là, bien ancrée et que le funeral a des chances d'être plus gai parfois), nous livrant un indus electro sombre et malsain. Ce coté malsain vient aussi bien des tempos (j'y arrive un peu plus loin) que d'ambiances suintant tout au long des titres, avec des sonorités qui accentuent ce sentiment de malaise. Ce coté sombre se retrouve aussi dans les constructions et le son, qui est là aussi bien à part. Ce qui est certain, c'est que ce Love*Hate est un chaudron où une mixture de sorcellerie sonore bouillonne.
Ce n'est pas frontalement brutal ou violent. Avec MP, on s'éloigne clairement de cet angle d'attaque pour un autre bien usant de beaucoup de subtilité pour te mettre finalement face à une forme de violence hybride un peu perverse, retors dirais-je même.
C'est foutrement étrange, trouvant des sonorités improbables (comme ces sons évoquant le chant des baleines par exemple, sur 'Hate Love Hate', développant un étrange sentiment entre malaise et dépaysement planétaire). On se retrouve avec des nappes de synthés, des samples qui viennent de je ne sais où, parfois une ligne de guitare pas très joyeuse. La structure de MP est très étrange mais complètement cohérente à sa nature hybride.
Le tempo est lui aussi très typique de ce projet. Oublie des tempos rapides, des breaks et tout ça. Mais de coté. Le rythme est lent, mais pas lourd. Ici la lenteur sert de moteur au coté synthétique assumé, sans espérer de variations. C'est un rythme assez hypnotique parfois, lancinant souvent mais qui est logique avec la musique qui se dévoile à tes oreilles et avec l'âme qui se dégage du projet.
Malgré ce coté synthétique, froid, il y a pourtant derrière cette chappe déshumanisée une certaine chaleur qui arrive à tracer sa route, apportant une autre subtilité permettant de générer un contraste circonstanciel (comment le définir autrement?) et au niveau sonore.
La voix n'est pas omniprésente mais lorsque qu'elle pose son chant, on se retrouve avec quelque chose qui évoque Marylin Manson, en moins joyeux là aussi, lors de ces périodes qui ont été plus proches de l'indus. Le chant peut être parfois presque incantatoire, obsédant, rejoignant ce rythme lancinant qui se pose. Son utilisation est d'ailleurs parfois étonnante, parfois même associée à des sonorités comme des chants presque shamaniques ('The challenger').
Et tout se rejoint dans ambiances synthétiques, quasi robotique parfois. Car Olivier gère complètement cet aspect qui est un des points clés du projet. Il n'est pas sur que l'album fonctionnerait si le coté ambiance n'existait pas, privilégiant juste un coté synthétique.
Le son est particulier, lui aussi assis à la limite des différents genres, prenant de chacun pour créer son essence et se détacher des choses plus conventionnelles. Mêlant grésillements, samples, sons typiquement électroniques... le projet se crée une identité propre.
Ce qui est sur, c'est qu'Olivier réussi son pari, celui de m'embarquer dans quelque chose d'hybride, aux frontières de différents genres, créant une entité vraiment à part mais qui est indéniablement accrocheuse. Et ce genre de projet fou qui nous emmène loin de tout repères plus habituels, j'adore!

© Margoth PDF

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