

MARGOTH 5
PDF5
Less is mort
Maps and Foils
Autoproduction
24 février 2022 à 16:27:46
CD digipack
2021
12 titres. Durée: 28'15''
Une petite vidéo:
Maps and foils est un groupe parisien officiant dans une veine post hardcore/metalcore et ça, c'est juste pour simplifier à mort. Si vous suivez Margoth PDF depuis longtemps, pas besoin de vous présenter ce sympathique groupe, avec un concept unissant musique et images/films, le groupe ayant un univers bien à lui.
Cet album est sorti l'année dernière et j'ai du coup du retard sur celui-ci (et quelques autres, à venir aussi). Pour faire simple je dirais: achetez le, c'est une bombe!
L'album s'ouvre sur l'étonnant 'cendres', titre concis plutôt atmosphérique, servant d'introduction à celui-ci, en amenant un angle d'attaque complétement décalé. C'est un titre assez posé et pourtant, il y a déjà, dans sa courte durée les prémices de ce qui va suivre.
Car dès 'Less is mort', ça y va! Et direct. Un post hardcore chaotique qui vient t'arracher les dents et commence a explorer un peu plus les facettes particulières du groupe. Le titre est concis, avec 1'10'' et ne laisse pas le temps de bien comprendre les changements structuraux qu'il développe sur sa fin, car 'XXXi' débarque, avec cette fois un titre plus long, développant des paroles plus denses, plus sombres et une atmosphère particulière. Et là on commence à comprendre que l'album à une cohérence thématique, avec des textes à plusieurs niveaux d'interprétations (Maps and Foils quoi!), loin d'être de paroles balancées au hasard. Et sur la longueur du titre, des éléments différents apparaissent, marquant un esprit qui va prendre son envole sur certains titres travaillant l'urgence, dans un esprit plus proche du grind (j'y reviens un poil plus loin).
Le groupe amène ainsi des éléments sombres, pas très joyeux certes mais sacrément pertinents, jouant aussi avec les codes et les tonalités. A l'exemple du titre 'Abîme', qui injecte quelque chose évoquant un saxophone où la tonalité renvoie à une sorte de fête foraine et qui contraste avec les paroles ou le traitement musical de base, appuyant des rythmiques plutôt proches d'un beatdown fait lui aussi le contraste avec les riffs et la structure de base. Le groupe cultive cette approche à contre pied, offrant un redéfinitions des règles et pose sa vision personnelle, loin des acquis et des banalités.
On découvre des constructions diverses, s'appuyant soit sur la ligne de guitare, soit sur le couple basse batterie, brouillant les codes et les pistes et impliquant ainsi l'auditeur dans la plongée et la mise en abime qu'offre l'album. Il y a un appuie sur les mélodies qui peuvent être très présentes et soudainement disparaitre, pour placer une basse plus massive et offrir un chaos structurel avec le couple basse/batterie. L'utilisation des mélodies peuvent être très douces, pour contraster avec le reste nettement plus brute mais aussi amener, dans la beauté des mélodies, un coté malsain ou un malaise, jouant la aussi le contraste et offrant dans le même temps un lien à l'ensemble. Et c'est d'autant plus violent pour les breaks ou les changements pouvant alors soudainement s'appuyer sur une section rythmique plus brutale, le tout en restant naturel et cohérent, comme si tout cela était normal, comme si c'était une norme.
Rien n'est laissé au hasard. Le groupe maitrise se qu'il fait, nous emmenant là où il veut, en étant totalement libre de ses mouvements. Naviguant à la lisière du metalcore et du post hardcore (et offrant diverses facettes), le groupe renvoie aussi des appels du pied vers le grind. On peut le retrouver dans des sections rythmiques très appuyées, où le coté percutant est très intense, sans être en contradiction avec le reste. Ou comme avec le titre 'les anathèmes' (qui est aussi avec 'Les yeux' issu de leur Ep 'les anathèmes' qui cultivait ce coté plus brut), qui va affirmer sur un instant cette affiliation au grind / power violence (pour faire lien avec le post hardcore). Et cela n'empêche pas de poser des titres pouvant être nettement plus mélodieux (où la mélodie peut se vêtir de brutalité), déployant des atmosphères tout en finesse et aussi poser un autre élément, renvoyant à un aspect culturel, à l'image du titre 'Le Festin nu'.
L'album suit ainsi une progression et une explorant de recoins plus sombres mais diablement jouissif, permettant au groupe de lier musique, vision artistique et cohérence thématique, le tout dans une démarche réfléchie et qui suit son cheminement dans des paysages à défricher. Le groupe pousse le concept dans ses retranchements, en clôturant l'album avec 'At spes non fracta', un presque instrumental en contraste avec l'album et qui pourtant, dans son essence, reprend l'esprit de l'album, via des sonorités et une exploration d'une variation. avant une explosion finale inattendue.
Le chant en français de Tristan (putain, lisez les paroles ou soyez attentifs!) offre encore plus de travail sur les différents aspects. D'un coté un chant typé post hardcore, agressif et de l'autre, l'injection de finesse, de subtilité, par un chant clair prenant parfois des accents tirant plus vers quelque chose de plus lyrique on va dire. Il y a là aussi un travail de contraste/cohérence, tout en offrant parfois aussi une déconstruction des codes, qui nous renvoie à cet esprit grind que j'ai évoqué.
Le son est excellent. Il y a de la puissance, de l'énergie à fond, sans noyer aucun des éléments sous un assourdissement quelconque. La basse est très présente et joue avec la guitare, lié à la façon de faire du groupe que j'ai évoqué plus haut. Des sonorités amènent une richesse et une subtilité en plus, permettant d'appuyer certains passages.
Vous l'avez compris: vous pouvez foncer directement sur l'album et vous faire plaisir! C'est encore un excellent skeud du groupe, qui mérite d'être connu!