

MARGOTH 5
PDF5
Kivshan
Prey for nothing
Autoproduction
11 mars 2022 à 15:32:29
Dématérialisé
2021
9 titres. Durée: 57'59''
Une petite vidéo:
Prey for Nothing est un groupe israélien fondé en 2005 pratiquant un death mélodique dont voici le quatrième album sorti en 2021. Alors, quand je parle de death mélo, ici c'est un peu particulier, du fait de quelques petits éléments qui valent le détour.
L'album est clairement un album de death, qui apporte un coté mélodique mais surtout une grosse dose de technicité et dans certains plans, lors de mes écoutes, ça m'a rappelé ce que faisait Death et du coup, propose une immersion particulière dans leur musique, du fait qu'outre l'aspect mélo, il y a des éléments qui renvoient clairement à la scène du Moyen Orient et une approche comme avec des Orphaned Land, plus dans la structure musicale que par des ajouts d'instruments traditionnels. Car Prey For Nothing développe ce toucher particulier qui peut soudainement jaillir de la musique et qui fait que l'on rattache aussitôt le groupe à cette aire géographique.
Le groupe propose des titres très diversifiés, amenant un jeu sur les rythmiques, qui ouvrent une gamme importante de possibilités et tissant différentes trames qui se recoupent dans l'ensemble. Le tout au service du concept qui est derrière l'album et qui est l'un des moteurs des variations musicales de celui-ci. Car cet album s'appuie sur la crise social qui secoue l'Israël, divisant son peuple, ignoré par le gouvernement. Et du coup, l'album fait sens pour une protestation que représente cet album et qui donne certaines clés pour la compréhension de certains éléments musicaux ou même certaines parties de titres.
L'album est nourrit ainsi par une colère et un constat et permet au groupe d'évoluer dans sa sphère en toute quiétude, le tout de façon très cohérente. Et ainsi de créer une trame intéressante, notamment quand elle offre des approches comme ce qu'offrait Death ('Each other's throat' nous offre un bon exemple et un compromis entre les deux identités de groupe).
L'album ne se nourrit pas d'une colère renfrognée et de rythmiques pied au plancher. Il y a beaucoup de subtilités qui créent des titres complexes, avec différents niveaux de structures et d'écoutes, livrant une vision avec du recul et une démonstration de maturité. On peut parfois aller un peu loin du death mais celui-ci n'est jamais loin en réalité, venant par des sonorités ou des retours par chœurs ou certains plans se modifiant en quelques mesures.
Mais il y a surtout le gros morceau: le titre épique 'the pinnade'. celui-ci est juste un monument, que le groupe a structuré en 4 parties où ce qui est dans les précédents titres fusionnent en une entité qu'il fallait oser faire, jouant avec les codes mais aussi qu'il faut avoir les reins solides pour proposer un tel titre, sur 4 parties distinctes, qui se suivent pour nous garder plongés dans ce titre fleuve de 26 minutes au total, où le groupe explore totalement une facette que l'on sentait poindre ici et là dans certains titres, offrant un retour monumental de cohérence et à un death mature. Il recèle de nombreuses facettes qui sont guidés par un fil rouge et une trame diffuse qui prend sens sur la totalité des 4 parties.
Le chant est typiquement death, accompagné parfois d'un chœur bienvenu. Mais le chanteur ne se limite pas qu'à un chant saturé, couvrant un spectre assez large dans le death. Car il sait amener quelque passages avec un chant clair, qui colle alors à la trame que le titre développe. C'est parfois osé mais ça fonctionne complétement.
Le son est excellent et au-delà des instruments, la technique est mise en valeur, rendant le tout palpable et engendrant vraiment quelque chose de parfois viscérale, avec des fulgurances ici et là.
Si vous chercher un groupe qui propose une approche un peu à part dans le death, sur des thématiques sociétales, ne cherchez plus: venez découvrir Prey For Nothing et son death bien foutu!