

MARGOTH 5
PDF5
Ite est
Carbonic Fields
Autoproduction
5 octobre 2021 à 14:23:52
CD digipack
2021
10 titres. Durée: 47'26''
Une petite vidéo:
Carbonic Fields est groupe normand venant du Havre qui a vu ses origines en 2017 et dont voici le premier album, qui sort exactement demain (le 6 octobre 2021).
Notre monde est toxique, c'est en gros le résumé que l'on pourrait faire de l'album. Toxique par différents biais, que le groupe distille le long des 9 titres (le 10è est cocasse!). Sujet dense et donc, musique dense. L'approche que réserve le groupe est bien à lui, sans le moindre doute.
Mettre une étiquette sur ce que proposent nos amis normands n'est pas du tout évident: la densité se retrouve aussi dans la musique. Si il est indéniable que la mélodie règne, il y a aussi ses sœurs agressivité et complexité. On retrouve des éléments venant de styles comme le thrash, le black, leur cousin le heavy, le tout soupoudré de progressif.
Terria ouvre le bal, avec une courte intro suivi d'un riff lancinant, ouvrant une voix heavy thrash qui recoupe rapidement une rythmique en béton, avec des structures lui conférant une approche progressive. Le titre est dense, assez complexe et pose les bases de ce qui nous attend à la suite. Il délimite des contours qui seront une clé de l'album. Parce qu'après, ça se complique un peu.
Le groupe commence a flouter les limites des styles et ce , dès le début du vénère Pix(hell), avec une base très agressive, puisant en partie dans le black mais évoquant parfois brièvement du death. Naviguant sur cette base déjà dense, le groupe va y adjoindre des riffs très heavy et surtout une grosse dose de brutalité qui revient par segment, avant de devenir une trame entière, assez vindicative. Et gardant une densité absolue.
Il garde cette idée en tête, avec la densité, n'hésitant pas à brouiller les pistes et même développer d'étranges atmosphères très prenantes (Sad words). Il garde néanmoins en ligne de mire une cohérence, sur cette base qui sert de trame à l'album, où le groupe va tisser ses titres. Cette volonté de proposer une agression dense mais mélodique est une idée qui peut être casse-gueule, on en convient. Mais pas là, bien au contraire. Le groupe sait contrôler ce qu'il fait, offrant des titres très différents, pouvant être massif et assez rentre dedans (une bonne majorité des titres), pouvant avoir un coté très malsain lorsqu'ils vont puiser dans le black (Disbeliever), auquel le groupe rattache la base identitaire de l'album.
Car oui, on peut parler, avec cette approche entre mélodie et violence, d'une base identitaire qui imprègne les titres, même lorsqu'ils peuvent revêtir des oripeaux plus délicats. Mais toujours avec une dose d'agressivité, oscillant sur une base plutôt thrash et black.
Il y a clairement une approche assez sombre, presque délétère parfois, marquant le concept (et qui se retrouve aussi dans le graphisme). C'est elle qui amène ce coté malsain qui suinte et qui donne une part de l'identité du groupe.
Le groupe sait faire la part belle aux titres agressifs et assez rentre-dedans, semblant taillé pour la scène. Il y a une pointe de barbarie certes mais aussi des éléments qui rapproche des structures proches de l'opéra ou de la musique classique contemporaine, distillé un peu partout et qui prend parfois un peu plus d'importance (Devilium (et pourquoi je pense à Devlyn avec le nom de ce titre... Ca n'a rien à voir...)). Le dosage entre sens mélodique et formes diverses de dépotages est équilibré, trouvant écho dans l'atmosphère que l'album renferme, appuyant ce coté sombre.
Mais le groupe n'est pas qu'un petit ensemble de violents coquinous. Il y a de la subtilité à travers chaque morceau. Subtilité qui trouve une concentration particulière à travers un titre. Son nom est 'A bluer shade', dévoilant un coté poétique du groupe et offrant un excellent exemple de subtilité où tous les éléments se rencontrent, offrant un titre puissant mais pourtant délicat, de par sa structure te son approche un peu différente, avec un traitement plus proche d'une sorte de tonique ballade teinté opéra, sublimée par l'apport d'une fois féminine, tout en contraste des autres vocaux. Un titre très dense, puisant un peu partout, dans la base identitaire du groupe.
Depuis le début, j'évoque un coté sombre ou malsain. C'est très net, le doute n'est pas à voir. Mais ce qui est aussi à signaler c'est que le coté sombre n'est pas source de corruption. Car derrière tout ça, le groupe laisse transparaitre un peu d'optimisme, de façon subtile là aussi (bon et sur 'Ite est', seul titre en français, (c'est plus facile à capter aussi à travers les paroles), ayant lui aussi un coté puissant et pourtant, tout en subtilité).
D'ailleurs, le groupe propose pour se sortir de cette tonalité sombre une reprise totalement pété et réussi de 'C'est toi que je t'aime' des Inconnus, apportant un peu de légèreté.
Le chant est intéressant. Il revêt divers aspects, essentiellement par des formes agressives (thrash ou black), offrant des contrastes et des complémentarités, au besoin des évolutions des titres, par une base des deux chants. L'apport de quelques chœurs densifie et aère en même temps les vocaux. S'adjoignant la voix féminine sur 'A bluer shade', le groupe offre une vision plus onirique où les chants prennent une teinte différente, qui se lie à l'atmosphère.
Le groupe développe aussi une identité visuelle puissante, que ce soit à travers l'artwork ou l'imagerie du groupe, offrant une cohérence entre leur univers, leur musique et notre bonne vieille réalité.
Le son est juste excellent. On a un niveau homogène des instruments et des voix. La basse est bien présente, apportant sa touche au coté agressif et brut que distille le groupe. Rien ne se noie dans le reste, nous permettant de profiter des détails inscrit dans la musique, nourrissant le concept. L'utilisation d'un clavier est omniprésente mais de façon subtile et au-delà de la simple utilisation entant que telle. Il a plus un rôle tenant d'une entité inhérente au groupe.
Pour un premier album, Carbonic Fields pose la barre assez haute, livrant un album d'excellente facture, avec des titres très accrocheurs, offrant de la densité et auxquels de nombreuses écoutes permettront de capter toutes les subtilités et facettes que l'album renferme. A découvrir!