Inner Light est un groupe normand rouennais formé en 2022, œuvrant dans un metalcore mélodique, qui nous offre son premier effort à travers cet Ep 5 titres éponymes.

Dès les premières notes de 'Inside my veins', le quintet pose les bases de sa vison du metalcore. Et là, je rappelle que j'ai dans ma tête deux écoles du metalcore: celui qui poutre et celui qui est mou (avec un exemple d'un groupe qui sortit un premier album bourrin puis découvrit le blédina qui impacta fortement sa musique). Et bien ici, c'est un troisième cas, tout nouveau puisqu'il y a un côté mélodique en bonus, qui attaque dès le début. Et marque nettement sa présence. Alors, ça pourrait faire craindre un metalcore mou mais il n'en est clairement rien. Le côté mélodique n'est d'ailleurs pas une mauvaise idée, cela venant ponctuer le cœur de la bête. Il s'exprime par des riffs plus posé, où la tonalité change un peu, estompant le côté brut pour une approche plus sereine (dans le contexte de la musique). Sans pour autant tomber dans la surenchère. Le groupe reste assez subtil dans cet aspect.
En effet, le groupe pose une base puissante qui se démarque par la section rythmique qui calme bien les gens qui pourrait rire en disant 'hahahahaha metalcore mélodique'. Parce que sur ce point, le groupe ne rigole pas et offre quelque chose de massif, avec un percutant pas content qui s'avère efficace. Là où c'est plaisant, c'est que le groupe est parfois à la lisière floue entre metalcore et hardcore, où des éléments purement hardcore viennent apporter une force supplémentaire, qui offre un contraste parfois assez sévère avec le côté mélodique. C'est intéressant car cela amène des structures différentes, en même temps que des phases aux angles d'attaques changeant. Cela induit de la variation mais dans une logique de cohérence, le groupe amenant les éléments avec des transitions fort sympathiques.
Il y a une approche vraiment efficace dans les transitions et certains moments sont savoureux. Quand d'autres sont nettement plus brutaux, le groupe injectant parfois des breaks qui vont vous faire souffrir les cervicales. Car là aussi, il y a une volonté de marquer le coup en même temps que cela offre un contraste avec le côté mélodique (qui peut aussi venir par un tempo qui ralentit), à ne pas confondre avec quelques beatdown vénères qui apparaissent parfois (et ils font mal).

C'est là que l'approche des rythmiques du groupe s'avère un peu différente, dissonante même dans la masse. Si les repères metalcore (et parfois hardcore) sont là, la gestion qu'en fait le groupe est différente, avec un jeu sur les structures, la section rythmique et quelques patterns bien différents de la batterie (des moments de bravoure existent). On se retrouve avec une gamme de rythmiques intéressantes, offrant aussi bien quelque chose de répétitif et lancinant que de fulgurances ou de soudains breaks associés à un jeu plus spécifique qui revient quelques fois.
Le groupe amène ainsi parfois des structures bien étranges dans le contexte mais de manière plutôt vicieuse: car c'est fulgurant, juste un instant, posé avec efficacité et surprise. Associé avec la section rythmique carrée de chez carrée, cela engendre une certaine densité. Et en plus, le groupe ne laisse pas vraiment de moment de répit, les rares espaces de reprises de souffle ne sont là que pour mieux te rouer de coups en changeant de côté. Et c'est là que le tout fait sens, allant dans un même but: l'efficacité. Et celle-ci est impossible à renier: elle est bien là, dès le début, jouant avec la forme mais avec un fond plutôt déterminé.

Le chant est intéressant. C'est une dame au chant (Marine) et elle offre un chant saturé assez agressif. Là où il y a une différence avec les autres groupes de metalcore, c'est qu'elle fait le choix d'utiliser très peu le chant clair (juste quelques fois, jouant sur la trame de la mélodie (et associé à un riff très mélodique) ou du contraste avec le chant saturé). Mais le gros de son chant est fait pour marquer vraiment le côté brut du metalcore que développe le quintet. Le timbre est un peu singulier, éraillé mais aussi avec un grain qui offre, paradoxalement un aspect chaleureux. C'est bizarre mais ça parait foutrement logique dans le contexte.
Le son est excellent. Puissant, propre et laissant beaucoup de détails audibles, notamment sur des éléments de batterie. Je trouve la basse un peu en retarit (mais ça c'est une question de goût car elle est quand même identifiable sans problème). L'accent est clairement mis quand même sur la section rythmique. Les tonalités sont intéressantes, car il y a en gros deux types qui se démarquent: celui pour l'aspect brut et l'autre pour le côté plus mélodique, rejoignant l'idée du contraste sans pour autant rendre la chose décousue. Bien au contraire.

Inner Light offre un premier Ep foutrement bon, porté par l'envie d'en découdre. C'est en concert que ça doit prendre vraiment corps car les titres sont faits pour en découdre sur scène. Putain, venez quand vous voulez sur Montpellier!