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Inferno

Sphere

Deformeathing records

2 octobre 2025 à 15:05:59

CD

2025

10 titres pour 49'29''

Une petite vidéo:

Sphere est un groupe polonais constitué de 5 gaillards de Varsovie en Pologne formé en 2002 qui nous revient avec ce cinquième album, dans une veine death / brutal death, matinée de relents black.

L'album s'ouvre sur un titre servant aussi d'intro, en posant des bases, notamment l'atmosphère qu'il y aura sur l'album via un son caractéristique évoquant la fin du monde via un dieu mais axé vers l'enfer. Les sons évoquent un peu ce qui se fait dans le film Légion, pour vous situez le curseur. Ce titre apporte aussi les bases du death qui va te secouer méchamment, en ligne direct avec le précédent album 'Bood era' mais amenant aussi d'autres chosesµ. Ce titre, nommé 'Invocato-perditus' n'est pas sans évoquer aussi l'ouverture d'un livre (et laissant s'exhaler un parfum malsain) qui va suivre une sorte de fil rouge, à travers les titres suivants.
Ce premier titre pose les bases de la vision du death que le groupe cultive, en même temps que certains gimmicks qui vont marquer l'album, associé à ce qu'il y avait déjà sur le précédent opus qui incluait des infras basses. Le titre est une ouverture sur une vision de l'enfer qui se traduit par les 9 autres titres sous forme de cantiques (canto I, canto II, canto III...) suivi du nom d'un élément évoquant l'enfer ou la damnation, en latin mais assez transparent (Limbus, Luxuria,Haeresis, Violentia...).
Ce premier titre amène aussi, au-delà de la violence, un système de rythmiques parfois bien spécifiques, ainsi que l'approche mélodique que l'on attend pas nécessairement d'un groupe plutôt tourné vers le brutal death (qui reste quand même l'obédience marquante).

Le groupe aime la complexité. Musicale d'abord (c'est très dense et très structuré) mais aussi conceptuelle. Car avant de creuser plus loin l'album et ce qu'il est, il parait certain que celui-ci suit une logique déployée depuis leur premier album (et peut-être dans une moindre mesure leur démo 'Spiritual dope'). Le groupe développe en effet une thématique reposant sur la damnation et la spiritualité (ou l'inverse, c'est toi qui lit) et tout semble lié, inclus le nom du groupe, qui doit recéler une symbolique particulière.
L'album déploie ses 9 cantiques version death, marqué chacun d'une atmosphère particulière et d'un gimmick que l'intro a amené, leur permettant d'explorer une facette particulière liée à la thématique du sujet lié au titre. Et va immerger en partie l'auditeur par une atmosphère propre à chaque titre, ancré dans la thématique ('limbus' étant plus sombre, 'Luxuria' plus axé sur une violence protéiforme...), autour de laquelle se construit des structures complexes, associant des riffs très différents et sur plusieurs niveaux d'écoutes et de perceptions, ainsi que des rythmiques plus singulières parfois.

Ces riffs se voient assemblés en deux groupes très distincts. L'un sert de base au death violent du groupe, s'arcboutant parfois sur certains ayant plus une teinte black (et là, c'est dans la subtilité, n'étant pas utilisé de manière outrageuse mais avec finesse et parcimonie). Cette teinte black effleurant une certaine mélodie mais s'ancrant quand même dans la violence et ajoutant une nuance à l'aspect malsain des titres. Ces riffs structurels sont associés, forcément, à la rythmique (je l'aborde plus loin ce point) et vont avoir un contraste avec le second groupe de riff, qui met en exergue les mélodies (certains riffs offre une approche aérienne voire céleste).
Mais leur intégration n'est pas comme on s'y attend. Ici, c'est assez vicieux car ils viennent associés à des passages soutenus et violents. Les deux aspects se mettant en valeur: la mélodie met en avant la brutalité et l'aspect brutal voit offrir une profondeur inattendue par les riffs mélodiques. Ces riffs mélodiques sonnant aussi bien death que black, quand il n'y a pas, ici et là, d'autres incursions de genre, de manière subtile. Cela apporte une aération dans les titres, où au milieu de cette brutalité existe des moments où l'on respire mais derrière lesquels il est évident que la perversion et un côté vicieux existe, les contrastes jouant avec les perceptions et le ressenti. De sages barbares les gars.
A ça, il est bien sur amené les gimmicks du groupe, présent sur le précédent opus, comme l'usage des infras basses (amenées à divers moments, avec le but de faire vraiment mal, pas nécessairement à un moment déterminé, comme un break) ou le jeu sur des tonalités (qui accentue la présence de deux natures de riffs différents).
Parlant gimmicks, certains sont spécifiques à l'album, que ce soit des samples, de sons spécifiques ou l'habillage des atmosphères par des sonorités pris dans l'imaginaire collectif qui évoque l'idée directement à l'auditeur. C'est un élément indissociable de l'album et qui sert de sorte de trame plus diffuse, liant l'ensemble et les structures avec les thématiques et l'idée générale que les titres exposent.
Les riffs prennent du coup une tournure et un sens différent, avec un regard sous un autre angle, éclairant un jeu de structuration et d'aspects malsains jouant sur une approche d'une perversion céleste - en lien avec le concept de l'enfer. Cette perversion s'exprimant de manière différente selon les titres et avec une intensité variable, liée au sujet du titre.

Les structures jouent aussi avec les rythmiques. On retrouve beaucoup de rythmiques rapides et brutales, jouant parfois avec la ligne diffuse brutal death / brutal black, sans pourtant autant perdre sa nature en route. On est sur un fil du rasoir où la précision est absolue.
Les rythmiques vont inclurent, ici et là, quelques rares moments où la lourdeur prend le pas, livrant de rares breaks redoutables (musicalement et pour les cervicales) et se mêler avec les riffs, que ce soit ceux qui privilégie la brutalité ou ceux cultivant l'aspect mélodique. Et le jeu des rythmiques et assez vaste, sans pour autant tomber dans le grand n'importe quoi (si tu t'attends à une ballade, je... pourquoi?) et surtout va jouer sur l'esprit et la nature des rythmiques (martial, blast, lourdeurs). Cela amène une grande variété de possibles que le groupe explore joyeusement, en gardant en ligne de mir la brutalité et ce côté malsain.
Et ces rythmiques, qui souvent sont imbriquées aux structures, laisse la place à une basse avec deux aspects, rejoignant l'usage des riffs. La basse est aussi bien ancrée dans les structures ou les rythmiques rapides et violentes qu'elle peut offrir un étonnant visage plus léger où certains riffs de la basse, ici et là, sont étonnamment chargés de groove. C'est un aspect qui explose ici et là, soudainement, ouvrant une lecture à la structuration des titres et de l'album plus large (et qui me fait vraiment penser que le groupe a une vision depuis ses débuts, avec un fil rouge précis).

Le chant est guttural, très typé brutal death. Mais il n'est pas linéaire et offre des variations dans son essence mais aussi dans sa nature, sortant parfois un peu de l'aspect ultra brut pour quelque chose, très brièvement, de plus ouvert vers un autre style (sans le moindre excès, faut pas déconner). Un petit guest est aussi présent (un certain Sven de Aborted sur Canto II Luxuria).
Le son est excellent. Massif, puissant, il met les structures en valeurs, s'appuyant sur la parité basse (très présente et polymorphe) / batterie (tout les éléments sont bien audibles) et sur les éléments sonores liés à l'atmosphère. Les riffs sont bien là aussi, avec des guitares qui envoient sévères mais surtout cultivant les deux aspects mentionnés en jouant sur les tonalités et les différences de gammes (bien qu'il y ait une cohérence avec le death en tous points). Le chant est bien présent, avec un équilibre à la musique. Les arrangements et samples apportent un peu de cette dimension céleste vicieuse et ce côté malsain.

Ce cinquième album de Sphere est une putain de déflagration death. Il semble faire la suite des autres albums (lié à l'idée du fil rouge) mais avec une efficacité absolue et un travail sur l'atmosphère associé à leur vision du death. Tu ne peux pas passer à côté de cet album!

© Margoth PDF

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