Asinhell est un trio germano-danois, idée de Michael Poulsen (Volbeat, pour ceux à qui ça parle), qui s'est dit: "Tiens, si je faisais du death avec des potes?". Et donc, voici le premier album du groupe, résolument orienté death.

On a dix titres (en fait, c'est neuf car le dernier n'est pas vraiment un titre mais une curiosité avec des enfants, qui dure 9 secondes). Ici, pas de suspense! Dès le premier titre, on part dans du death mais pas de manière simple. Car le death que nous propose le trio oscille sur différentes chapelles du genre mais surtout, ,en ce qui me concerne, évoque pas mal Death (dans certaines structures, des modulations du chant, des rythmiques ou des riffs) et les origines du style (quand une forme de thrash beaucoup plus violente a pris forme avant d'être baptisé du nom de death metal). Et le trio va sur ça ajouter d'autres choses, qui en font du coup, quelque chose de dantesque (on part quand même de base de quelque chose de riche), en ajoutant de la lourdeur et des ambiances plutôt obscures (voire proche d'éléments occultes).
Le groupe m'a du coup directement embarqué par ce mélange où les évocations de Death surgissent soudainement, avec cette approche lourde brassant des breaks redoutables, avec l'injection de ces ambiances un peu malsaines où la lourdeur développe un côté poisseux, rappelant à la fois, par certains éléments, un death morbide (idée renforcée par certaines incartades lorgnant soudainement vers le brutal death).

Asinhell va ainsi créer une sphère bien à eux, en mêlant ces différents éléments, avec la volonté de tenter une annihilation de masse. Ce qu'ils font d'ailleurs. Et ce, grâce à une arme cachée, à l'efficacité dévastatrice. A l'écoute, il est en effet indéniable que le groupe impose une section rythmique redoutable, en jouant aussi bien sur les tempos que certaines structures, sur lesquelles des riffs rouleaux compresseurs vont arriver pour bien nous broyer, sans vraiment nous laisser l'espoir de la survie.
Mais là où le groupe fait fort, c'est que dans son approche, il ne privilégie pas une répétition mais travaille sur un spectre qui apporte, en plus de la brutalité polyforme, une grande diversité, qui lui offre la possibilité d'explorer différentes voies, ayant toutes le même but en objectif. Et au fil de l'album, une forme plus putréfier de death s'exhale lentement, à travers cette lourdeur associée à ce death particulier. Et il ne fait pas de doute que le groupe laisse parfois s'immiscer un doom death pesant et morbide, de manière brève mais avec là encore une efficacité certaine.
Et c'est là que l'on prend la mesure du groupe, avec cette science du death et son dosage dont il nous abreuve, nous emmenant dans des méandres fleurant des relents occultes ou morbides, jouant sur leur propre nature et sur l'essence même du death que Asinhell nous offre, en mettant en branle une machinerie faite pour ne nous laisser aucune échappatoire.
Et avec ça, le groupe fait montre aussi d'une approche de la mélodie assez singulière, se basant sur des riffs aussi bien fluides que pachydermiques, jouant sur la lourdeur ou au contraire des fulgurances, qui parcourent l'album. Tout semble être construit autour des rythmiques et de certaines structures parfois singulières où des riffs particuliers vont intervenir (ligne saccadée, effet rouleau compresseur ou des altérations dans les notes et le rythmique, induisant un sentiment diffus de malaise mais aussi, dans certains cas, d'exotisme musical). Et cela vient en partie de ce brassage de différents styles de death associé à cet élément thrash très old school qui habite l'album.

Le chant est très death, m'évoquant souvent Chuck, avec des intonations et parfois un timbre qui s'en rapproche. Mais le chanteur sait aussi s'en éloigner et proposer sa voie, en plus d'offrir un chant qui se module au besoin des aspects de la musique. Cela amène une diversité mais sans non plus plus que cela devienne du grand n'importe quoi.
Le son est excellent, avec une tonalité bien grasse mais surtout une texture qui abonde dans le côté morbide dont je parle depuis le début. C'est un son qui lorgne vers un pan de la scène death des années 90, celle qui avait ce côté justement morbide ou occulte. L'accent est mis sur la batterie, appuyant par le côté clair et percutant, l'aspect gras. Et il y a cette impression de rouleau compresseur qui fait plaisir à entendre. Le chant est très net, à l'équilibre avec la musique, permettant de distiller cette ambiance particulière.

Asinhell livre un premier album qui ravira les fans de death, celui qui est gras, violent et qui a une identité forte. Un pur moment de plaisir à écouter et récouter!