

MARGOTH 5
PDF5
Immortal volition
Angel Rising
Music Records
8 octobre 2022 à 08:52:18
Dématérialisé
2022
8 titres. Durée: 32'15''
Une petite vidéo:
Angel Rising est un groupe qui s'est formé en 2018 (je simplifie beaucoup) autour de Listenangel, un guitariste diablement doué et avec une vision musicale bien déterminée. En 2020, il sort un premier album, du nom de 'Angel Rising' dans une veine death, très technique et foutrement bien. Et cette année, le groupe a sorti son deuxième album, celui qui nous intéresse ici ('Immortal volition').
On retrouve rapidement les bases du premier album mais avec une petite différence: le death mélo s'éloigne un peu, au profit d'un death plus brutal, toujours avec un côté moderne (par des samples ou des claviers subtilement dosés). Cette base plus brutale ne fout pourtant à la poubelle les aspects du premier album, à savoir les mélodies et le travail sur des ambiances. Et Angel Rising propose du coup quelque chose de foutrement accrocheur et jouissif. Bon la partie facile est terminée. Ca va se compliquer (pour le meilleur).
La musique d'Angel Rising a évolué un peu, en appuyant donc sur des éléments plus violents, rendant la musique plus violente et percutante, sans pour autant renier des moments très mélodiques, ouvrant la voie à plusieurs angles d'attaques (contrastes, break, opposition / attirance) qui servent de structuration aux titres et à l'album. Le groupe a intensifié son travail et des éléments qui apparaissaient dans le premier albums sont plus marquées. Le côté moderne est toujours présent et Angel Rising propose des choses qui vont plus loin que dans le premier album mais là aussi, sans tomber dans une quelconque facilité ou le piège du style à la mode (là dessus, aucun danger, le groupe continue à faire ce qu'il veut, en se foutant des modes). Et cela donne des sections très différentes, qui, indépendamment les unes des autres, vont esquisser différentes ambiances voire style ('Immortal volition' a un passage très heavy metal mais du grand heavy, pas celui classique) mais qui ensembles offrent un tableau cohérent et brosse un univers dense.
On retrouve les rythmiques particulières de Kevin Talley, avec cette approche différente qui offre beaucoup de contrastes, de subtilités et de nuances, collant complètement à la virtuosité de Listenangel. Et cela nous emmène dans des paysages sonores pouvant être aussi bien brutaux qu'effleurer un certain onirisme, le tout sur des structures de titres complexes où l'on retrouve beaucoup de changements mais tout en fluidité. Cela se mélange à cette approche moderne (puisant aussi dans une ambiance urbaine), prenant aussi appuie sur quelques rythmiques et structures pouvant évoquer des formes de death plus modernes, un bref instant (pas de facilité je le rappelle).
Les morceaux offrent différents visages, que ce soit les uns envers les autres que dans les titres eux-mêmes, montrant le travail d'orfèvre du groupe et surtout une cohérence complète sur la globalité de l'album. Et si sur le premier album je trouvais des éléments plutôt classique dans le genre, ici, c'en est terminé. C'est beaucoup plus abouti, avec des strates marquées, une approche qui ose plus les mélanges et vu au bout des idées, ouvrant complètement la voie à cette approche atypique. Et putain, c'est jouissif!
Car les aspects mélodiques toujours présents ne sont plus nécessairement bornés à des passages plus posés ou onirique. Le groupe y va à fond et si on a des moments comme ce que je viens de citer, il y a aussi des moments où les mélodies vont accentuer la brutalité et offrir avec la section rythmiques des passages martiaux ou très intenses. L'intensité tant d'ailleurs un élément important ici, associé à quelque chose de plus impalpable, lié à l'émotionnel. Et dans ce cas, bordel, on est servi. Ne serait-ce par exemple qu'avec 'Upon the vale' qui livre un segment inattendu mais d'une efficacité et d'un impact incroyable, porté par un chant féminin en complément (sur ce titre). Cela nous livre une très agréable surprise et ce n'est pas la seule loin de là.
Je parlais d'opposition / attirance et c'est ce qui s'exhale de différentes parties. Une façon de pousser les contrastes à leur paroxysme, servant de catalyseur aux différentes subtilités qui ponctuent l'album (et là aussi, il y en a beaucoup, tendant toutes au même but). Et on y retrouve aussi bien les riffs de Listenangel allant plus loin et balayant au besoin des styles différents qui se complètes dans le titre, avec beaucoup d'ambiances qui peuvent apparaître (et là, aussi bien dans des moments plus posés que dans des phases plus agressives, ce qui est rapidement quelque chose d'assez bluffant car gardant cette sacrosainte cohérence). Et cette opposition / attirance se retrouve aussi à travers les rythmiques, qui ne laissent clairement pas la place à un moindre ennui, le groupe offrant des variations aussi bien de rythmiques que de tempos (parfois en quelques mesures). Et cela engendre des moments où tes cervicales peuvent vraiment souffrir, après un bref repos. Et il est impossible de faire l'impasse sur la basse, qui a une utilisation qui va au-delà de la simple basse (et qui rejoint cette opposition / attirance). Certains passages reposent en partie sur le jeu de la basse, qui elle aussi offre ainsi différents visages et vient en ajout de la virtuosité des guitares, à l'image de 'Devil particle'. Et ce titre permet d'ailleurs de prendre la mesure de l'approche globale des instruments, qui prend soudainement sens et offre, de manière inattendue, un lien en même temps qu'une des clés de l'album. Et ça permet aussi d'intégrer le coté amplifier de l'aspect harmonie / chaos du premier album, qui se trouve ici transcandé.
Le chant est plus marqué sur l'aspect guttural, appuyant le coté plus brutal. Mais lui aussi a évolué et offre encore plus de possibilités. Il était un peu à part sur le premier album et il est résolument plus. Il offre des aspects différents plus marqués, s'adaptant vraiment à amener des émotions et appuyer des ambiances plus spécifiques à l'album. Le spectre du chant s'est ouvert et est pourtant encore plus cohérent, suivant la ligne évolutive de la musique. Qui plus, il n'hésite pas à s'aventurer, ici et là, dans d'autres champs, qui là aussi offre un apport de cohérence. Et la complémentarité qui est offert avec le chant féminin sur 'Upon the vale' ouvre aussi un autre aspect intéressant (et qui montre qu'il est capable de se remettre en question pour évoluer).
Le son est excellent. On retrouve ce timbre gras, un peu lourd, abrasif. L'évolution est aussi ici car la basse est clairement audible, faisant partie intégrante de la musique et qui permet d'inclure des variations intéressantes, sur lesquelles les arrangements et les samples vont prendre appuient pour générer cette ambiance particulière qui court d'un bout à l'autre de l'album.
L'album se découvre en plusieurs écoutes, du fait de la densité et surtout de l'effet première écoute qui te met un direct en pleine face sans prévenir. Et qui recèle mille détails qui sont défoncent clairement et qui permet au groupe d'explorer son univers avec leur approche singulière mais foutrement jouissive. Ne passez pas à coté de cet album et d'un représentant respectable de la scène marseillaise!