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II

Evil Drop

Autoproduction

7 février 2023 à 15:07:28

Dématérialisé

2023

8 titres. Durée: 29'13''

Une petite vidéo:

Evil Drop est un duo de Niort aimant le fuzz et le mélange des genres, dont la base se situe du côté des mouvances post. Il s'agit du premier album du groupe, après un premier Ep et surtout un live stream qui a permis de les faire connaitre.

La base du duo est très simple: basse et chant + batterie. Pas d'accessoire superflu ici, c'est une approche assez crûe, au son directement identifiable. Et dès le premier titre, le duo nous plonge dans le bain. Et dans l'art de brouiller les pistes, le duo mélangeant post hardcore, punk et stoner, le tout agrémenté de fuzz à fond (d'où l'identité sonore forte). Et aussi un grain de folie qui survole le tout.
Le duo y va franchement dans son délire, nous emmenant dans un univers très particulier, qui a la particularité d'être assez abrasif, avec un côté grumeleux et agressif, collant complètement à ce que le duo nous offre. Autre chose ne fonctionnerait pas.
Il y a vraiment cette part punk qui émerge fortement, donnant un peu un côté urgent en même temps qu'une approche simple et rentre-dedans, donnant un côté direct dans la gueule. Et le duo, sur cette base (avec le fuzz à fond), va multiplier les possibilités tout en injectant quelque chose d'encore plus frontal, qu'il va mêler à ce côté punk (avec une espèce de je-m'en-foutisme subtile car savamment maitrisée) et qui puise dans les méandres du hardcore. Et cela permet au duo de livrer des structures plus ou moins variées mais surtout d'offrir une large palettes de rythmiques et de jouer sur les tempos, qui vont être, au besoin, appuyés par les sonorités issus de la basse (qui sont modulés pour entretenir une cohérence évidente mais en même temps brouiller un peu les pistes en faisant style, 'ho, je m'en fous un peu, hasard!').
Les rythmiques permettent de varier un peu les tempos et d'amener une alternance de fulgurances et de parties plus lourdes ou de jouer sur des rythmes plus martiaux, tout en œuvrant dans une complexification parfois alambiquée, offrant un contraste avec l'ADN de base du duo et renvoyant à cette idée de brouillage des pistes. On croit commencer à s'habituer, à saisir la chose et finalement, le duo nous prouve que non, avec une inversion ou un break inattendu.
Cet aspect particulier (le je-m'en-foutisme) n'a rien d'insultant ou de flemmard. Bien au contraire, celui-ci sert à nous immerger plus fortement dans leur univers qui, plus il défile, dévoile un côté singulier mais très accrocheur. Et ce je-m'en-foutisme renvoie en partit à l'aspect punk mais aussi à certain angle de vu du hardcore: on fait ça, que tu aimes ou pas. Et le duo ne prend pas spécialement de pincettes, cultivant un côté instinctif qui renvoie encore plus d'énergie, que les titres n'en renferment.

Il n'y a pas spécialement d'atmosphères ici ou même d'ambiances. L'essentiel n'est pas là et d'ailleurs, le duo compense ce particularisme par la culture du fuzz et d'éléments liés de près ou de loin à celui-ci. C'est d'ailleurs la colonne vertébrale de l'album, que le côté punk vient maintenir. Et c'est avec ça que le duo construit ses titres, avec une batterie qui va déployer des jeux et des paternes allant piocher dans des références plus rock'n'roll, appuyer des passages sentant plus une sorte de post hardcore et d'offrir des rythmes alternant des notions binaires efficaces ou d'autres plus élaborées, avec un impact plus dense, ouvrant mine de rien la voie à une certaine forme de modularité.
La basse amène elle aussi son arsenal de techniques et d'approches, celle-ci étant liée obligatoirement à la batterie et va ainsi offrir différents visages, que ce soit au niveau des riffs, des styles ou des modularités plus techniques, liées au fuzz. Mais pas que.
Car le duo joue avec le son et l'aspect abrasif de celui-ci, en même temps qu'il développe l'identité sonore par la basse ou qu'il va injecter les codes musicaux dans les titres, nous emmenant parfois aux frontières des genres, nous plaçant devant un monde inconnu où l'on sent que le duo souhaite lancer une exploration. Et quand on se retrouve face à ça, on fait un grand pas en avant dans la compréhension de ce qu'est Evil Drop - du moins en partie. Car même si les titres sont relativement simples (c'est assez relatif car on est pas dans quelque chose de basique, c'est quand même plus compliqué que ça). Car il y a aussi l'élément du chant qui amène une part de l'identité du duo.
Le chant est caractéristique. Point de doute là dessus. Il amène une agressive, avec une approche à mi-chemin entre le punk et le hardcore. Ce chant est cohérent avec la musique (un autre chant ne le ferait pas). Il a un côté abrasif lui aussi, faisant le lien avec la musique. Le timbre est accrocheur car un peu rocailleux et va se perdre aussi bien dans l'anglais que le français (avec deux titres).

Le son est très caractéristique car reposant juste sur une basse, son rack d'effets et une batterie. La basse apporte à la fois de la profondeur, de la chaleur et en même temps ce côté grumeleux et abrasif, tout en amenant le fuzz et son cortège d'associés. Elle est à l'équilibre avec la batterie qui offre un son un peu crû, limite live, donnant un impact pêchu aux titres. Le chant est un peu en retrait mais ce n'est pas un point négatif car il reste très audible et surtout, son traitement n'est pas hasardeux et colle parfaitement à ce que le duo crée.

Evil Drop offre un premier album qui confirme le premier Ep et le live stream qu'il avait fait. C'est accrocheur, avec une approche plutôt singulière et qui va directement au but. Une excellente raison de découvrir ce duo singulier!

© Margoth PDF

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