Nean est un one man band du sud de la région parisienne, respirant l'amour te la joie de vivre, se traduisant par l'exécution d'un raw black metal que l'on ne voyais pas venir chez Cracra Records.
Cela se traduit par un condensé de fureur et de brutalité, qui n'est pas là pour faire de la décoration ou de la figuration. Et un poil malsain le truc.

Cela s'ouvre par une intro très dérangeante, mixant son de clocher, sonorités disharmoniques et son volontairement étouffé, où une voix déclame d'un ton monocorde et dépressif un monologue. Et ce qui nous offre alors un contraste sévère avec le premier titre que nous offre l'individu derrière ce projet.
Car dès les premières notes de 'Faceless worshippers', on est pas là pour rigoler. Car malgré un son volontairement sale (ben oui, c'est raw mais j'y reviens plus loin), on sent bien que ça défonce et que ce n'est pas là pour faire plaisir à mamie.
C'est intense, brutal, dégageant un coté malsain par le biais de sonorités dans le son, alternant parfois des phases plus lentes avec le principal qui est clairement pied au plancher, tout en amenant des rythmes quasi-martiaux. Les titres prennent le temps de se développer, recelant des recoins inattendu et tissant parfois des amorces d'ambiances (pas très joyeuses) qui amorce le portrait d'un univers certes sombre mais assez riche et surtout qui a de la crédibilité.
Les titres essaient de se démarquer les uns des autres. Ils essaient, ils essaient... et ils y arrivent, il faut être honnête. Certains vont même jusqu'à offrir de sérieux contrastes de rythmes, amenant des breaks que l'on ne voit pas vraiment venir. Et dans ces moments, l'entité inconnue derrière le projet ajoute beaucoup de détails à son univers, révélant une certaine finesse et une approche un peu plus conventionnelle. Dans le maelstrom sonore que le gars nous balance à la gueule, il y a parfois des mélodies discrètes brèves qui font mouches, rejoignant d'étranges sonorités, semblant vouloir nous emmener dans un autre monde. Que l'on a pas trop envie de visiter quand même. Parce que globalement, c'est sombre et malsain (l'ai-je dit?).
Il y a aussi un coté très immersif, que l'on ne s'attend pas, à la base, à avoir. On se dit 'boh, c'est du raw black quoi' et finalement, ce n'est pas si simple qu'il y parait. Car il y a tous ces détails sonores dans le fond qui font que c'est plus dense et plus profond qu'au premier abord.
Le gars joue aussi avec les dissonances, les altérations. cela crée des sortes de nappes particulièrement dérangeantes, renvoyant un peu au son des vieux films d'horreur (ou du moins ça met en têt des images de vieux films aux ambiances guère joyeuses). et dans ce marasme de violence, la façon de faire n'est pas bête du tout, portant son projet au-delà d'un simple projet.
Le chant est à l'image de l'ensemble, malsain et un poil sale. Mais collant parfaitement à ce qu'il veut créer, engendrant mine de rien une étrange chimère qui accroche pas mal (même si le chant est un poil en retrait).
Le son est particulier, car il y a ce coté raw mais c'est un choix assumé, qui trouve un enrichissement à travers les sons et sonorités étranges qui fait le lien avec l'intro et sert de fil rouge au squelette du projet. Même si le son est raw, on entend la batterie et les guitares, sans que quoi que ce soit ne se perde au milieu du reste. Il y a mine de rien un travail sur l'équilibre du son.
Nean est une curiosité au milieu de Cracra Records, loin des productions dont le label nous abreuve. Mais ça vaut clairement le détour, ayant un coté expérimental qui ressort.