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Hyperion

Sol Draconi Septem

Season of mist

4 mars 2021 à 15:28:49

CD

2021

9 titres. Durée: 45'12''

Une petite vidéo:

Alors là, on a un gros morceau. Assieds toi bien, met bien tes lunettes (si tu en as), ouvre une bière ou tout breuvage qui te plaît et accroche toi à ton slip/caleçon/string/autre. Ca ne sera sans doute pas assez représentatif du monument que le groupe pose là. Tout simplement.

Sol Draconi Septem est un trio composé de Muon, Tauon et Kaon (et aider de Sven (Belenos et Tan Kozh) pour la basse) formé en 2018, autour d'un concept fou pour le registre: s'attaquer à l'œuvre maitresse de Dan Simmons et sa saga 'Les cantos d'Hypérion', un space opéra de science-fiction. L'occasion pour moi de découvrir en même temps que le groupe un auteur sur lequel je me pencherais dans l'avenir. Son œuvre est au même rang que Dune, par exemple (et du coup, je le mettrais bien au même niveau que Stefan Wul et ses romans Noo (2 tomes) ou Niourk...). Et donc, cet 'Hyperion' met en musique le premier tome de la dite saga. Voilà pour la partie facile.

Dès que l'on commence l'écoute, on comprend très vite que l'on part pour un véritable voyage, nous livrant une œuvre complexe, dense et surtout accrocheuse, par le biais d'un black mélodique industriel. Et là, on ne va pas se mentir: dans le genre, avec le concept, le groupe à pris ses gonades (oui, si il y a des enfants qui lisent, c'est plus sympas) et les a posé sur la table. Parce qu'il fallait oser le faire quand même.

L'aspect black metal est indéniable. Alternant des phases rapides avec beaucoup de passages assez atmosphériques, le groupe tisse la trame d'un univers foisonnant, puisant sa force en partie dans un black mélodique (parce que ce n'est pas tout) qui propose de nombreuses formes. Et pouvant aller vers quelque chose de parfois atmosphérique, participant complètement à l'immersion dans l'univers dépeint par le groupe. Les titres prennent le temps de se développer, de développer une ambiance, une atmosphère. Ils prennent le temps d'être.
Le groupe construit ainsi, au fil des morceaux, diverses strates, se recoupant sur la globalité, livrant des récits lié à un même ensemble, recoupant le concept des nouvelles qui chapitre le livre, tout en gardant une cohérence d'univers. Le groupe évitant l'écueil de se disperser. Modulant son black au besoin du récit qu'il met en musique, celui-ci peut être un instant très éthéré voire vecteur d'un certain onirisme puis passer à un black plus rapide, dévoilant une part plus brutal ou obscure.
Les parties de batterie et les percussions ont clairement une importance et un impact, renforçant ce coté oscillant entre le black, l'industriel mais aussi le concept et l'aspect plus globale du space opera. Les rythmiques ne sont pas hasardeuses, l'ensemble étant posé de façon intelligente, pouvant créer volontairement une récurrence qui prend tout son sens dans la globalité ou d'avoir une rythmique plus spécifique à un élément d'un titre (appuyant de nouveau le concept).
Un élément intéressant dans le black que le groupe propose est le chant, très varié. Pouvant être tout à tour plaintif, plus proche d'un chant dépressif ou prendre une tournure plus guttural, marquant ainsi divers éléments romanesque via la musique et le chant, amenant une certaine perplexité: comment est-il possible que ce soit un seul chant? En réalité, l'aspect chant est plus complexe, car celui-ci va osciller entre les 3 membres du groupe, ayant chacun leur particularité, donnant ainsi aux morceaux une densité, en plus de l'adaptabilité au concept de chaque titre, offrant une connexion à l'ensemble de l'œuvre. Jusque là, ça va, ça reste encore facile. Mais le groupe ne s'arrête pas là.

Il y a un coté industriel que le groupe injecte dans sa musique, offrant des nappes atmosphériques, que l'on ne peut qu'associer à la science-fiction et à l'imagerie spatiale du genre, amenant ce quelque chose qui transforme une musique très sympa en un véritable voyage, collant au concept. L'indus que le groupe développe en association à son black leur permet de voguer plus loin, de pouvoir engendrer une immersion complète, tout en lissant une forme onirique, qui va caresser notre imaginaire collectif. Ce n'est pas nécessairement de façon complexe, parfois la simplicité d'une ligne de clavier s'adaptant au rythme suffisant. Toujours selon le contexte musical. Et les sons électroniques n'hésitent pas à flirter avec des limites évoquant parfois d'autres instruments, subtilement, comme le didjeridoo ('The long goodbye'), faisant alors des parallèles tout en finesse qui vont nous emmener très loin.
Si les sons électroniques sont vraiment fait pour l'aspect ambiance, immersif, fort réussi, il y a un autre élément qui défonce carrément, assez peut utilisé habituellement: on y retrouve des cuivres, notamment du saxophone, qui apporte réellement quelque chose en plus, explosant la simple dimension musicale. Il n'est pas là pour faire du décorum mais bel et bien pour apporter une plus value, allant alors vers quelque chose de plus mélancolique ou créer une sorte de nostalgie inhérente à ce registre littéraire, tout en cultivant l'aspect des mondes futurs. Oui, c'est dense, complexe mais foutrement bien fait.

Avec tout ça, le groupe joue sur divers pan émotionnels et imaginaires. On est embarqué bien malgré nous, dès le début du disque, dans un univers que l'on ne contrôle pas, heureux auditeur d'une trame temporelle et spatiale, livrant à nos esprit un univers inconnu aux multiples facettes que le groupe dévoile sans urgence, progressivement, tout en gardant une part de mystère. Et cet aspect intervient aussi par le biais du saxophone ou des cuivres, explosant simplement les limites d'une étiquette musicale. Car, au-delà de la musique et du concept, le groupe donne vie à une saga dont les récits, mis en musique, vont certainement en mener plus d'un à se pencher sur l'œuvre de l'écrivain Dan Simmons, avec la chance d'avoir la musique qui accompagnera la lecture .

Un mot aussi sur l'illustration superbe (de l'artiste Guibz), illustrant la créature de la saga, le Gritche et qui appuie là aussi le concept de la science fiction et me rappelle les illustrations des romans de la collection 'présence du futur', notamment des romans de Stefan Wul et qui dès que l'on a le disque en main, participe visuellement à l'immersion, les codes graphiques rejoignant celles du disque.

Il s'agit d'une excellent découverte d'un groupe offrant une approche différente, que ce soit le concept ou la musique, que je vous recommande chaudement!

© Margoth PDF

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