

MARGOTH 5
PDF5
Humana vana
Obscurantist
Necroscosm productions
17 juin 2025 à 15:16:24
CD digipack
2024
6 titres pour 32'16''
Une petite vidéo:
Obscurantist est un des autres projet de Eklezjastik Berzerk (Sektarism, entre autres), qui va te mener aux confins du black, de l'indus, avec du dark ambient et le tout accompagné de beaucoup de spoken word. C'est étrange, malsain, chargé d'atmosphères plutôt délétères mais, surtout, c'est vraiment atypique.
Les 6 titres portent chacun une part de la singularité de ce qu'est Obscurantist, marquant aussi un lien avec d'autres projets et la vision de Eklezjastik. Il y a principalement deux facettes (mais qui vont être dilatées et reconstitués à l'envie) qui constitue l'œuvre gravée sur le disque. Celle-ci prend son temps pour se mettre en place, jouant avec les possibilités qu'offrent les styles qui parsèment l'album.
Au besoin des éléments narratifs (car oui, il y a un côté narratif, frontal dans les textes et qui brise le 4è mur, s'adressant directement à la personne qui écoute), une atmosphère insidieuse va venir se créer, engendrant à travers, un constat froid et clinique, un malaise volontaire et une plongée dans l'enfer de l'esprit humain et l'entropie humaine.
Les deux premiers titres amènent des éléments essentiels, à savoir une approche prophétique avec 'L'oracle la prédit' et un constat des déviances humaines (surconsommation, comportements...) avec 'Thérapies du désir'.
'L'oracle l'a prédit' entretient une atmosphère monacale lourde, suintante de malaise et de symboliques (plus ou moins accessibles en compréhension). Le titre joue la carte des sonorités, des échos de voix (évoquant l'oracle mais aussi les médias ou les voix dans nos têtes, avec une approche indus ultra minimaliste. Il s'enchaine avec 'Thérapies...' qui marquent le passage à la frontalité directe et brise ce 4è mur évoqué. Il va directement au malaise, à ce qui déconne vraiment dans notre société et dans la psyché humaine (au sens large), toujours avec ambiance délétère, très poisseuse et cette absence de rythme ou de musique en tant que telle. On est enfoncé jusqu'aux narines dans un dark ambient décadent, qui esquisse vraiment les contours de l'univers de l'album. Un univers où le blasphème n'est pas loin, à l'instar de Sektarism (va écouter ça si tu ne connais aps, ça vaut le détour dans le genre). Les deux titres ne sont en fait qu'un prélude à l'assaut qui arrive avec le 3è titre 'Delirium Tremens'.
Ce titre joue la carte de la folie et du délire sous un puissant psychotrope nommé alcool et introduit vraiment l'aspect black metal. Un black froid, violent, baignant dans une atmosphère étrange avec les vocaux, entre spoken word et chant black. La limite des deux est fluctuante, ayant pour but de bien brouiller les pistes mais surtout d'offrir un contraste avec les deux premiers titres, en jouant sur un rythme rapide, une structuration regardant vers un black primitif mais instinctif. Pas de concession, le malaise doit être prégnant. On retrouve un indus crade qui s'y immisce, ajoutant une couche supplémentaire au malaise mais aussi qui appuie la symbolique de manière nette.
Je parlais des vocaux mais il y a aussi, en fond, ces éclats de voix que l'on retrouve sur le premier titre. Ca s'associe avec la base black indus (on va dire ça comme ça, pour simplifier), ouvrant une approche simple car primitive et pourtant, celle-ci n'est pas simpliste. On a cette impression d'un black de la deuxième vague, où le malsain domine mais avec un objectif tourné vers le sujet de l'album, la vanité humaine. Cela permet de jouer sur un aspect spirituel et philosophique, ajoutant au rejet de la religion mais avec un angle loin d'être vain car analytique.
'Soleil nucléaire' revient aux sources des deux premiers titres. On y retrouve cette trame avec les voix, marquant quelque chose de malsain. Le titre fait un parallèle avec notre époque et l'apocalypse, selon un angle religieux absurde, mettant en exergue l'aspect du blasphème, toujours avec l'angle de la vision de la vanité humaine. Le titre se structure un peu différemment reposant aussi avec des éléments de batterie de manière régulière (toms ou caisse clair avec un traitement particulier), amenant une idée de pulsation qui sert de transition et de lien avec 'La chambre du docteur Faust'. Le titre enfonce plus loin le malaise et le malsain, à travers le prisme d'éléments historiques plutôt gratinés (la référence ne vous échappera pas). On repart sur une base avec cet indus malsain avant l'apparition de premiers éléments musicaux plus martiaux (qui font le lien avec le discours présent). Progressivement, à ce côté martial, le black va s'y immiscer, sans non plus être frontal, jouant sur une étrange subtilité, appuyant une lourdeur absolue.
Le dernier titre, 'Séraphin GB 2.0' va être plus vers quelque chose d'encore plus hybride, s'appuyant toujours sur l'aspect spoken word, et faisant un lien avec 'Delirium tremens', glissant une ligne de guitare claire, avec un thème précis, puissant de clarté et de simplicité, mettant les textes en plus grande valeur. Tout cela pour glisser vers un final, sur la fin du premier tiers, vers un mélange entre les différents aspects des divers titres. On retrouve alors une fusion du black, de l'aspect martial, baignant dans un indus malsain. C'est très singulier car il y a à la fois une identité forte et une polarisation des éléments, avec l'envie de les introduire dans la globalité, faisant finalement, un lien avec la vanité humaine.
Le chant est plus des paroles enregistré d'un texte, avec des incursions dans un chant black vindicatif très caractérisé. La voix est ici mise en avant pour porter des messages forts, à la fois blasphématoires mais aussi philosophique et analytiques. C'est un aspect assez clinique, froid mais qui est le moteur de l'album.
Le son est singulier. A la fois assez cru et un peu sale dans les aspects black et indus, il porte en contraste une clarté des voix parlées ou des éléments non musicaux participant à l'atmosphère dérivant d'un ambient malsain. Les instruments, dans les accès black, sont crus mais puissant et efficace et offre une facette différente avec l'aspect martial, très cadré. Le son a aussi une importance marqué, bien au-delà de sa nature, servant de catalyse à l'ensemble.
Humana vana n'est pas un album qui est pour tout le monde, du fait de son côté peut-être hermétique pour les moins acharnés. Il faut aimer ce qui est atypique, malsain et réfléchi (ce n'est pas quelque chose d'instinctif jeté sur un disque. L'instinct a été une base qui a été largement travaillée). Les plus personnes les plus curieuses pourront trouver un album intéressant, étrange certes, mais avec une efficacité venant des chemins pris, très éloignés de ce que l'on a l'habitude. Personnellement, tu l'as compris, c'est le genre de projet qui me parle, déployant vraiment un aspect qui fait réfléchir.