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Human alchemy

Deadspeak

Monomaniax productions

15 octobre 2024 à 15:12:04

CD

2023

11 titres pour 44'15''

Une petite vidéo:

Deadspeak est un duo formé en 2008 en Ireland, ayant migré ensuite en Pologne. A son palmarès, deux démo, cet album et un Ep deux titres sorti cette année (qui arrivera en chronique aussi prochainement). Le duo, un poil énervé, navigue dans un death heavy occulte. Pour l'anecdote, c'est un groupe qui est venu en contact via la poste. Agréable surprise!

Le duo ne fait pas dans la finesse et dès les premières notes, le ton est donné et la base posée. Ca va cogner sévère, avec une approche sombre et une approche particulière des rythmiques et structures, du fait du style dans lequel évolue le duo.
La base death est clairement énervée, avec un angle bourrin, malsain et un appuie sur une forme de lourdeur qui s'exhale de la rapidité ambiante. On flirte ouvertement avec un brutal death occulte, déployant une ambiance malsaine, poisseuse, qui crée une trame intense, volontairement sombre voire délétère sur certains passages, amenant des moments plutôt gratinés. La domination du death se fait via des rythmiques très rapides, à priori sous acides qui s'offrent des changements structurels réguliers, glissant à travers cette variation une bouffée d'oxygène. Et il vaut mieux, car c'est vraiment intense, gardant un aspect soutenu, de bout en bout.
Leur death cultive une certaine lourdeur, contrastant avec la rapidité et donnant une approche assez singulière, nous changeant un peu de ce que l'on a l'habitude d'entendre. Une forme plus exotique qui fait son effet, en somme. Mais le duo ne s'arrête pas là et s'amuse à injecter dans cette base retorse une part de heavy.

Mais pas n'importe quoi en heavy. Ne va pas t'imaginer un heavy classique, à la Iron Maiden ou autre. Ici, ce n'est clairement pas le cas, vraiment pas. Le groupe joue la carte d'un heavy raccord avec leur death, malsain et jouant sur des aspects en particulier. Au-delà des solo qui existent et de structures propres au style, le duo injecte de la dissonance, avec un soupçon d'altération de tempos et de tessitures. Leur heavy amène aussi des variations dans les rythmiques, distillant une sorte de malaise palpable, collant à l'ambiance poisseuse qui s'exhale des titres. Le duo en joue d'ailleurs, avec des imbrications des deux styles, jouant avec les codes, glissant un peu plus de lourdeur dans les quelques breaks redoutables qui apparaissent ici et là, dangereux pour les cervicales.
Et c'est là que ça devient savoureux. Car le duo mêle vraiment les deux styles, en jouant sur des structures parfois alambiqués mais surtout avec une approche rythmique parfois saturée et des structures parfois dissociatives qui se retrouvent dans la trame ambiante de l'album. On a un contraste qui existe ici, utilisant les possibilités que les styles offrent, avec en ligne de mire ce côté occulte largement revendiqué.
Et celui-ci y va franchement, en utilisant les sonorités comme les structures ou des éléments comme les altérations ou cette idée de dissociation plutôt efficace. On a vraiment une volonté d'ouvrir le feu, un feu nourri non-stop, tout au long de l'album.

On pourrait s'arrêter sur ça mais il y a aussi d'autres choses intéressantes que Deadspeak explore. C'est plus dans l'évocation de groupes ou de nostalgie, renvoyant vers une réminiscence d'une période diffuse, venant des éléments constituant sa musique. Comme si les premiers Deicide auraient forniqué avec les début de Venom, le tout saupoudré des début du death (entre le flou thrash et death des années 80). Et le duo en joue bien, lui permettant d'offrir des passages plutôt typés dans cette optique, qu'il va confronter avec son approche musicale et amener, au-delà de la variété des structures, quelque chose de viscéral, qui prend aux trippes (et qui est aussi présent dans leur Ep 'No respect​.​.​. Neither for living nor for the dead'). C'est un parti pris qui réussit son coup, permettant aussi de glisser, dans ces méandres occultes, une dose de folie furieuse.

Le chant est guttural. On a un timbre assez gras, chargé, évoquant Deicide sur certains aspects. Le chant ne varie pas vraiment, hormis quelques instants, ici ou là, visant à appuyer la folie et l'occultisme, avec un chant dont le timbre m'évoque les films Démon et démons 2 de Lamberto Bava. est-ce un hasard heureux ou un clin d'œil? Qu'importe, ça le fait vraiment. Et le chant est en polonais, ajoutant un plus à cette dimension occulte (un seul titre est en anglais).
Le son est excellent, marquant l'identité du groupe. Il rappelle le son des années 90 du death (je dirais même le son des premiers Napalm death, cultivant cette nostalgie plutôt agréable. Le son est gars, chargé dans les basses. Les guitares ont un accordage particulier semble-t-il, offrant une profondeur et un écho au chant. Pas de basse, l'accordage jouant ce rôle. La batterie est très audible, dans les moindres détails, malgré le murs de guitares (car jouant sur l'aspect death et heavy, avec les codes liés). Le chant est lui aussi bien audible, jouant sur plusieurs niveaux. C'est très puissant, avec une volonté de te foutre à terre.

Deadspeak est une belle découverte à faire et à soutenir. Le duo livre un album intense, particulier et très accrocheur, mettant au cœur de son occultisme l'amour de la brutalité, avec une approche réfléchie. File découvrir ce groupe!

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