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Homicidal therapy

Bleedskin

Autoproduction

22 octobre 2024 à 15:20:16

Dématérialisé

2024

10 titres pour 30'42''

Une petite vidéo:

Bleedskin est un groupe belge de brutal death formé en 2016, ayant à son actif deux Ep (dont un live de 2020) et un album. Au fil du temps, de petits changements de line-up ont mené le groupe à une formation sous forme de trio. Le groupe propose aussi à chacun des assauts précédents une progression à la fois technique et brutal.

La formule sous forme de trio pose les bases: ça va être violent. Très violent. Le groupe repousse clairement les limites, posant un brutal death extrême, sans moments de répits. Pas de tergiversations, ça doit bourriner sévère et c'est le cas.
Après l'intro 'Relieve the pain', le groupe y va frontalement, sans pincette, avec des parpaings que même dans le bâtiment, ils en ont peur. C'est extrêmement dense, se focalisant sur la brutalité et la technique, avec une structuration de cette brutalité. Le groupe va très loin, avec des titres clairement mûris et efficaces, choisissant différents axes pour mettre en valeur la violence. Et place la barre encore plus haut.

On va commencer par les riffs. Que dire à part que Céline est une sorte d'usine à riffs efficaces, sans fioritures? Ils sont dans la lignée directrice de la brutalité et son au cœur de la machinerie qui, avec la partie rythmique créant la structure, engendre ce maelstrom de violence. Les riffs offrent différents niveaux, jouant sur la structure et la texture des titres, offrant un côté percutant, qui ne laisse pas de répit. Céline joue aussi la carte des altérations, des contretemps ou des changements soudains de rythmes (et de gamme? Elle seule peut vous le dire). Le jeu est complexe, dense et pourtant il y a une fluidité totale, rendant assimilable l'ensemble.
La structure rythmique est aussi violente que complexe. Déjà par les changements intempestifs de tempos, posant de soudains breaks bien lourds, appuyant une ambiance sur laquelle je vais revenir, en même temps que du contraste, une hiérarchisation (qui fait lien avec l'ambiance et ce qui semble être un développement de thème lié au titre - j'y reviens plus loin) et une volonté de nous balancer un tsunami d'informations - par les patterns de la batterie ou le duo basse / batterie, qui ont clairement un rôle qui apparait parfois, bien au-delà de la simple rythmique (de barbares).
Parlant des patterns de la batterie, ces derniers sont vraiment complexes, avec des changements de structures, de temps et offrant quelques moments où la brutalité se complexifie encore plus. Dans le jeu de la batterie, plusieurs passages offrent une approche un peu plus singulière, ajoutant une dose de brutalité, sous une autre forme. D'ailleurs l'usage de la batterie donne aussi quelques moments en décalage, glissant un brin de folie dans les titres (qui se retrouve aussi dans les riffs et les structures).

Le groupe amène aussi cette idée de progression dans les titres, avec une progression dans cette thérapie singulière et malsaine. Les titres glissent ainsi de plus en plus de folie dans les titres, nous approchant d'un point de rupture d'un rare brutalité et efficacité, jouant avec le jeu des contraste et cette volonté de nous immerger dans un esprit qui s'est brisé, explosant les limites de l'acceptable. Cela ce fait aussi bien par les riffs que les structures et surtout les rythmiques. Le point de bascule étant sur le titre 'Purgatory' où le double sens apparait et brouille la perception de la réalité sur la suite (déjà bien cramée avant le titre). Car après ce titre, même si la brutalité est toujours présente, il y a quelque chose qui change. Mais pas pour se poser. C'est plus malsain. Et avant ça, il faut donc évoquer l'ambiance de l'album.
L'album recèle en effet une ambiance plutôt sombre et glauque, en corrélation avec le thème et cette notion de folie et d'un esprit qui se brise. Il y a quelque chose de poisseux, presque palpable, qui suinte de l'album, allant bien au-delà de la brutalité. Cette idée est d'ailleurs renforcé par les chants (oui, il y en a deux), jouant surement sur ce que l'on est et ce que l'on croit être, mais toujours avec ce prisme de la folie. D'où le titre de l'album.
Mais il y a aussi d'autres éléments qui ajoutent à cette idée (le début de 'Darkest secret') et qui font basculer de manière assez subtile (et c'est un contraste avec la brutalité globale) la perception que l'on a du sujet - l'individu des titres - plaçant un changement vers une victimisation, que l'outro semble confirmer, avec cette histoire de folie et que l'écouter devient le bourreau (en lien avec 'Purgatory'). Oui, je sais, ça peut te paraitre flou mais c'est vraiment ce que je pense (n'ayant pas les paroles pour vraiment savoir vers quoi tend l'album). Et divers éléments sonores ou structuraux font le lien entre l'ambiance - même une atmosphère presque morbide, et le déroulement de la progression que les titres semblent évoquer.
Cela ajoute aussi à la hiérarchisation qui existe dans la brutalité, lui conférant différents aspects, dont certains sont plus dans le ressenti ou l'émotionnel, plutôt sombre, voire négatif. Elle existe dans les structures, les traitements de certains passages mais aussi à travers les titres eux-mêmes et la progression induites.
Les quelques moments plus lourds qui sont distillés ici et là ne renforcent la virulence de l'ensemble te ajoutent vraiment la marque d'une folie exacerbée - apportant un angle plus philosophique ou psychologique. Ca tisse ainsi une trame qui ne nous lâche pas. Et de toute façon, on n'a pas un seul instant d'ennuis sur l'album, tout étant bien réfléchi. C'est ainsi que les chants ont aussi une importance, au-delà des vocaux. Ils servent à une mise en personnification d'une entité floue mais qui se caractérise nettement avec les indices disséminés ici et là.

Les chants sont partagés entre Céline et Adam, les deux livrant une sacré performance. Les deux offrent un chant guttural, du growl qui ne rigole pas et joue avec cette idée de folie et de personnification de deux aspects d'une personne, comme je l'évoquait plus haut. Les différences de tons permettent de savoir qui des deux chantent, le propose restant la brutalité, en même temps qu'incarné une part de la folie avec une légère modulation du chant (s'associant aux modulations de la musique). Cette configuration à deux chants ajoutent vraiment une densité et une immersion plus nette, en plus de prouver que le groupe place la barre encore plus haut.
Le son est excellent. Il est très massif, avec une mise en valeur des bases, ajoutant sa part à l'ambiance des titres. Cela permet aussi de jouer sur les riffs de guitares et de pouvoirs proposer deux niveaux de perceptions, au besoin des titres. La basse est bien présente, avec une tonalité particulière qui fait un lien avec la guitare en même temps qu'existe le couple basse batterie. Ca martèle intelligemment aussi du côté de la batterie, avec un son que je rapproche volontiers d'un son tchèque des années 90 venant du goregrind. Le son de la batterie met la caisse claire et les toms au niveau de l'idée de ce son marqué en basse, sans pour autant gommer les autres éléments de la batterie, jouant aussi le contraste (les cymbales et autres sont bien audibles). Les chants sont mixés à l'équilibre avec la musique, largement audibles et étant complètement différenciables.

Bleedskin, avec ce 'Homicidal therapy' pose un album juste énorme et se place aux côtés de groupes renommés sans rien à envier. Ils placent la barre très haut et impose vraiment qu'ils sont un groupe qui n'est pas là pour faire de la figuration mais sur lequel il va falloir compter. Putain, j'ai hâte de la voir! Album indispensable!

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