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Heretic, sadistic and sexual ecstasy

Hysteria

Adipocère Records

29 janvier 2024 à 09:36:22

Dématérialisé

2024

9 titres pour 46'29''

Une petite vidéo:

Hysteria est un groupe lyonnais formé en 1996, œuvrant dans le death black, en faisant les pionniers locaux du style. Cet album est leur sixième production (5 Ep et albums le précèdent). Et oui, je résume de manière extrêmement succincte leur histoire, sinon il y aurait un petit pavé.

Le groupe va nous plonger rapidement dans l'ambiance avec un premier titre, court, servant d'introduction et qui laisse présager la déflagration à venir à la suite, tout en amenant une subtilité certaine à travers la rythmique et le choix d'un tempo pratiquant une lourdeur aérienne. Et qui propose une approche plutôt esthétique. Mais c'est juste une intro, ne l'oublie pas.
Car dès 'vortex of confusion', on part sur un death black violent, très agressif. Fini la rigolade, là ça devient sérieux. Le groupe confronte des éléments des deux styles, pour notre plus grand plaisir et prend un soin évident à nous en mettre plein la gueule mais aussi à amener de la variation et un jeu dans les structures et les rythmiques, qui apportent nettement de la ponctuation dans les titres (et des douleurs cervicales à causes de breaks assassins). Et cela engendre une approche certes brutale mais d'une grande intelligence.
A l'horizon, pas le moindre ennui à craindre, avec des titres qui défilent sans que l'on ressente la durée de l'album. C'est extrêmement fluide, direct et pourtant, il y a beaucoup de densité et de profondeurs que Hysteria nous propose.

Le groupe impose un rythme soutenu de manière globale mais en distillant ici et là des ralentissements et des changements de structures, jouant avec les codes des deux styles, qu'il n'hésite pas parfois à confronter l'un contre l'autre. Et cela engendre des passages qui s'éloignent un peu de ce que l'on a en tête, habitués des gimmicks du genre que nous sommes. Puis-je parler d'innovation? Oui, surement. Parce que si on s'attache à certains éléments spécifiques, comme par exemple les parties batteries, au-delà de la bravoure des morceaux, il y a des structures inhabituelles et des patterns qui glissent des sortes d'altérations (tempos et structures) en même temps que le batteur va nous intégrer des patterns inhabituels, qui apportent, au-delà de la diversité, une approche qui joue, avec les riffs et les modulations de rythmiques, une approche parfois à la fois mélancolique et onirique, faisant un lien avec 'In perdition'.
Et c'est là que l'on se dit qu'il y a quelque chose de plus qu'un simple alignement de titres et que Hysteria propose un album qui suit une progression, glissant une trame temporelle et touchant, semble-t-il une sphère plus psychologique. Au-delà du potentiel blasphème qui peut exister (surtout par rapport aux dogmes religieux établis), le groupe explore une facette qui se tient à la limite de la croyance, de la perception (et peut-être un jeu avec la proprioception) et de ce qui fait la part sombre de l'humanité (du moins, avec un angle un peu différent).

Cela permet ainsi au groupe d'explorer une trame profonde et riche (et là, je regrette de ne pas avoir les paroles sous les yeux, ce serait foutrement utile à ma chronique), touchant surement le sacré par le blasphème (mais toujours avec un angle singulier, lié à l'album et son sujet global). C'est avec ça que le groupe peut ainsi structurer et moduler l'album, au-delà des structures dans les titres eux-mêmes (renfermant moults moments de bravoure et de rouste en règle) et avec laquelle Hysteria va constituer son œuvre, la trame servant de colonne vertébrale sur laquelle musique et chant viennent se greffer et édifier un monument de violence.
Le groupe va ainsi pouvoir moduler celle-ci, jouant avec quelques ralentissements et un aspect parfois plus mélodique (qui rejoint l'ambiance du premier titre ainsi que ce côté parfois onirique) qui offrent un contraste saisissant et efficace avec le gros de l'album, celui qui est là pour te mettre à terre et te tartiner de coups de pieds. Le groupe semble mettre en valeur une entité, plus qu'un simple album, ce qui explique les différents éléments que j'ai évoqué (et qui me fait regretter de ne pas avoir les paroles sous les yeux de nouveau).
Et cette modulation passe par les alternances où black et death vont dominer tour à tour et s'offrir régulièrement des associations terribles. Et permet au groupe de glisser ces ambiances mais aussi une certaine pesanteur qui s'imprime sur l'album, jouant avec les codes. Ca apporte de la densité, beaucoup de profondeur et ça maintient l'angle d'approche du groupe avec l'intérêt de la musique qui ne s'essouffle pas et ne présent pas un seul moment de flottement. C'est quasiment chirurgical.

Le chant est intéressant car Sylvain propose les deux types de chants, les alternants au besoin. Les deux sont clairement typés dans leur style, offrant une bivalence intéressante qu'explore en profondeur Sylvain. Ca amène aussi bien de la variété que du contraste et une approche qui joue aussi un peu avec les ambiances, amenant une part non négligeable de cette idée d'entité.
Le son est excellent et très massif. Aucun doute sur le style n'est possible, le groupe cultivant clairement les deux facettes dans son approche du son, jouant sur le côté plus grave du death et les tonalités et tessitures plus aigus du black. Les deux styles se trouvent vraiment en synthèse. Les instruments sont vraiment bien audibles, incluant la basse. Le son de la batterie joue sur quelques éléments plus spécifiques (grosse caisse, caisses claires et toms), donnant quelque chose qui joue sur la profondeur et la nature de la musique du groupe. Le chant est très net (c'est mon anglais à capter à l'oral qui pêche), étant globalement vraiment compréhensible, malgré les circonvolutions stylistiques du chant.

Hysteria est un groupe que tu dois absolument découvrir (si tu ne le connais pas). Cet album est une excellente occasion, en plus de proposer un album très carré que tout amateur d'extrême devrait trouver à son goût. N'hésite pas en fait et vas-y franchement!

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