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Heat

Wakan tanka

Autoproduction

25 juillet 2023 à 14:20:27

CD

2023

6 titres pour 19'08''

Une petite vidéo:

Wanka Tanka est un groupe du sud de l'Ile de France, proche des mornes plaines de la Beauce avec à leur actif un premier Ep (River) en 2019.C'est la folie: concerts en salles, dans des bars et quelques festivals. Changement de line-up (une partie) et bim, saloperie de pandémie. Le groupe se retire pour mettre à profit cet interlude. Heat, sorti le 31 mars dernier, est le résultat de cet isolement qui a été productif.

Les premières notes de 'The sun' nous emmène dans des terres surchauffées par un soleil de plombe, le groupe que je découvre ici posant les bases d'un blues rock mâtiné de stoner. Au visuel, je ne m'attendais pas à ça. Et très rapidement, le groupe va dévoiler une approche plutôt intime avec quelque chose de chaleureux qui pourtant renferme une part sombre. Ce premier titre renferme quand même une certaine puissance rock, qui va se révéler plus ou moins dans les autres titres, sous des formes plus diverses. Car 'The sun', au-delà de son rythme plutôt posé à lent, prenant son temps, il n'en est pas moins puissant dans son approche soignée de la rythmique. Le groupe prend en effet un soin apportant à cet aspect, afin de bien dissoudre dans le blues le stoner.
Et pour ce faire, le groupe amène aussi quelque chose de plus orienté vers les années 70, une touche de rock psyché, subtile, mais qui fait son effet. Cet ensemble va créer une trame à la fois sonore et plus viscérale en même temps que ça va créer un état d'esprit retranscrit en musique.
Cela se traduit alors par les aspects blues et stoner qui peuvent se démarquer plus, le groupe jouant avec l'aspect rock (par la puissance ou la structure des titres), sans compter quelques effets ancrés dans la musique elle-même, comme des sonorités ou un choix de couleur de tonalité. Et ainsi le groupe va nous emmener dans un voyage entre les années 70 et les plaines surchauffées (en Beauce, fau attendre l'été cela dit, ce sera plus des plaines vers le Texas ou autour).

Le groupe joue ainsi avec les codes et pose ses bases d'une approche musicale en retenue, où, comme je l'ai dit, l'intime est au centre du tout. Ca en appelle même à des rémanences de souvenirs collectifs, qui vont nous plonger dans un même ressenti mais qui nous touchera chacun d'une manière différente. C'est intéressant car chacun trouvera des points de convergences en même temps que des différences qui se complémentent.
Mais le quatuor va aussi vers des montées en puissance dans certains titres, mettant en exergue cette part sombre, qui se fait plus par la tonalité généralement. Quand il ne va pas poser les parts ensembles et faire en sorte de construire une singularité qui est dans la continuité de la base. Et va ainsi, lentement, nous faire glisser vers quelque chose de plus spécifique, qui marque encore plus nettement le mélange qui s'opère dans sa musique. Et n'hésite pas à poser des repères puissants, comme dans 'Circles' où l'ombre de Chris Isaak plane soudainement dans les riffs, la tonalité ou la manière de ,poser le chant, tout comme le choix du tempo. 'Circles' me fait faire systématiquement un lien avec 'Blue hotel', de part la charge émotionnel qui explose littéralement.
Et c'est là un des points cruciaux de Wanka tanka: l'émotion. L'Ep en est gorgé, qu'elle soit plus intimiste ou plus expansive, feutrée ou bien au contraire, tout en puissance, au besoin des titres, de leur construction et de leur thématique. L'aspect sombre ressort par ce point mais sous diverses formes, où la puissance n'est pas nécessairement dans le traitement d'un rythme soutenu mais plus par un appui de notes ou du chant qui se module, toujours avec en ligne de mire cette approche à laquelle, à la base, on ne s'attend pas.
Tout cet ensemble rend l'Ep du groupe à la fois puissant (musicalement ou émotionnellement) et étonnamment attractif, se gravant de manière efficace dans notre esprit. Le groupe révèle une approche chaleureuse très humaine, venant clairement du cœur et des tripes. Et mine de rien, cela s'avère être un Ep étonnamment massif dans le genre, une sorte de monument (notamment dans la gestion des tonalités).

Le chant joue sur la base blues / stoner. Le timbre de voix d'Erwan y est aussi pour beaucoup dans le ressenti. Il navigue avec sa voix, n'hésitant pas à monter en puissance ou bien, au contraire, à cultiver cette approche intimiste qui marque l'Ep. Mais là aussi son chant marque ce côté chaleureux, s'avérant totalement lié à la musique, ne laissant pas la place à des errances vocales. La puissance et l'émotion sont bien ancrées à travers le spectre de son chant.
Le son est très chaud, le groupe ayant enregistré l'Ep en analogique. Cela permet de restituer cet état d'esprit en même temps que de marquer plus fort l'engeance du blues rock avec le stoner. Le son est nettement chaud, en plus d'avoir cette identité puissant dans les années 70 mais en gardant un pied dans notre époque, dans le choix de certains éléments (notamment les montées en puissance). La basse est bien présente, amenant son côté gras qui apporte la teinte chaude à la musique, à laquelle s'ajoute celle du clavier (nous ancrant dans les deux époques sans que cela ne soit choquant mais bien naturel). L'aspect analogique permet de plonger plus fortement dans la chaleur de l'Ep et des plaines. Le mixe est à l'équilibre, avec un chant et la musique qui se complète sans que l'un n'empiète sur l'autre.

Wanka Tanka est une excellente découverte, de celles de ces groupes vers lesquels je n'aurais pas été de moi-même, passant du coup à côté de quelque chose de marquant, à la puissance polymorphe mais surtout qui développe une ambiance te une approche viscérale attractive. Soyez curieux, ça vaut le détour!

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