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Furor belli

Deos

Worm hole death

9 août 2022 à 15:12:45

Dématérialisé

2022

12 titres. Durée: 51'46''

Une petite vidéo:

Deos est un groupe de Haute-Savoie, nous venant de la riante Annecy. Le groupe existe depuis 2014 et nous livre donc son troisième album, dans une veine black death mais qui, avec ce groupe, va revêtir une autre appellation: roman extreme metal. Explication à la suite (vous allez voir, c'est assez simple).

Le groupe a un concept tournant de la Rome antique et des légions romaines (c'est assez simple, non?), que ce soit les textes, les visuels, les codes graphiques et autres. Ca, c'est la partie facile. Le reste l'est moins.
Le groupe propose donc une approche de base black death mais qui va s'appuyer, et en partie s'articuler, autour d'un aspect martial. Le groupe commence par nous plonger dans l'ambiance avec une intro qui va puiser en partie dans l'imaginaire collectif, évoquant ainsi l'idée que l'on peut avoir d'une musique accompagnant une légion qui se déplace (peut-être pour aller foutre sur la gueule de quelques barbares aux confins des territoires). Cette intro monte en puissance pour finir par un appel au cor, amenant le début des hostilités.

Et dès 'Decimatio', le ton est donné: il y a un coté martial, qui est omniprésent (offrant au moins deux pôles différents). Ce coté martial repose en partie sur des rythmiques pouvant avoir des tempos différents, ainsi que des sonorités et des riffs rappelant l'esprit de l'intro mais dévoilant en même temps un coté guerrier. Là aussi ça s'appuie sur une différenciation de tempos et de structures, ouvrant sur deux éléments distincts mais indissociables au sein de leur musique. Et ce n'est que le début du voyage.
Deos offre une musique complexe (car s'appuyant sur le coté martial, en même temps qu'un travail sur le concept et dans cet album, les aspects guerriers à ce qu'il me semble), tout en nous offrant une immersion assez intense, à travers les textes (en anglais et en italien). Les rythmiques ont une très grande importance dans cet album, servant de base à l'édifice, tournant autour d'un aspect militaire (dans les titres, quelques termes ne vous seront pas étrangers). Et rien ne laissé au hasard dans l'album.
Les rythmiques s'appuient souvent sur un mid-tempo, ouvrant ici et là quelques écarts proches, collant complètement à la marche de la légion. Il est impossible d'occulter cet aspect, omniprésent et garant d'une cohésion de bout en bout. Il y a à chaque recoin un élément guerrier et le groupe utilise ce point intelligemment. Car même si l'ensemble est plutôt mid-tempo, quelques fulgurances ici et là viennent ponctuer la marche, Et leur utilisation est plus dans une voie de combat ou pour marquer une hiérarchisation, lié au grade et donc envoie sur une notion de respect et de chaine de commandement, élément là encore typiquement militaire.
Le travail sur les rythmiques est conséquent. Car même si c'est du mid-tempo, avec un ensemble plutôt martial, les parties batteries peuvent être complexes, offrant de nombreux assauts différents. Il me semble aussi qu'ici et là, il y a des percussions moins conventionnelles, des éléments aux sonorités plus exotiques arrivant parfois. Et on ne peut pas parler rythmique si on n'évoque pas la basse, qui est complètement liée à cet ensemble. Elle aussi est omniprésente, avec un son audible, suivant parfaitement la batterie et créant cet ensemble cohérent, avec parfois des écarts de la basse qui apporte une autre dimension. Et il n'est pas possible de faire le point sur les codes des rythmiques, offrant parfois des rythmes plus binaires (et jouant alors dans une fulgurance) ou même des plans complets qui ne sont pas sans aller titiller cette imaginaire collectif de la musique militaire romaine.

Le groupe dévoile aussi un aspect plutôt mélodique dans certaines parties, venant adoucir alors le coté militaire ambiant, ouvrant une porte sur quelque chose de plus intime mais en gardant néanmoins ce lien militaire qui jalonne l'album. Le groupe amène des instants de répits (collant à l'idée que l'on peut se faire d'une légion dans un camp). Mais ces instants ne sont jamais bien longs car les mélodies peuvent aussi revêtir un coté plus martial, servant de catalyseur à l'ensemble, jouant avec des codes spécifiques (comme des répétitions ou des changements de gammes, des altérations de notes voir des dissonances, servant alors de marqueurs de changement d'ambiance). Le groupe amène parfois des moments plus aériens, fleurant un certain onirisme, toujours emplis d'un aspect martial. Voir même des instants où les riffs deviennent presque dansant.
Les riffs, même s'ils peuvent être mélodiques n'oublient pas aussi de dévoiler des moments plus brutaux, offrant des contrastes et brisant un peu le carquois dans lequel on se croit captif, alors qu'il n'en est rien. Et là, Deos fait un peu quelque chose d'inhabituel, aussi bien pour coller au concept que pour immerger l'auditoire. Car les emballements ne sont pas systématiques ni avec une régularité métronomique. Bien au contraire, le groupe va cette fois casser les codes, puisque ceux-ci sont lié à notre époque et que son concept, par la force des choses, s'en absout. Et quand on comprend ça, l'ensemble prend une tout autre dimension, nous faisant prendre un recul conséquent pour regarder l'ensemble de loin et réellement découvrir l'entité. Et on comprend vite que le groupe à un sens aigu de la mélodie, au service à la fois d'un certain onirisme que d'une approche plus brutale.
Le groupe crée ainsi des ambiances, bien souvent en s'appuyant sur le coté martial. Mais il sait aussi s'en absoudre et livrer quelques ambiances plus légères, créant une trame variée mais qui est toujours liée au concept engendré. Les ambiances ne sont pas nécessairement nettes. Souvent, on est dans quelque chose de diffus, dans la discrétion, semblant là aussi renvoyer en partie au concept de l'album. Il n'en demeure pas moins que c'est très efficace, quand en plus on y ajoute les deux instrumentaux apportant eux aussi leur lot d'immersion.
Aucun détail ne semble négligé. Deos maitrise son sujet, structurant un concept et ses codes à travers une musique puissante, pouvant être tour à tour martiale et plus intime, tout en gardant un coté immersif complet, s'appuyant sur de multiples détails, qui se dévoilent au fil des écoutes. Car oui, il faut vraiment plusieurs écoutes pour capter la foule de détails qui habillent l'ensemble. Il y a beaucoup d'idées exploitées intelligemment, de codes pouvant se modifier et cela donne des moments complètement fou, comme avec par exemple 'Virgo vestalis' qui renferme des passages inattendus.
Le chant est très immersif aussi, essentiellement guttural, portant une approche plutôt death. Des chœurs viennent en complément, apportant cette dimension martial. Mais le chant sait aussi évoluer vers d'autres sphères, amenant d'autres ambiances. L'originalité vient aussi de l'usage de l'anglais et de l'italien, qui apporte un coté plus immersif lorsque celui-ci est employé. Le groupe se permet aussi un ajout de chant féminin sur 'Virgo Vestalis', apportant là encore quelque chose en plus.
Le son est excellent. La basse est omniprésente et audible, servant clairement de vecteur avec la batterie à cette ambiance martiale, se réservant parfois quelques envolées fortement sympathique. La musique ne couvrent en aucun cas les chants ou les chœurs, ceux-ci sont très clairement audibles. Les arrangements et les différentes sonorités concourent à nous immerger encore plus dans le concept du groupe, travaillant sur un aspect plus musical le liant à celui-ci.
C'est une excellente découverte. Le concept du groupe à titiller ma curiosité et la découverte vaut clairement l'écoute, surtout que l'album, dense, renferme de multiples détails, demandant clairement plusieurs écoutes pour cerner complètement l'entité que le groupe nous livre sur son album. Allez découvrir ce groupe, qui puise un concept dans un pan de l'histoire inexploité.

© Margoth PDF

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