

MARGOTH 5
PDF5
From the shallows of a Consumed Earth
Apogee
Autoproduction
11 juillet 2022 à 08:56:56
Dématérialisé
2022
6 titres. Durée: 25'34''
Une petite vidéo:
Apogee est un duo formé entre 2020 de black'n'roll plutôt abrasif, qui a sortit un premier Ep en 2021. Et ça tombe bien, puisque la chronique concerne justement cet Ep. Quel heureux hasard!
D'emblée, le duo fait plutôt dans le direct. Il ne faut pas attendre bien longtemps pour la mise en place des éléments structurant la musique d'Apogee. L'aspect black, bien que très présent, à n'en point douter, n'apparait qu'après le coté rock'n'roll (expliquant le coté direct entre autres). Celui-ci ponctue pas mal l'Ep, offrant un coté brut bien vu et permettant au duo de poser les bases de leur musique, qui prend néanmoins un chemin un peu plus différent des autres groupes naviguant dans les mêmes eaux. Apogee offre une vision directe mais pas linéaire ou redondante. Il y a beaucoup de variations qui offre une musique dense, avec cette accroche très particulière du groupe (nombres de fois, vous taperez du pied), collant à cet esprit rock'n'roll qui imprègne l'Ep. Cela permet au duo de jouer avec les rythmiques et certaines structures, ainsi que les codes des deux styles. Car le rock'n'roll se mêle joyeusement au black et là, on a quelque chose qui n'est pas là pour faire de la figuration. Leur black est virulent, avec un coté un peu raw et surtout très agressif. Si le duo joue aussi avec les codes du styles, il a choisi de faire un peu différemment et offre des moments jouissifs (que ce soit de transitions à dominantes rock'n'roll vers quelque chose de plus viscéral dans le black, dans les riffs qui jouent parfois sur les deux tableaux (à l'efficacité prouvé par des études cliniques) ou encore un travail sur certaines structurations qui prennent l'essence des deux registres).
C'est très brut mais très accrocheurs, la variété des éléments donnant au duo le moyen de nous faire découvrir un univers sombre, assez malsain et qui, paradoxalement, dégage une énergie qui fait du bien.
La musique que déploie le duo offre des subtilités dans les riffs, offrant des caractéristiques qui appuient l'ambiance et l'univers qu'Apogee engendre. On a un travail offrant des altérations, des contre temps ou même des notes étouffées mais de façon très subtile, le groupe ne s'appuyant pas à l'essentiel sur ça. Il s'en sert plus comme catalyseur. On trouve aussi un travail sur les intonations musicales, le duo donnant plusieurs fois un aperçu de sa vision sur ce point. Le groupe propose aussi des instants presque irréelle, comme sur 'F.A.I.L." où on trouve un solo très accrocheurs et cette idée de clavier venant en renfort, amenant quelque chose de plus aérien, avec un choix porté sur des voix (je ne sais pas comment on dit, désolé, c'est ce que l'on peut faire avec un clavier...).
Si les riffs sont incisifs ou pouvant déployés ici et là des éléments plus mélodiques, créant une sorte de trame (qui varie d'un titre à l'autre, évitant l'écueil de l'ennui), ce qui domine est clairement le coté rythmique. Et là, c'est un festival dans le genre, usant des gimmicks des deux genres mais proposant aussi une relecture de ceux-ci, donnant une hybridation plus véloce. Il y a un travail marqué sur les rythmiques, qui ponctuent l'Ep, créant un univers cohérent mais surtout une immersion qui fait le lien entre ce coté sale et malsain et cette volonté de te foutre une des rouste les plus monumentales de ta vie. Aogee ne choisit pas uniquement de mettre tout à fond mais offre aussi des variations de tempos, pouvant jouer sur des moments plus lourds, s'opposant à des fulgurances faites pour bien te démonter. Il y a un schéma qui semble régir cet aspect, qui s'avère implacable d'efficacité. Et pour ça, le jeu de la batterie est foutrement intéressant.
Car les parties batterie offrent de nombreux visages, pouvant offrir aussi bien du blast, des rythmes plus binaires, puisant pour ça dans le coté rock'n'roll, que des moments où c'est diablement plus complexes, avec des structures à la fois complexes et rapides. On retrouve des codes liés aux deux styles mais aussi une refonte des deux, créant ces parties qui sont parfois très spécifiques.
Le chant est très caractéristique du duo. Agressif, sans le moindre doute, la voix a un coté éraillée qui participe clairement à l'immersion dans le monde d'Apogee. Il y a peu de variations de chant, choix cohérent à la musique mais aussi compensé par quelques chœurs apportant un coté foutrement malsain.
Le son est aussi cohérent avec la musique. Si quelques effets d'atmosphères par samples amènent leur petit effet, le duo pose un son assez cru, agressif, avec un coté un peu raw, à travers un son brut mais très bon, portant en avant la basse, qui apporte cette profondeur à leur musique (et aussi fait le lien entre l'univers du groupe et son code rythmique). Il y a un coté abrasif omniprésent qui crée cet univers et cette ambiance particulière, très accrocheuse. Le mix est à l'équilibre, chaque élément étant clairement audible, sans que l'un ou l'autre ne prenne le dessus sur le reste.
Apogee est une excellente découverte pour moi (merci Ron!), avec une approche un peu singulière mais diablement efficace et que je ne peux que vous conseiller!