top of page

From fiery tongue

Basalt shrine

Electric Talon records

20 octobre 2022 à 13:46:19

Dématérialisé

2022

5 titres

Une petite vidéo:

Basalt Shrine est un quatuor philippin qui sort son premier album cette année (en juillet, j'ai un peu de retard, mais c'est normal, vous allez comprendre). Bon déjà, le nom me posait un peu de problème, vu que j'ai des Philippines une vision musicale plutôt orienté grind / goregrind / brutal death vénère. Donc, la première fois que j'ai écouté Basalt Shrine, mes neurones ont grillés un peu. Je ne m'attendais pas à ça et j'ai pris un peu de temps à récouter l'album. Tellement que j'ai zappé jusqu'à récemment où le groupe apparait dans mon programme (oui, j'ai un programme de chronique, avec une hiérarchie). Et là, je devais réécouter l'album et après trois ou quatre réécoute, voici la chronique.
Basalt Shrine est un groupe de fous furieux dans le genre puisque les gars balance un sludge / post-metal fort déstabilisant (on ne s'y attend pas) mais bougrement intéressant. Par où commencer? Pfff, pas trop d'idée, donc on y va directement. Ce qui marque dès le début est le son et les sonorités, plutôt arquées dans les basses, avec un côté rugueux, un peu raw. Ca crée directement une ambiance très particulière, poisseuse, découlant directement du sludge mais qui intègre des éléments qui sont clairement du post-metal, ce qui engendre un mélange très particulier, contrasté et explosif (dans le genre et plus littéralement lors de quelques phases sous acides).
Le gros truc qui marque, au-delà des riffs pouvant être pachydermiques ou plus saccadés, est l'approche des structures qui reposent sur des rythmiques pouvant être bien lourdes, lancinantes et parfois avec un côté presque dansant. Mais aussi avec un aspect où le groupe va offrir une destructuration pure et simple de la musique, jouant sur les codes mais aussi de par, surement, une approche plus lié à un contexte culturel, qui induit quelque chose de différent et de moins palpable.
Les titres sont très différents dans leur approche, du fait de la nature même de la musique du groupe, qui place à son centre une ambiance particulière, allant même dans certains détails titiller des éléments comme la noise (à travers des larsens ou des notes étendues en durée). Et le groupe utilise pour se faire les durées des titres, pour créer des univers étendus à l'univers global de l'album. Ce qui implique des titres vraiment longs ( 4 de 8 minutes ou un peu plus, 1 qui atteint 11 minutes et un petit concis de 5 minutes). Du fait de l'approche du groupe, les ambiances qui se créent dégagent une atmosphère assez sombre, presque ésotériques parfois, adoptant alors une approche plus minimaliste, se limitant à des sons dissonants par un clavier étrange sur lequel vont se greffer ensuite les autres éléments plus conventionnels (dans le contexte musical du groupe bien entendu. Sinon, rien n'est vraiment conventionnel ici).
Le quatuor amène beaucoup de passages pesant (voir même tout le titre 'Thawed slag blood', vraiment dans cette approche pesante et plutôt ésotérique), qui installe cette mécanique un peu délétère qui grève leur musique, offrant une cohérence entre le style et l'univers du groupe. Mais où les fous furieux vont parfois, c'est dans quelques fulgurances (en adéquations avec le côté pesant dominant), amenant de façon malicieuse des breaks que l'on attend absolument pas, tout en pouvant offrir des rythmiques plutôt martiales ou tribales ('In the dirt's embrace' pose ce travail sur les rythmiques, qui amènent des ambiances différentes et pourtant liées entre elles). On part parfois dans des envolées qui sont plus proches d'un psychédélique entêtant, contrastant avec le reste et qui, pourtant, paraît complètement naturel, sans déranger un instant. Ce qui est la preuve de la maitrise de leur univers musical et qu'ils savent où ils veulent nous mener. Et ça peut nous mener à des lourdeurs très régulières, permettant de travailler ces cervicales en toute sérénité (si tu veux passer ensuite à quelque chose de nettement plus rapide). Et c'est dans ces moments là qu'il y a une sorte d'envolée, misant sur un aspect entre onirisme, épique et quelque chose de plus fantastique, voire fantasmatique, dans un sens littéraire.
Basalt Shrine engendre ainsi une musique avec des contrastes qui trouvent leur écho dans leur complémentarité et dans cette approche parfois très éthérée (qui se joint à l'aspect onirique), glissant alors des ambiances qui n'auraient pas fait tâche dans un groupe psychédélique et hypnotique des années 70, la lourdeur et la colère en moins. Les riffs sont souvent pesant mais prennent parfois un côté plus aérien, apportant là aussi un contraste, notamment quand les deux aspects sont simultanés, du fait du jeu des deux guitares. Et certains passages sont dantesques.
Oui, je parle de colère, les contrastes glissants cette impression, notamment dans les passages plus rapides (en restant relatifs) mais surtout liés aux chants. Du moins au chant spécifique (car il y a deux chants, dont un plus en distance), qui marque sévèrement l'attention. Ce chant est très atypique, agressif, appuyant la lourdeur et l'atmosphère poisseuse, à travers un chant saturé éructé, qui trouve immédiatement son écho et qui est complété par le second chant, clair mais allant dans des échos incantatoires, tissant ce lien avec l'aspect onirique. Les deux chants se complètent et s'opposent tour à tour, reflet de la musique.
Le son est très particulier avec ce coté gras, un peu grumeleux. Et pourtant le groupe glisse aussi des sonorités plus claires ou des lignes très différentes, avec des tonalités plus claires. Il y a un contraste que l'on retrouve dans le son mais qui est pourtant salutaire à la compréhension et au fonctionnement de la musique du groupe. Et qui fait là encore écho à ce mélange sludge / post-metal. Parfois à la limite de la démence mais avec une vraie réussite. La basse, bien présente forcément, offre différents visages avec des tonalités et des jeux différents, amenant là encore cette idée de contraste mais aussi d'un empilement de couche qui font que l'on ne se demande pas si tout ça ne serait pas une transcription d'un cauchemar. From fiery tongue serait alors une sorte de cauchemar halluciné, naviguant sur ces sphères à la lisière du rêve et de l'éveil, auquel on ne s'attend clairement pas et qui est d'une redoutable efficacité.
Cet album est à contrepied de beaucoup de choses, se jouant des codes mais est redoutable dans la façon de nous piéger dans l'univers et la musique du groupe, livrant une œuvre atypique mais qui marque indéniablement à la fois l'esprit mais aussi la scène sludge, de par son approche improbable. Soyez curieux, ça vaut vraiment le détour.

© Margoth PDF

  • Facebook Social Icon
bottom of page