

MARGOTH 5
PDF5
Fright without
Greber
Ancient Temple / Nofuneral, Hibernation Release, 7 Degrees / Fresh
Outbreak
7 septembre 2022 à 13:58:58
Dématérialisé
2022
10 titres. Durée: 29'13''
Une petite vidéo:
Greber est un duo canadien formé en 2008, ayant pas mal de sorties à son actif (splits et Lp) et qui sort le 9 septembre (bam, deuxième groupe en deux jours où je suis en avance!!), dans un style tout en finesse et délicatesse. Le groupe proposant un grind doom de toute beauté.
Et il se peut que, dans ta tête, tu essaies de faire le lien entre les deux styles. Mais que tu ne visualises pas vraiment ce que ça donne. Et c'est normal car c'est atypique, clairement.
Et le duo nous offre ainsi une musique sur une base très chaotique, puisant dans un grind torturé plutôt agressif dans laquelle une lourdeur est injectée, ainsi qu'un jeu avec les rythmes et les tempos. Cat très rapidement, au-delà du caractère chaotique qui saute aux oreilles, ce sont les rythmiques qui vont se manifester rapidement, le groupe jouant avec les possibilités des deux styles assez antagonistes. Et qui pourtant ici trouve un point de convergence.
Cela engendre cette approche destructurée (les structures n'étant pass toujours évidentes ou nettes, ce qui ajoute volontairement à une certaine confusion collant avec le coté chaotique) où les riffs lourds peuvent soudainement rencontrer une fulgurance sans concession, que ce soit via un break douloureux pour les cervicales (le coté doom donnant envie de se secouer la tête) ou par une transition sur quelques mesures, entre autres. Et cet aspect joue avec la musicalité, dont le duo se fout un peu, proposant des altérations, des contre-sens et autre disharmonies bien réfléchies. On a une musique instinctive qui est pourtant bien réfléchie.
Le chaos est l'élément dominant ici, ce qui pousse le duo à offrir des titres échappant aux règles conventionnelles. Cela lui permet de poser des titres qui définissent Greber comme une entité bien à part. Et le duo de jouer sur ça. Et cela se traduit dans les parties batteries, très complexes parfois, avec des changements de rythmes qui se succèdent, en plus d'avoir sans arrêt cette notion de chaos. Et les riffs suivent ce chemin tortueux, pouvant tour à tour être lourdeur poisseuse ou fulgurance épileptique. Mais où le duo fait fort, c'est lorsqu'il accole ces deux aspects en un même instant. Et à ce moment là, le duo déstabilise volontairement l'auditeur, offrant une cohérence dans le contenu et la continuité du chaos. Et si des titres peuvent être vraiment agressifs, il est alors fort logique que ces mêmes titres soit soudainement d'une lourdeur infinie, aux riffs pachydermiques et pourtant suintant ce côté grind à chaque instant.
C'est assez difficile de pouvoir expliquer cette approche, ADN d'une entité qui est faite pour s'écouter et se vivre. Le duo nous propose clairement une expérience sur le chaos, dans lequel du doom jaillit soudainement.
Leur doom prend aussi bien sa source dans une veine actuelle que dans des aspects qui parfois se exhalent une parfait des années 70 (très brièvement, forcément le chaos est toujours en embuscade...). Et cela donne parfois des passages plus oniriques, dévoilant un coté plus poétique ('Larkinitis') et qui, pourtant exhale toujours ce coté chaotique. Le duo offre une approche qui apporte beaucoup de détails dans leur musique, pourtant pas simple à jouer. Et le doom est ce qui permet d'apporter différentes dimensions et couleurs, jouant avec les codes spécifiques du style.
Au fil des écoutes, on vient aussi à découvrir qu'il y a quelque chose d'autres qui semble sous-jacent. On comprend alors que ce côté chaotique génère des relents hardcore ici et là, un hardcore chaotique là encore mais qui n'est pas une dominante. Plus une trace subtile, amplifiant le chaos et la déstructuration que le duo élève au rang d'art.
Le chant est très intéressant car puissant dans les deux styles et offrant ainsi une approche propre au duo. Le chant, agressif, et lui aussi avec une certaine lourdeur, se situe à la rencontre des deux chants, dont le doom est plus codifié. Et sur ce point de jonction, parfois un coté hardcore apparait ou bien un chant plus prosaïque et plus rarement, une subtilité regardant un instant vers le doom pur et dur (mais pas longtemps, faut pas déconner). Et dans le chant, il y a cette essence chaotique omniprésente.
Le son est à la fois gras, mettant en un aspect agressif et dissonant. La musique reposant sur une base basse et batterie, le groupe a poussé le concept du son à son maximum, pour créer une cohérence avec la musique et cette sphère chaotique. C'est certes gras mais étonnamment, malgré tout, c'est très riche en sonorités.
Greber est une putain de découverte, une vraie tuerie qu'il faut vraiment écouter car celle-ci se vit et s'écoute. L'entité ne prend sens que par cette voie. Foncez, c'est du très bon!