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Fourth reign over opacities and beyond

ACOD

Les acteurs de l'ombre

22 octobre 2022 à 08:24:45

CD

2022

10 titres. Durée: 51'28''

Une petite vidéo:

ACOD est un duo marseillais formé en 2006 qu'il me semble ne pas utile de présenter, le groupe étant une des références hexagonales. 4 albums, 2 Ep, nombreux concerts et tournées, le groupe est connu ne serait-ce que de nom et généralement avec une association à leur musique. Et cet album est leur petit dernier, sorti le 16 septembre dernier, second chapitre d'une trilogie commencée avec 'The divine triumph' en 2018.
Le duo opère dans un black death qui est ici mélodique mais qui n'en a pas moins un sacré mordant. Si j'ai entendu des titres d'ACOD, c'est la première fois que j'ai le plaisir de me poser sur un de leurs albums en entier.
L'album commence par une intro plaçant directement une atmosphère très particulière, bien typée black, amenant des éléments qui reviendront au sein des titres suivants et qui apporte un certain côté plutôt symphonique. Mais dès le démarre du second titre 'Genus vacuitatis', le propos est posé: ça envoie du bourrin savamment maitrisé, jouant avec un aspect mélodique qui apporte à la fois de la densité en même temps qu'un contraste qui appuie sur les parties plus brutales, tout en oscillant sur la part sombre qui s'exhale de la musique (on ne peut pas parler de gaité non plus). Et cela structure les titres et influence les différentes strates des titres.
Les titres obéissent à un modèle général qui offre beaucoup de variation du thème, créant des titres puissant, que ce soit musicalement ou en terme d'accroche et d'émotions. ACOD amène en effet beaucoup d'éléments au travers des titres, qui donnent des structures très différentes, donnant différents niveaux au sein des titres. Cela engendre des breaks, pouvant passer d'une phase très rapide à une nettement plus posée, où le groupe intègre différentes variantes. Que ce soit par le ralentissement du rythme, une approche plus mélodique ou l'aspect symphonique qui peut revenir, liant l'ensemble dans l'atmosphère générale de l'album.
Si les titres suivent ce modèle général, le duo ne se repose pas sur ces lauriers et offre des titres cultivant une différence entre eux tout en gardant la maitrise de la ligne directrice qui se dessine tout au long de l'album. Certains titres vont développer des passages particulièrement furieux, déployant dans la globalité une approche plutôt dantesque, au regard des éléments constituant l'album. Album qui amène deux parties distinctes.
'Sur d'anciens chemins...' ouvre ainsi une première partie qui va se focaliser sur quelque chose qui regarde vers une progression, à travers un cheminent qui sert de guide, avec une sorte de trame narrative décrivant ce rite de passage. La tonalité musicale est ainsi différente de la seconde partie. Sur ce premier segment, on va retrouver une approche plus résignée, avec des moments aux rythmiques marquant un coté martial ou proche. Il y a une volonté de donner une vision d'ensemble, avec parfois un recul qui implique d'auditeur (notamment par les passages en français, qui donne du recul sur un ensemble). Le côté mélodique donne quelque chose de plus rituel, nous immergeant dans ce qui semble une quête initiatique, mais avec un pendant sombre, une sorte de mise en abîme. C'est foutrement efficace et bien vu, ACOD ponctuant ce cheminement.
Le glissement à la seconde partie se fait par 'Infernet's path', qui est un instrumental se basant sur ce côté symphonique mais qui amène un changement de tonalité et un glissement avec les titres suivant vers quelque chose de plus sombre mais avec une modulation différente et une approche plus grandiose du black death, marquant là aussi l'évolution du cheminement vers une sorte de révélation, à travers une compréhension d'un autre niveau. La musique apporte ainsi une ambiance qui va dans ce sens, offrant un contraste intéressant entre les parties plus posées et mélodiques et celles plus furieuses. Car ACOD glisse une petite variante qui donne à ces moments plus posés une teinte à la fois plus sombre mais aussi de glisser vers quelque chose de plus épique. Les structures peuvent revêtir un côté plus complexes, notamment par l'imbrication des parties symphoniques et du black death qui prend une tournure à la fois plus sombre mais aussi vers un aspect plus éthéré, qui se retrouve dans certains passages jouant sur la finesse et un appuie émotionnel plus marqué. Sans compter quand le duo mêle les deux éléments au sein de quelques moments regroupant la furie et la hargne, livrant une ouverture sur quelque chose de plus vaste et marquant.
Le chant adopte un chant typé black, plutôt guttural, se focalisant sur l'anglais, appuyant le côté sombre et occulte. Mais Fred amène aussi une grosse variation avec un chant clair en français, qui amène à la fois un contraste et quelque chose entre narration et implication de l'auditeur. Et cela permet aussi de jouer la carte de la complémentarité et d'un brouillage de ligne quand il garde le chant en français mais en optant pour le chant black. Ca crée une atmosphère bien particulière, en lien avec la musique. Un chant féminin vient aussi parfois amené un côté éthéré subtile et qui fait son effet car très ponctuel et en aucun cas hasardeux.
Le son est juste parfait. Tout y est soigné, que ce soit les éléments symphoniques ou atmosphériques ou les instruments. Il y a des strates musicales qui se recoupent et le groupe maitrise cet aspect. Les instruments sont tous très audibles, incluant la basse et le jeu qui, lui aussi, a plusieurs niveaux, collant aux différents moments de l'album, sachant être aussi subtile que très percutante, selon les besoins.
L'artwork est aussi un élément essentiel chez ACOD et celui-ci n'échappe pas à la règle, amenant déjà une approche esthétique qui peint une partie de l'atmosphère de l'album, nous ancrant par le visuel dans la trame, des éléments de le l'œuvre se retrouvant dans l'album lui-même.
ACOD offre un album monumental, ni plus ni moins. Si vous suivez le groupe, vous aurez ainsi la suite de la trilogie amorcée en 2018 et si vous faites la découverte, vous allez vous prendre une claque magistrale, l'album étant énorme, à la fois mélodique et pourtant complètement extrême. Incontournable.

© Margoth PDF

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