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Fol naïs

Ni

Dur et doux

8 mai 2024 à 09:20:21

CD

2023

10 titres pour 48'02''

Une petite vidéo:

Ni est un quatuor de Bourg en Bresse (et donc pas du Nicaragua, Niger, Niué ou Nigéria) dont les origines remontent autour de 2009. fort de 4 albums avant celui-ci. Pour faire simple, le groupe fait une musique chelou, mêlant noise, math rock et mathcore, du jazz, des éléments progressifs... bref, c'est expérimental dans l'approche. Alors, accroche toi à l'élastique de ton caleçon / slip / culotte / couche / short / autre.

Le groupe nous plonge dans son univers délirant (oui, on ne peut le qualifier que de délirant, dans le bon sens du terme) avec une intro reposant sur une sonorité singulière et une note modulé de clavier continue où des éléments s'ajoutent progressivement (pendant une bonne minute) avant d'amener les jeux des structures, les patterns de batteries et le reste de l'armada. Oui, de l'armada parce que c'est massif d'un point de vue musical. Et très rapidement, ça devient un peu la foire à la saucisse mais de manière structurée, avec de la fluidité et un jeu de transitions qui saura rapidement te faire respecter le groupe. Et là, je viens clairement de clôturer la partie facile de la chronique. Parce que maintenant, ça va devenir plus compliqué.

L'univers du groupe fait que son approche musicale ne correspond pas aux clichés conventionnels. C'est complètement pété et taré, toujours dans le bon sens. Ne t'attends pas à t'ennuyer un seul instant, du fait de la richesse musical et surtout de la manière da=ont le groupe déconstruit et refaçonne la musique, proposant une base triple qui repose sur le hardcore (structurellement), la noise et le jazz. Chacun amenant sa pierre à l'édifice tout en étant explosé pour mieux refondre l'ensemble.

Cela amène des structures très singulières où les cassures, les breaks et les dissociations vont dominer. Cela fait un lien avec la tonalité et les effets musicaux dont je parlerai plus loin. Pour l'instant, on reste donc sur ces structures qui créent un squelette musical pour le moins étrange, jouant sur les éléments conventionnels que l'on connaît pour mieux dissoudre le tout dans ce qui est parfois un maëlstrom fait vient rabattre les cartes.
Il y a énormément de changements qui s'opèrent dans les structures, offrant à la musique autant de breaks que de possibilités, jouant aussi bien sur les tempos que sur la notion plus complexes de la natures des structures, s'appuyant sur des éléments très hardcore ou du brutal jazz (ce qui permet d'amener des patterns très étonnants et de jouer avec les codes du jazz et les éléments de batterie et les convections de la basse). Les structures ont aussi un apport en dissonances, qui renvoient aux mélodies, créant une trame dense et assez complexe. La base de la musique de Ni semble se baser sur des structures complètements alambiquées et claquées, jouant aussi avec la basse, forcément.
Car les structures s'appuient sur la rythmique (que les mélodies viennent habiller) que le couple basse / batterie nous offre (basse qui offre pas mal d'éléments jazz). Et ces rythmiques sont le reflets de la noise, sans le moindre doute possible, passé à la moulinette de la dissociation là aussi et du jeu de déstructuration / refonte. Cela offre un intérêt énorme en matière d'écoute car le groupe explore moult champs musicaux qu'il semble découvrir avec nous, laissant une part d'improvisation qui serait une simulation (on peut croire que le groupe à enregistré en impro), du fait, justement, de cette liberté dans les rythmiques et les structures. Et qui, pourtant, ne dois rien à l'improvisation, celle-ci collant difficilement avec la complexité que le groupe nous offre.

Les mélodies qui viennent habiller structures et rythmiques sont dans le même ordre d'idée. Mélodie est parfois même un mot qui n'a pas trop sa place si on s'en tient à l'approche conventionnelle. Parce qu'ici, on s'en éloigne souvent, non s'en me faire penser à une approche plus proche de la musique andine traditionnelle (pas celle pour les touristes), entre les dissonances, les altérations (qui sont aussi dans les structures), le jeu de destructuration / reconstruction - jouant la carte du jazz mais aussi de la noise. Et la noise n'est pas là que dans les détails étranges niveau sonore mais aussi en partie dans les structures mais aussi ce qui altère les mélodies ou les sonorités torturées (qui renvoient aux bases de la musique de Ni). Et cela offre le bonheur au groupe de partir en tous sens, n'importe où, n'importe comment (mais de manière cohérente). Et de pouvoir aussi apporter un élément curieux: les atmosphères.
Car même si c'est étrange, bizarre, semblant joyeusement décousu, il y a, dès le début, un point d'appui sur les atmosphère, qui créent une ambiance particulière sur l'album, non sans être, quelque part, plutôt chaleureuse dans son étrangeté.
C'est aussi surement lié au côté progressif, qui est diffus dans les titres. Mais qui rencontre le tout, de manière frontale, avec le titre 'Triboulet', en 3 parties et qui met tous les éléments en exergues, de manière modulée, avec une cohérence plutôt étonnantes. Et dégage des passages très étranges aériens, confinant à une forme de sublime.
Dans les mélodies, il y a aussi une étrangeté tenant au fait que le groupe est quelques part entre instrumentale et bruitiste (c'est un trait qui caractérise bien le groupe), le peu de voix étant des cris, dans les passages les plus torturés (oui, c'est là que la folie semble poindre sérieusement). Ca ajoute clairement quelque chose à la musique du groupe, à son âme, plaçant un plan plus humain dans l'ensemble, surtout quand celui-ci prend tout son sens au regard de la globalité.
Mais il y a aussi un aspect qui nous renvoie un peu au mythe du moyen-âge, à travers les sonorités, certains pans musicaux clairement identifiables ou même l'artwork, qui pose vraiment la question de la réflexion derrière tout ça.

Le son est excellent. C'est d'autant plus important que du fait des détails, des circonvolutions et autres caractéristiques de la musique du groupe, celui-ci ne peut pêcher par la faiblesse ou un côté brouillon. Il y a une importance à la basse mais aussi aux éléments plus typés noise, donnant parfois une mutation du son, sans non plus trahir le tout. C'est un son puissant, riche, qui laisse aussi la place à la clarté des détails qui ponctuent la musique que Ni crée. C'est aussi un son qui semble embrasser pleinement une forme de folie créatrice et un concept plus vaste, qui prend appui sur la globalité de la musique du groupe (depuis ces débuts sûrement) et qui doit bien prendre sens en live.

Ni est un groupe que tu dois écouter. Fan ou non du genre, tu auras clairement des moments qui vont te parler et te faire plonger dans un univers atypique étrange mais étonnamment attachant. La curiosité à découvrir!

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