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Failure downfall

Chadhel

Give Praise Records, Nihilocus Records and Helldog records, Terrain vague
et Chadhel

13 décembre 2022 à 14:43:37

Dématérialisé

2022

19 titres. Durée: 29'23''

Une petite vidéo:

Chadhel est un sympathique quatuor du Canada, plus précisément du Québec, œuvrant dans le grind qui nous propose, après 3 démos, 3 split, un Ep et un premier album son nouvel album. Et putain, que ça fait du bien!

Point de mystère: c'est assez expéditif dans les titres. Ici, pas de fioritures, ça va à l'essentiel: la bagarre! Car cet album est juste un immense défouloir / exutoire, qui ne fait pas dans la demi-mesure. Le groupe livre un grind brutal, sans temps mort, où l'intensité est toujours présente. Et celle-ci se ressent forcément dans les passages les plus intenses mais aussi à travers les quelques breaks qui ponctuent, ici et là les titres. Breaks qui mettent à rude épreuve les cervicales et le concept même du break, la violence s'offrant dans le contraste avec une once de sauvagerie. Tout en arrivant à injecter un côté groovy à leur grind, qui se ressent au travers de certaines rythmiques qui marquent une séparation avec le reste.

En effet, le groupe offre certes des rythmiques intenses et propre au genre mais pense à injecter ici et là des changements qui apportent une diversité (dans la manière de te foutre une mandale). Les rythmiques qui sont posées amènent ainsi parfois des surprises (très percutantes) qui donnent un peu d'innovation dans le genre (mais qui reste bourrin). Et l'une des ces innovations réside dans le chaos: comprenez que les kicks, très présents, vont avoir forcément une importance lié au genre, imposant un côté rapide et violent. Mais qu'il y a parfois des moments où la norme que pose le groupe part dans quelque chose de très chaotique, au niveau des kicks, imprimant directement une brutalité par quelque chose de désorganisé soudainement (alors que le reste suit son cours). C'est une idée redoutable d'efficacité.
Ce qui nous amène à comprendre qu'ici et là, il y a ce chaos qui s'exprime à travers des dissonances ou une distorsion du son, sur certains éléments précis, ici et là, ajoutant sa couche à la brutalité de l'ensemble. Cette approche est très intéressante, en plus d'offrir des possibilités de variations de thèmes, offrant un déferlement de violence dans un tsunami de subtilités improbables. Et cela va se retrouver dans certains passages comme avec 'Magnifying prism of erratic behavior' qui amène un côté plus fun et casse la routine (sans pour autant tomber dans quelque chose de basique).

Et plus l'album défile et redéfile (ben oui, on prend plaisir à laisser défiler ce scud!), plus on saisit que leur grind offre un côté primitif. Car si le groupe est ancré dans son époque, il y a quelque chose qui renvoie aux prémices du genre, que ce soit à travers les structures, le côté punk qui existe ou encore le son. Mais il y a surtout cette exécution spécifique, qui impose un aspect abrasif, rugueux et qui, paradoxalement, le rend attractif.
Les titres, même si dans des durées concises, offrent une grande variété de possibles, puisant à la fois dans ces racines, dans le punk mais aussi dans les éléments venant d'autres styles que le groupe injecte ici et là (que ce soit via le jeu de la batterie ou les riffs et même les sonorités). Mais de façon fulgurante, très brève, ajoutant à la violence et au chaos mentionnés une notion plus profonde, quelque chose qui s'éloigne des carcans du genre dans cette approche. Et cela engendre ce côté groovy, ici et là, cette volonté d'amener leur grind à son extrême limite, à créer un point de rupture que le groupe va titiller souvent sans le franchir (ce qui serait trop facile). Et pour ça, le groupe utilise la basse de manière parfois un peu détournée, rejoignant cette notion de chaos et de primitif.
Le groupe balance les titres sans laisser le temps de respirer, concentrant ses efforts sur l'efficacité et la violence, tout en y injectant cette réflexion qui habite leur musique. Car même si c'est bourrin, rapide et sans concession, cela n'a rien de quelque chose de bas du front, loin de là.
Et il y a quelque chose aussi de plus diffus, de plus vicieux. Dans le son, l'approche, le côté un peu raw (puisant dans le punk), il y a une notion de noirceur. Le groupe dégage une aura plus sombre que nombre de groupes et amène une ambiance un peu étrange mais qui est immédiatement assimilée car savoureuse, avec un côté jouissif!
Le chant est complètement fou, très spécifique au groupe. Et ce qui le rend particulier, c'est qu'il repose sur trois voix différentes, souvent à l'unisson dans le grind mais amenant des particularités puisant dans d'autres styles, ici et là. C'est habile et ça ramène aussi à cette notion de chaos. Je vous l'ai dit, c'est plus intellectuel que l'on y pense.
Le son est terrible! C'est très puissant, avec un côté abrasif, surtout au niveau de la batterie, principalement dans les kicks et les caisses claires (le groupe corrigera au besoin). Il y a cette notion de noirceur qui surnage, sans pour autant accaparé le tout. Cela donne un contraste avec les riffs, portant un son nettement plus metal et qui se recoupe sur l'usage de la basse, très présente mais avec deux pôles d'actions différenciées. La notion de chaos et de primitif s'y retrouve mais il y a aussi cet ancrage à notre époque, offrant une modernité primitive mais extrêmement viscérale. Car il y a quelque chose de cet acabit dans al musique de Chadhel.
Chadhel livre un album sans concession, ultra brutal certes mais avec une approche pourtant réfléchie et surtout, qui s'avère être un véritable brûlot du genre que tout fan éclairé de grind ou de brutalité se doit d'écouter et de posséder. Foncez sans réfléchir, c'est du très bon!

© Margoth PDF

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