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Extase / Egarées

Etna

Autoproduction

21 septembre 2021 à 14:55:15

Digifiles

2020

Extase: 5 titres pour 1h02'30'' ; Egarées: 3 titres pour 32'45''

Une petite vidéo:

Alors, voici un morceau particulier. Etna est un autre projet de Kaëlig (Tenebrisme (chronique: https://margothpdf.wixsite.com/margothpdf/coin-des-chroniques-1/Tenebrisme) et Marignan 1515 (entre autre je pense)), qui est à la fois très éloigné et pourtant proche de Tenebrisme (par certains aspects). Et ce projet repose sur divers albums, dans une veine que je n'ai jamais écouté ni abordé jusqu'à maintenant: l'ambient doom.
Pourquoi? Parce que c'est un style qui ne m'a jamais attiré (et dont j'ai peur de tomber sur des projets soporifiques). Et donc, ceci est ma première incursion dans le genre. A savoir que le projet Etna à déjà quelques morceaux à son actifs dont 5 albums purs et durs.
Donc ici, j'ai regroupés les deux albums, tout deux sortis en 2020, un au printemps (Extase, pochette avec la femme) et un à l'automne (Egarées, avec le mouton et les corbeaux), dont la vignette bricolée rassemble les deux et le logo du groupe (ne jugez pas, je ne suis pas graphiste). Voilà pour la partie intro et facile.

On va commencer donc par 'Extase' (la peinture est de Gabriel Von Max, en 1885). Extase est composé en lui-même de 3 titres et de 2 bonus ('Not saved', reprise d'Ulver et '25042020'). C'est un projet purement instrumental.
Extase est donc un triptyque musicale qui offre 3 parties dans une veine ambient doom qui s'ouvre sur 'Ex', morceau de 17'33''. Alors oui, c'est long, l'écoute en est rendu du coup complexe car il n'est pas simple de la découper simplement, loin de là. Le rythme ou les repères habituels, on les met de coté et on plonge directement dans quelque chose de très apaisant, qui dégage aussi une part de ténèbres (par l'utilisation de percussions notamment, associés à des sonorités ou des variations d'un thème), mais dégageant réellement quelque chose qui touche directement. On se retrouve face à une approche fort éloignée des standards du coup mais qui sait amener des surprises et offrir, malgré le registre, une grande variété.
'Tase' est un peu plus court mais continue dans la même trame(la trame, j'y reviens plus loin). Comme le précédent titre, celui-ci prend son temps, le temps qu'il faut pour brosser cet univers à part dans lequel se déploie l'album. On retrouve cette atmosphère particulière, à la fois posée et inquiétante mais avec des atours de sérénité. On a une sorte de paradoxe comme sur 'Ex'. La différence se trouve dans les percussions et le développement de l'aspect doom qui se trouve plus présent, avec l'appuie des basses (à la fois pour le coté doom et l'aspect plus anxiogène).
Le troisième titre est une variante de 'Tase', plus concise, qui va plus se focaliser sur un coté évoquant des claviers, avec des guitares discrètes, tout en subtilité et se concentre donc sur cette partie précise, offrant un autre regard, avec un autre point de vue.
Avec ça, il faut se mettre en tête qu'il y a un parallèle avec la musique sacrée (et qui explique le choix de la peinture en illustration). Même si on navigue dans de l'ambient, il y a une passerelle qui lorgne vers la musique classique (sûrement contemporaine). Mais il y a quelque chose de plus, une entité plus grande derrière, quand on recoupe les deux autres titres datant de la fin de l'enregistrement de d'Extase. Ce projet est assez mystérieux, très secret, à n'en point douter. Mais il recèle quelque chose qui doit déjà être plus dense et plus complexe si on se déploie sur ce qu'il y a eut avant celui-ci.
On navigue dans un aspect un peu mystique au travers des percussions, parfois assez proche d'une sorte d'ésotérisme, qui s'oppose au coté presque sacré qu'il y a parfois. Mais on ne peut pas dissocier 'Egarées', qui est la suite, d'Extase.

'Egarées', enregistré à l'automne 2020 enfonce le clou au rapport au sacré, entre le titre de l'album et le visuel (qui renvoie à du symbolisme, à l'image de Tenebrisme. L'œuvre qui illustre l'album est 'Angoisse'
d'August Friedrich Albrecht Schenck (1880). Celui-ci est plus concentré, avec deux parties distinctes, séparées par une reprise des Beach Boys ('Don't talk (put your head on my shoulder)') et toujours instrumental.

On quitte le coté plus réservé d'Extase pour quelque chose qui semble pour ouvert sur son univers tout en conservant le coté un peu inquiétant, sombre mais avec une approche pour légère. Les claviers s'avèrent plus présent, tissant la trame qui va recueillir les différentes volutes du morceau. Musicalement, on retrouve cette subtilité éthérée du rapport au sacré de la musique, en contraste de quelque chose de plus profane. Le contraste réside dans les claviers et les instruments plus habituels. Les percussions sont plus légères et c'est la basse, tout en finesse, qui apporte le coté temporel (car la basse ponctue vraiment celui-ci, dès la première partie) et prend un peu plus d'importance, accompagnant alors des percussions et des rythmiques plus présentes. Ca évoque un coté de solitude et d'égarement, faisant lien avec le titre. Et du coup, ça renforce l'aspect doom mais plus dans une vision ou un état d'esprit. Et ceci n'est que sur la première partie. La reprise des Beach Boys suit celle-ci.
Elle est clairement originale, C'est très posé, dans la lignée de l'univers d'Etna mais offrant un regard sur une partie de notre monde, à sa sauce.
La seconde partie a toujours ce rapport au clavier dès le début, avec ce même rythme posé et reposant. Mais une amorce d'évolution apparait avec des cuivres qui se pointent par instant, posant une ambiance jazzy très douce, appuyant le coté doom. Toujours en finesse, tout en subtilité. Cette partie pose aussi des variations qui sont plus essentielles que dans le reste, me renvoyant à l'idée que derrière tout ça, il y a un concept (on le saura dans l'interview qui viendra). Il y a aussi la guitare qui devient plus importante dans ce morceau, cassant les habitudes prises, mais toujours avec cette trame. Et déploie une évolution vers une autre direction, semblant ouvrir un nouveau chapitre qui sera la continuité, tout en offrant une nouveauté. Car avec la guitare, c'est un coté plus énergique qui apparait, dévoilant quelque chose de moins sombre et qui se meut en une entité protéiforme plus lumineuse, les égarées semblant trouver un chemin, mais toujours teinté d'une inquiétude.

Haaaaa, cette trame dont je parle depuis le début. Il est indéniable que l'ensemble est construit sur une ossature (la fameuse trame), sur laquelle se développe les circonvolutions nécessaires au déploiement de la musique et de l'univers de Kaëlig. Elle est à la fois une épine dorsale et un voilage, où la musique s'infiltre et qui sert à amener à travers des codes musicaux que l'on retrouve (du moins sur ces deux albums) des éléments qui servent de symboliques en même temps que de moyens d'amener un aspect temporel dans le développement de la musique. Ce n'est pas évident à décrire car par nature, la musique est abstraite et immatérielle. Et ici on a à la fois de l'éthéré et du concret, un ensemble de contrastes qui vont en se complémentant tout en laissant une large voie à une expérimentation dans laquelle la cohérence est résolument présente.

Etna n'est sûrement pas un projet facile d'accès et demandera un peu d'ouverture d'esprit. Mais passée la barrière mentale, on se retrouve plongé dans un univers très dense (ça ne le paraît pas comme ça), cohérent et surtout, naviguant entre un certain onirisme et du symbolisme, offrant une quête musicale intéressante.

© Margoth PDF

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